22/03/2015
Ukraine : un pays qui se meurt...
Ukraine :
Un pays sous tension,
un pays quasi anéanti,
un pays qui se meurt.
L’Ukraine «pro-européenne» ne vit plus que grâce aux diverses perfusions que lui administrent les pays membres de l’OTAN, dans un seul et unique but : poursuivre la guerre dans le Donbass le plus longtemps possible. Quelques millions de dollars, chichement accordés, alors qu’il en faudrait des milliards, quelques dizaines de blindés et de véhicules de combat, un peu de matériel sophistiqué, quelques milliers de « contractors » et de « conseillers » militaires, ne suffiront pas à venir à bout du peuple du Donbass et d’une opposition qui se structure et s’organise partout dans le pays. Car l’Ukraine est à bout : anéantie dans son unité, dans son identité, dans ses structures sociales et économiques, au sein de ses relais de solidarité, dans sa foi en l’avenir. Dans le Donbass, les affrontements, de moindre intensité, se poursuivent sur l’ensemble de la ligne de front, chacun s’apprête à ce que le printemps soit chaud, très chaud.
Pendant la journée, la situation dans la République de Donetsk et dans celle de Lugansk est restée tendue. Selon le renseignement des FAN, les forces ukrainiennes continuent de réorganiser leurs unités (renforts, rotations…), d’améliorer leurs positions défensives le long de la ligne de contact et d’accumuler leurs stocks de munitions, sans pour autant retirer l’essentiel de leurs batteries d’artillerie lourde.
A Konstantinovka, on continue d’arrêter les suspects et de retenir arbitrairement dans les geôles du régime à Kharkov ceux qui eurent l’audace de dénoncer le drame qui a coûté, la semaine dernière, la vie à une petite fille de 7 ans et à sa tante. L’attitude des forces d’occupation kiéviennes, dans la partie du Donbass encore sous le contrôle de la junte, ne change pas. Vendredi, vers 20h00, dans Kramatorsk, une voiture conduite par un officier de police a heurté un garçon de 11 ans, qui a eu une fracture ouverte de la jambe.
Durant sa campagne électorale, Porochenko promettait le pire aux enfants du Donbass.
Seuls des ordures ou des malades mentaux peuvent soutenir le régime de Kiev.
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L’armée américaine en Europe déploie en ce moment près de 300 GI’s en Ukraine pour former les paramilitaires (dont de nombreux extrémistes néobandéristes et néonazis) de la garde nationale. Ces soldats américains appartiennent à la 173rd Airborne Brigade Combat Team, basée à Vicenza en Italie. Ils avaient déjà participé à l’exercice Rapid Trident de l’OTAN en septembre dernier près de Lviv. Ils rejoignent progressivement le centre de formation à Yavoriv, près de la frontière occidentale de l’Ukraine avec la Pologne. La mission de formation commencera fin avril et se poursuivra jusqu’en automne. Il n’est pas précisé si ces soldats US accompagneront sur le front du Donbass les paramilitaires une fois formés afin de les encadrer sur le champ de bataille. Mais c’est probable.
La Turquie islamiste et atlantiste d’Erdogan vient d’offrir 10 millions de dollars d’aide « humanitaire » (sic) à l’Ukraine, en plus d’un prêt de 50 millions de dollars pour couvrir le déficit budgétaire. On se souvient qu’Ankara s’était démené début 2014 pour acheminer par air des islamistes tatars engagés alors sur le front de Syrie contre le régime de Bachar al-Assad, afin de faire le coup de poing contre les unités spéciales de la police lors des émeutes insurrectionnelles qui allaient permettre le coup d’Etat antidémocratique du Maïdan. Ankara reste donc plus que jamais aux côtés de Kiev, comme il est du côté des jihadistes de Libye, de Tunisie et bien entendu de Daech et du Front al-Nosra. Dis-moi qui te soutient, je te dirais qui tu es !
La ligne de front de Lugansk à Donetsk sous tension
Gros accrochage, le 19 mars, sur le secteur de Stanitsa Luganskaya, quand autour de 19h00 un groupe de combat ukrainien a mené une action de diversion sur un pont traversant la rivière Donets avant de le faire sauter avec un véhicule rempli d’explosifs. La zone située au nord et au nord-ouest de Lugansk reste particulièrement sous tension malgré le cessez-le feu.
Une situation comparable perdure sur Gorlovka et Donetsk, où les accrochages avec les forces de Kiev se multiplient. Dans la nuit du 21 mars, près du village d’Opytnoe (face à l’aéroport), plusieurs affrontements d’une intensité variable ont eu lieu, alors que sur l’ouest de Peski, des échanges de tirs de mortiers de 82 et de 120 ont été signalés. Au nord de Donetsk, les positions de la milice au niveau du pont Putilovsky ont été prises à partie par une batterie de mortiers de 120 positionnée sur Avdeevka.
Il y a eu une nouvelle tentative d’attentat contre un des chefs des forces combattantes de Nouvelle Russie. Le 19 mars, alors qu’il se déplaçait pour inspecter des positions tenues par son unité, le lieutenant-colonel Mikhaïl Tolstykh alias « Givi » (photo), commandant du bataillon « Somali », a été victime d’une tentative d’assassinat en pleine journée dans le secteur de Makeevka (nord-est de Donetsk). Après l’attentat manqué contre le colonel Alekseï Mozgovoï, chef de la brigade « Prizrak », il est évident que l’ordre de décapiter les unités les plus efficaces sur le champ de bataille semble avoir été ordonné au plus haut niveau décisionnaire de la junte (source : Erwan Castel, qui est sur place).
Alors que Petro Porochenko vient de lancer la construction d’une seconde ligne de « défense » dans le Donbass, le secteur de Mariupol se renforce en fortifications de toutes sortes : il y aurait déjà trois lignes de défenses renforcées sur la partie est et nord-est de la cité portuaire, protégées par des champs de mines. Aussi, le commandement ukrainien a décidé de construire une série de points de résistance à l’intérieur même de l’agglomération et sur le front de mer. Chaque jour depuis deux semaines des tranchées sont creusées sur la côte et rien n’est épargné, pas même les installations de jeux pour les enfants…
Il serait sans doute utile de rappeler au commandement ukrainien que les lignes de défense fixes n’ont jamais arrêté seules la moindre offensive bien préparée.
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Le secteur de Shirokino continue de faire parler de lui. Hier soir vers 21h30 et jusqu’à 22h30 (heure de Moscou), un accrochage relativement important a eu lieu dans cette zone entre des éléments d’ « Azov » et un détachement de la milice, avec emploi de part et d’autre de mortiers de 82 et de 120 mm. L’ensemble de la ligne de front reste sous tension vers Mariupol. Ce matin, plusieurs accrochages d’une intensité variable ont eu lieu, dont un vers 11h00 avec tirs de missiles antichars guidés ont été tirés près de Staromarevki, juste au sud de Granitnoe (nord-est de Mariupol). Les batteries lourdes kiéviennes changent constamment de positions après leurs tirs, pour ne pas attirer l’attention des observateurs de l’OSCE.
Un pays sous tension
La région de Kharkov est désormais en zone opérationnelle « antiterroriste » pour le régime de Kiev. La région d’Odessa et sans doute aussi celle de Kherson devraient suivre dans les mois qui viennent. Le développement des actions des partisans est la raison essentielle de cette mise sous tutelle répressive de l’oblast de Kharkov. Quelque 300 points de contrôle devraient être mis en place dans la région, en se concentrant sur et autour de la capitale régionale.
Ce qui n’empêche pas les actions des partisans de se poursuivre. Ainsi, vers 04h00 le 20 mars plusieurs utilitaires Ford de l’entreprise ukrainienne « à but spécial » Skhidniy Korpus ont été incendiés ou partiellement endommagés.
A Odessa, bientôt un an après le massacre de la maison des syndicats par les néobandéristes, la population exprime de façon de plus en plus nette son rejet du régime putschiste : des résidents sont descendus dans les rues pour protester contre la répression politique, les restrictions alimentaires, les interdictions de toutes sortes et la brutalité avec laquelle le régime « pro-européen » s’est imposé contre la volonté du peuple. Plusieurs rues ont été bloquées dans le centre-ville et un incident a même eu lieu quand un véhicule civil, arborant des symboles de Praviy Sektor, a tenté de forcer le passage. Le conducteur a été extrait sans ménagement de sa voiture, qui a été retournée.
Dans les heures qui ont suivi, le SBU a lancé une « opération spéciale » visant à « nettoyer la ville ». Plus de 60 civils ont été raflés, l’opération devrait s’étendre à l’ensemble de la ville de plus d’1,2 million d’habitants.
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La tension qui règne sur les arrières du front du Donbass s’agrègent à l’agitation qui parcourt l’ensemble du pays depuis des semaines. Ainsi, le 13 mars, environ 3.000 personnes ont protesté dans le centre de Kiev contre l’augmentation des tarifs des transports publics et la flambée des prix du pain (+ 30%) en arborant des mouchoirs blancs qui sont censés symboliser le drapeau blanc que le maire de Kiev, Vitaly Klitchko, doit lever en signe de démission. Les manifestations exigeant le départ de Klitchko se sont multipliées à Kiev ces dernières semaines (source).
Un raid mené par un groupe d’hommes armés en tenue de combat contre une compagnie pétrolière appartenant à l’État dans la capitale ukrainienne a provoqué un tollé au Parlement vendredi. L’oligarque Ihor Kolomoisky, (photo ci-dessus) financier de Praviy Sektor et de nombre de « bataillons » de paramilitaires extrémistes et néonazis s’est vu reprocher, en pleine séance de la Rada, de faire des OPA agressives contre des entreprises qu’il convoite en utilisant les bandes armées qu’il finance largement comme moyen de pression. Un scandale qui s’en ajoute à d’autres impliquant toute la mouvance de Secteur droit et des groupes activistes néobandéristes et néonazis du Maïdan que l’on a armé et encouragé depuis plus d’un an. Corruption, maraudes, vols organisés, enlèvements contre rançons, trafics d’armes et de stupéfiants, viols, assassinats, il n’y a pas une semaine sans que l’on évoque dans l’Ukraine béhachélisée les méfaits de ces «bataillons » aux motivations plus que douteuses. Des centaines de cas, essentiellement depuis le début du conflit au printemps, ont été ainsi recensés. Ces groupes armés, se revendiquant de Praviy Sektor ou de tout autre groupe activiste extrémistes, sont désormais plus puissants que les forces de police réunies. Ils disposent de soutiens et de relais au cœur du pouvoir (ministère de l’Intérieur, de la Défense, Conseil national de sécurité et de défense…), au cœur de la Rada (comme le vice-président, Andriy Parubiy, ancien responsable néonazi) et à l’ambassade des Etats-Unis à Kiev.
Jacques Frère, pour NationsPresse.info, le 21 mars 2015.
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Recon by fire mission in Shirokino.
14/03/15, combat footage by "Khrustalik".
[Traduction & eng subs, by Kazzura]
15:41 Publié dans Blog, Histoire européenne, Monde en perdition, Ukraine / Novorossiya | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, novorossia, donbass, novorossiya, shirokino, konstantinovka, odessa, givi
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