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19/09/2014

Écosse : le vote des étrangers et des vieux a fait échouer le référendum

L'Écosse reste britannique à plus de 55 % !

Le Point - le 19/09/2014.

http://www.lepoint.fr/monde/ecosse-le-non-legerement-en-tete-19-09-2014-1864577_24.php  

 

C'est officiel : les Écossais ont rejeté nettement l'indépendance.

Le non obtient 55,3 %. Un référendum qui a passionné les foules et laissera des traces.

 

Les résultats sont définitifs et sans appel : l'Écosse reste dans le Royaume-Uni et a rejeté l'indépendance. Le dépouillement total des 32 circonscriptions écossaises a donné vendredi matin la victoire du non à 55,3 % au référendum sur l'indépendance, avec plus de deux millions d'opposants, loin devant le camp du oui à 44,70 %, selon les chiffres officiels. Quant au taux de participation, il s'établit au niveau record de 84,6 %.

 

Le résultat constitue une immense déception pour le Premier ministre de la région semi-autonome Alex Salmond - qui avait paru effectuer une remontée spectaculaire en fin de campagne - et un énorme soulagement pour le chef du gouvernement central David Cameron, "hanté" par la perspective d'un éclatement du Royaume-Uni.

 

Alex Salmond, 59 ans, a concédé sa défaite peu après 6 heures (5 heures GMT) dans une déclaration publique à Édimbourg. "L'Écosse a décidé, à la majorité, de ne pas devenir un pays indépendant", a-t-il reconnu alors que certains de ses partisans étaient en pleurs. "J'accepte ce verdict des urnes et j'appelle tous les Écossais à faire de même et à accepter la décision du peuple", a-t-il ajouté. Le leader séparatiste peut cependant se targuer d'avoir conquis en cours de campagne une plus large autonomie pour le pays des Scots qu'il dirige depuis sept ans.

 

Une participation exceptionnelle

 

Peu avant, David Cameron avait accrédité la victoire du camp du non dans un tweet au responsable de la campagne du non, soutenue par les trois partis traditionnels britanniques (conservateur, libéral-démocrate et travailliste d'opposition) et par une majorité à la City. "J'ai parlé à Alistair Darling et je l'ai félicité pour une campagne bien menée", a-t-il dit. L'intéressé a salué en retour sur son compte "une nuit extraordinaire", depuis Glasgow, la deuxième ville du pays qui a voté oui.

 

Le scrutin, qui s'annonçait très serré, s'est traduit par une participation record de l'ordre de 85 %.

Le Premier ministre David Cameron a prévu de s'exprimer dès 7 heures heure locale, soit 9 heures à Paris, dans une adresse solennelle à la télévision. En fin de campagne, il avait reconnu que le scrutin signifiait "la mort du statu quo". Avec ses alliés gouvernementaux libéraux-démocrates et le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband, il a promis des prérogatives supplémentaires au parlement régional d'Holyrood, en matière fiscale notamment, au cas où les Écossais renonceraient à l'indépendance. Le cadeau fait déjà des envieux parmi les Anglais, Gallois et Nord-Irlandais majoritairement unionistes, mais qui sollicitent aussi des compétences élargies.

 

Une victoire du oui aurait mis le Premier ministre en extrême difficulté. Il devra cependant encore rendre des comptes à ceux qui, dans son camp, lui reprochent des concessions trop généreuses, et s'employer à favoriser la réconciliation en Écosse, après une campagne très clivante.

 

La City pour le non

 

Les chroniqueurs royaux attendaient quant à eux un commentaire de la reine dans l'après-midi depuis son château écossais de Balmoral, dans l'extrême nord-est de l'Écosse. La reine, inquiète selon son entourage, est restée muette pendant la campagne. La Constitution non écrite du Royaume-Uni l'oblige à la neutralité.

 

Seuls les 4,2 millions d'électeurs résidant en Écosse étaient habilités à voter (lire notre article sur les Écossais de Paris). Les 95,8 % de Britanniques restants, Anglais, Gallois et Nord-Irlandais, ont assisté en spectateurs au scrutin déterminant pour le sort du Royaume-Uni. Un sondage YouGov auprès de 1828 personnes ayant déposé leur bulletin dans l'urne a également donné le non vainqueur, à 54 % contre 46 % pour le oui. La Bourse de Londres avait anticipé dans l'après-midi de jeudi un rejet de l'indépendance. "Les investisseurs sont convaincus que les Écossais vont rester dans l'Union", avait ainsi commenté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com, tandis que la livre sterling atteignait son plus haut niveau en deux ans face à l'euro.

 

L'inquiétude européenne

 

L'Écosse a changé une dizaine de fois de statut en 1400 ans d'histoire mouvementée et la perspective d'un retour à l'indépendance, 307 ans après l'Acte d'Union qui a rattaché le pays des Scots à ses voisins du Sud, a suscité un immense intérêt. Il a encore fait rage jeudi sur les réseaux sociaux, alimentés par le tennisman écossais Andy Murray poussant au oui et par l'auteur d'Harry Potter, J. K Rowling, qui confiait : "Ma tête dit non et mon coeur le crie."

 

L'intérêt a été vif dans le monde. Le président américain Barack Obama a formulé jeudi soir sur Twitter des voeux pour le maintien d'un Royaume-Uni "fort, robuste, et uni". Le président français François Hollande a mis en garde contre les "égoïsmes", les "populismes" et les "séparatismes". L'apparition de drapeaux catalan, corse, basque, breton, sarde dans la campagne a nourri les craintes d'une contagion nationaliste chez les dirigeants européens à Bruxelles. "Si l'Europe a peur de ça, je n'aime pas l'Europe", a répondu le Catalan Josep María Terricabras lors d'une conférence de presse à Édimbourg, où 29 mouvements séparatistes européens ont signé une déclaration commune.

 

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Statue de Pasquale Paoli, Corti, Corsica. 

 

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Écosse :

Le vote des étrangers et des vieux

a fait échouer le référendum

 

Source Breiz Atao (cliquez ici)

 

La défaite, honorable, des indépendantistes écossais trouve son explication dans le vote des quelques 880 000 non-Ecossais qui représentent 17% de la population du pays. En acceptant de les laisser voter, les indépendantistes socialistes ont eux-mêmes créé les conditions de leur échec.

 

Un demi-million de Britanniques en Ecosse

C’est sans doute possible parce que le Parti National Ecossais (SNP), socialiste, n’a jamais remis en cause la consultation du demi-million d’Anglais vivant en Ecosse, un pays qui en compte 5,3 millions, que Londres a accepté la tenue du référendum. En disposant d’une solide minorité de blocage, le gouvernement britannique a pu aborder le référendum avec un atout décisif en main.

La presse britannique a abondamment détaillé les intentions de vote de ces résidents installés en Ecosse. Et le verdict est sans appel : 63% d’entre eux entendaient voter contre l’indépendance.

Or, il a manqué environ 300 000 voix aux indépendantistes pour l’emporter.

 

Les Polonais votent… pour garder leurs papiers

En plus des Britanniques, Londres savait pouvoir disposer du soutien des autres non-Ecossais afin de circonvenir le vote séparatiste. Un sondage réalisé au mois d’août auprès des immigrés polonais résidant dans le pays indiquait que ceux-ci allaient voter en fonction du devenir de leurs visas si l’Ecosse devenait indépendante. L’incertitude prévalait sur le statut européen de l’Ecosse suite aux déclarations anti-indépendantiste de Manuel Barroso.

En conséquence, la libre-circulation assurée aux ressortissants des états-membres de l’UE était en théorie remise en cause. Hors cette libre-circulation était le seul critère qui importait aux yeux des immigrés polonais et d’Europe de l’Est. Pour eux, le devenir du peuple écossais importait peu et ils n’ont pas hésité un instant à faire valoir leurs intérêts comme ceux de Londres sur ceux du peuple qui les accueille.

 

Les Pakistanais ont aussi eu leur mot à dire

Les pakistanais ont également eu leur mot à dire. Représentant plus de 150 000 personnes, cette immigration sait ce qu’elle doit au gouvernement anglais et perçoit l’indépendance écossaise comme une menace directe. Les deux tiers d’entre eux voulaient voter contre le “Oui” à l’indépendance.

 

Les Ecossais de la diaspora privés de vote

Tandis que Pakistanais, Anglais ou Polonais étaient appelés à voter par Alex Salmond et son parti, les Ecossais de la diaspora se voyaient priver du droit de voter. Une diaspora forte de millions de personnes à travers le monde. Le logiciel du “droit du sol” cher aux indépendantistes de gauche a logiquement joué à fond et produit les fruits qu’il est voué à produire.

Lorsque l’on retranche les votes des étrangers – Anglais, Européens de l’Est et extra-Européens – les Ecossais de souche ont bel et bien voté pour leur indépendance.

 

Les vieux coresponsables

Les vieux sont, avec les étrangers, les moteurs de la victoire du “Non”. 65% des plus de 50 ans en Ecosse s’opposaient à l’indépendance. Soucieux de leurs rentes, ils perçoivent l’indépendance comme une remise en cause de leurs intérêts. Sans surprise, ce sont ces mêmes générations qui soutiennent l’immigration afin de “payer les retraites”, la pyramide des âges résultant de leur faible taux de natalité ayant engendré une crise démographique.

 

Des enseignements à tirer

Il y a plusieurs enseignements à tirer de cette consultation. Tout d’abord, la défaite des indépendantistes, largement causée par leur orientation idéologique socialiste, n’est pas écrasante. L’Ecosse n’a retrouvé son parlement autonome qu’il y a 15 ans et les indépendantistes ne sont arrivés au pouvoir qu’il y a 7 ans. Parvenir – contre les médiats britanniques et la totalité des partis anglais et des responsables européens – à rassembler près de 46% des suffrages constitue une véritable performance en un temps historique aussi court.

 

Ensuite, il apparaît comme évident que l’indépendantisme de gauche, en soutenant une interprétation non-ethnique du nationalisme, a créé les conditions de son propre échec politique. En refusant, par conviction ou par peur, d’empêcher les étrangers de voter sur une question qui ne les concerne pas par définition, les indépendantistes du SNP ont donné à Londres les moyens de son succès.

 

S’ajoute à cela un clivage générationnel patent. L’égoïsme des plus des Baby Boomers est le fil conducteur de leur comportement politique : pro-immigrationnistes, court-termistes, uniquement soucieux de leur bien-être et de leur patrimoine, ils ont pris en otage le destin de la jeunesse écossaise. Sans surprise, leur parasitisme a convergé avec celui des Anglais et des immigrés extra-européens.

 

Cependant l’échec écossais est relatif. Il est plus un début de processus qu’une fin et l’éviction progressive des générations conservatrices permet d’entrevoir des évolutions décisives pour ce pays. En quelque sorte, c’est la fin d’une certaine forme d’indépendantisme socialiste et le début d’un autre. Les petites nations d’Europe n’auront d’autre choix que de se doter de formations politiques résolument nationalistes en lieu et place de cet “indépendantisme de gauche” dépassé.

 

Independence-tears.jpgImage : Leon Neal/AFP/Getty Images

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