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25/01/2015

24 janvier 2015, Un jour clé dans le conflit ukrainien ?

Un jour clé dans le conflit ukrainien ?

 

Par Alexander Mercouris, le 24 janvier 2015, Source vineyardsaker

 

Ce jour pourrait se révéler critique dans l’évolution du conflit ukrainien.

 

1. Le Conseil de sécurité russe s’est réuni aujourd’hui. Nous n’avons (évidemment) pas de compte rendu complet mais un site web de Poutine a fourni quelques détails.

De façon saisissante, Poutine a mentionné la junte comme Kiev officiel et non comme le gouvernement ukrainien ou le côté ukrainien [démarquant ainsi Kiev de l’Ukraine]. Il a aussi désigné les deux républiques ukrainiennes de l’Est comme la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lugansk.

C’est la première fois que Poutine déclare que la junte n’a pas d’autorité légitime dans le Donbass et que celle-ci est transférée aux deux républiques dissidentes depuis l’élection de Porochenko.

 

2. Poutine a aussi d’une manière significative mentionné des ordres criminels venant de Kiev officiel.

 

3. Poutine a aussi eu une conversation téléphonique avec Lukashenko [président du Belarus], qui est un partenaire clé dans le conflit ukrainien. Là encore nous n’avons que des informations fragmentaires sur ce qui a été discuté, mais Poutine aura certainement voulu s’assurer que Lukashenko restait à bord. Je m’attends à un appel téléphonique à Nazarbayev bientôt.

 

4. Nous savons maintenant par des commentaires émis par Shuvalov [vice-premier ministre russe de Medvedev] à Davos que Pékin est consulté en permanence. Le point clé de ce qui s’est dit à Davos, où Shuvalov à été absolument clair, est le suivant : la Russie ne se soumettra pas aux sanctions et Kostin [directeur de la banque VTB, deuxième banque russe], a donné un avertissement limpide contre n’importe quelle tentative d’exclure les banques russes du système de paiements SWIFT. Le Financial Times publie un bon résumé des commentaires faits par Shuvalov et Kostin (voir ci-dessous).

 

5. Le ministère de la Justice russe a, en attendant, formellement banni un certain nombre d’organisations ukrainiennes incluant le parti néonazi Secteur droit. Certains d’entre nous se sont étonnés qu’il ne l’ait pas fait plus tôt.

 

6. Zakharchenko, premier ministre de la République du Donetsk, a dit que le Mémorandum de Minsk ne s’appliquait plus. Ceci n’est pas le même document que le Protocole de Minsk, qui était l’accord de cessez-le-feu original accepté le 5 septembre 2014. C’est plutôt le document technique de suivi prétendant établir la ligne de cessez-le-feu et prévoyant le retrait des armes lourdes, qui a été accepté le 19 septembre 2014.

Ni le Protocole de Minsk ni le Mémorandum de Minsk n’ont jamais été mis en œuvre. En disant que le Mémorandum de Minsk ne s’applique plus, Zakharchenko a autorisé la NAF [Armée des forces de Novorussie]  à poursuivre ses opérations offensives, ce qu’elle fait actuellement.

 

7. Finalement, Zakharchenko a aussi répété que la décision des deux républiques de Donetsk et de Lugansk de se séparer de l’Ukraine est définitive.

Maintenant il se peut que toutes ces discussions, conversations et commentaires soient non coordonnés et n’aboutissent à rien. Peut-être n’y a-t-il eu aucun changement de la politique russe. Cependant cela ressemble vraiment à un durcissement de position et donne peut-être des indices que les Russes ont, au moins pour l’instant, abandonné tout espoir dans l’approche diplomatique.

Ils suggèrent aussi de fermer les écoutilles, dans le cas où un autre tour de sanctions serait en préparation.

 

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Du Financial Times :

 

Un des principaux banquiers de Russie a averti vendredi qu’une exclusion du pays du système de paiement bancaire SWIFT équivaudrait à une déclaration de guerre.

La suggestion que la Russie puisse être exclue du système SWIFT, lancée par des politiciens occidentaux l’été dernier, à déclenché une alarme qui s’est répandue dans la communauté financière de Moscou.

Les banques russes s’appuient lourdement sur ce système basé en Belgique pour leurs paiements tant domestiques qu’internationaux. Cependant, on a, à l’époque, considéré cette proposition comme étant une sanction trop punitive, décrite comme l’option nucléaire.

 

En parlant dans un séminaire à Davos vendredi, Andrei Kostin, le directeur général de VTB, la deuxième banque russe, a dit : « S‘il n’y a pas SWIFT, il n’y a pas d’opérations de banque… ni de relations, cela signifie que les pays sont au bord d’une guerre, chaude ou froide. » (...) « Le jour suivant, les ambassadeurs russes et américains devraient quitter les capitales, » a-t-il ajouté.

Les commentaires de M. Kostin font apparaître à quel point le régime de sanctions de l’Ouest suscite un sentiment de colère et de défi au sein de l’élite politique et économique russe.

Je ne pense pas que la situation changera, même si vous « pressez encore plus la Russie, » a-t-il dit, indiquant que le pays avait décidé de réduire sa dépendance aux systèmes de paiement occidentaux comme SWIFT. « Nous avons déjà créé une alternative domestique au système SWIFT … et nous devons créer des alternatives au niveau international. »

Il a attiré l’attention sur les efforts en cours de la Russie et de la Chine pour créer une plate-forme d’échange financiers indépendante, à l’abri du contrôle occidental.

 

Igor Shuvalov, le vice-premier ministre de Russie, a répercuté ce thème. « Nous développons notre vecteur oriental« , a déclaré M. Shuvalov, indiquant que bien que les efforts pour construire des liens avec la Chine aient été en cours avant la crise, ils s’étaient radicalement intensifiés depuis le début des sanctions, étant donné que la Russie à cherché des alternatives à l’Ouest.

M. Shuvalov a dit que les pays appelées les Brics (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) étaient aussi prêts à s’entraider en cas de crise financière. « Des grands investisseurs chinois arrivent chez nous« , a-t-il affirmé.

Le pivot vers l’Asie est devenu une partie clé de la politique étrangère de Vladimir Poutine depuis la panne dans ses relations avec l’ouest sur l’Ukraine. Bien que plusieurs accords vedettes aient été signés, comme le contrat de 400 milliards de dollars pour fournir du  gaz russe en Chine pendant trente ans en mai dernier, peu de décideurs ou hommes d’affaires russes croient que la Chine puisse sauver l’économie russe d’une récession douloureuse.

 

« La situation présente donne l’impression d’être plus douce que [la crise financière de 2008-2009], mais nous entrons dans une longue situation de crise , » a dit M. Shuvalov. Il a toutefois ajouté que la pression étrangère ne parviendrait pas à modifier la direction politique du pays.

« Nous survivrons à n’importe quelle privation dans le pays – nous mangerons moins de nourriture, et utiliseront moins d’électricité, » a-t-il dit.

Selon Alexei Kudrin, un ancien ministre des Finances respecté, la Russie pourrait voir des sorties de capitaux de 90 milliard de dollars cette année après un record de 151 milliard de dollars en 2014. « Nous devrions clairement comprendre le prix que nous payons pour les sanctions », a-t-il affirmé.

 

Traduit par Jefke relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

http://lesakerfrancophone.net/un-jour-cle-dans-le-conflit-ukrainien/

 

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Igor Shuvalov

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