17/04/2015
Le jeu du chat et de la souris dans le Donbass, et après ?
Le jeu du chat et de la souris...
L’Occident a décidé la fin de la partie contre la Russie, comment celle-ci va-t-elle répondre ?
Après réflexion, ce qui me frappe le plus, suite à ma visite à Donetsk, la semaine dernière, c’est l’absence totale de la Russie, à tous égards. Évidemment, il n’y a aucun signe de matériel militaire russe ni de personnel ; mais pas seulement, la Russie ne participe pas à la construction de l’État de Donetsk, en aucune façon. La Russie n’a même pas bougé pour alléger le blocus économique imposé par les Ukrainiens, ce qu’elle pourrait faire en reconnaissant les documents douaniers émis par les autorités de Donetsk. La seule présence russe est l’aide humanitaire qui est périodiquement apportée par des convois de camions blancs.
On a l’impression que la Russie est pleinement engagée à faire tout de son propre côté pour assurer la mise en œuvre des accords de Minsk, à tout prix, en usant de son influence sur la milice populaire pour les faire respecter aussi.
Une fois de plus, la Russie a choisi l’approche légaliste en adhérant aux accords. Beaucoup sont déconcertés par cette approche, sachant que l’autre partie, c’est à dire l’Occident et son gouvernement fantoche à Kiev, s’en foutent. Certes, la Russie doit savoir qu’elle ne peut pas impressionner l’Occident de quelque façon que ce soit avec un tel respect des accords. Quoi qu’elle fasse, elle sera continuellement accusée de violation des accords et d’incursions en Ukraine.
Il me semble que la Russie est motivée par d’autres préoccupations que la réaction occidentale prévisible. Principalement, la Russie semble être intéressée à voir réellement appliqués les accords de Minsk, et d’autre part à faire juger son cas devant la communauté mondiale, plutôt que seulement devant l’Occident. Les vrais amis de la Russie, la Chine, les autres pays du BRICS, les nombreux pays d’Asie, d’Amérique du Sud et l’Afrique doivent être convaincus que la Russie veut la paix.
Il convient de noter, cependant, que les accords de Minsk n’imposent aucune obligation à la Russie; pour elle il s’agit juste de s’abstenir de mesures qui pourraient être considérées comme favorables au séparatisme. La clé de la mise en œuvre du plan de paix est à Kiev. Cessation des hostilités militaires, retrait des armes lourdes, imposés à la fois à Kiev et aux gouvernements rebelles. Les troupes de Donetsk et de Lougansk ont mis en œuvre ces conditions pour leur part, mais les militaires de Kiev continuent d’attaquer les lignes de front et de bombarder copieusement Donetsk. J’ai vécu cela de première main en visitant le quartier près de l’aéroport avec un groupe de journalistes jeudi dernier. Il y avait un grondement constant de tirs d’artillerie en arrière-plan.
Outre le retrait militaire, toutes les obligations sont carrément et uniquement sur Kiev, qui doit faire des réformes constitutionnelles pour accorder l’autonomie à certaines régions de Donetsk et Lougansk et faire voter d’autres actes juridiques tels que décrits dans le protocole de Minsk. Jusqu’à présent, Kiev est en violation flagrante de ces obligations et il ne semble pas y avoir de volonté de les respecter. La date limite pour faire passer les réformes constitutionnelles selon les procédures constitutionnelles ukrainiennes est sur le point d’être atteinte.
C’est un jeu d’attente. La Russie et les autorités du Donbass doivent mettre en avant toutes les échéances des accords de Minsk. Laquelle des parties intéressées veut-elle voir les accords de cessez-le-feu échouer? Si le cessez le feu échoue, comme c’est probable, les républiques de Donetsk et de Lougansk prendront les mesures finales pour créer leur État et la Russie sera légalement libre de les soutenir.
En attendant, les nuages sombres de la guerre s’amoncellent en Europe. Le système de sécurité s’est considérablement détérioré, en particulier dans l’évolution de chaque côté de la mer Baltique. Cela pourrait pousser la Russie à reconsidérer son rôle dans le Donbass. Les gouvernements de Pologne, de Lituanie et d’Estonie réclament plus de troupes de l’Otan sur leurs territoires sous le couvert de la peur frénétique d’une invasion russe imminente. Sur l’autre rive de la Baltique, les médias finlandais ont attisé l’hystérie guerrière, fournissant un prétexte au gouvernement dans ses efforts pour inviter les troupes de l’Otan en Finlande. Dans le plus grand secret et en violation de la constitution qui en fait un pays neutre, la Finlande a signé avec l’Otan, en septembre 2014, un prétendu accord de soutien, qui dans la pratique allie la Finlande à l’Otan.
Dans le même temps la Suède a également abandonné sa neutralité officielle avec la signature d’un accord similaire avec l’Otan. L’accord énonce directement que son but est de mettre en place les procédures pour l’établissement de bases en Finlande afin de soutenir un renforcement militaire de l’Otan. Durant l’année, la classe politique finlandaise, du président Niinistö au Premier ministre et ministre de la Défense Stubb Haglund, a progressivement monté le ton de sa rhétorique agressive et de ses déclarations provocatrices contre la Russie. Il y a quelques jours, Haglund a signé un article commun avec quatre autres ministres de la Défense des pays nordiques (scandinaves), dans un quotidien suédois, préconisant la nécessité pour les pays nordiques d’intensifier les efforts de défense communs contre l’agression russe.
Seulement, l’opinion publique, qui est farouchement opposée à l’adhésion de l’Otan, a jusqu’à présent empêché l’élite finlandaise de demander une adhésion directe; mais sans aucun doute, c’est seulement une question de temps avant que l’excuse nécessaire soit inventée pour passer outre à l’opposition du public après les élections parlementaire du 19 avril. Et en effet, le but de ces provocations constantes de la direction politique finlandaise et de la presse est précisément d’enflammer la situation de manière à produire le casus belli pour justifier l’adhésion à l’Otan.
Il semble qu’un retour en arrière soit impossible. En conséquence, avec 1 340 km de frontière, la Finlande a maintenant la plus longue frontière directe entre la Russie et l’Otan, ce qui pose à nouveau une menace militaire directe sur Saint-Pétersbourg et la route vers Moscou.
Il est clair que l’Occident a commencé une finale contre la Russie, et celle-ci doit répondre. Comme plus de troupes seront nécessaires dans le Nord, je ne vois pas comment la Russie pourrait laisser tomber le Donbass.
Le 13 avril 2015 – Source : Russia Insider
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone.
http://lesakerfrancophone.net/le-jeu-du-chat-et-de-la-souris-dans-le-donbass-et-apres/
Vue d’ensemble des bases de l’OTAN.
19:08 Publié dans Blog, Histoire européenne, Politique / économie, Ukraine / Novorossiya | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, ukraine, novorossia, donbass, usa, otan, finlande, géopolitique
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