23/09/2014
Automne
Équinoxe d'Automne / Alban Elfed - Mabon
Il s'agit d'une fête solaire. Le jour et la nuit sont en balance. Le froid commence à venir, le temps des chaleurs est terminé. C'est le moment de la fête de la seconde moisson et des vendanges. Les foins sont rentrés.
C'est aussi le début de repli sur elle-même de la nature. Les feuilles roussissent et s'apprêtent à tomber. Cependant, les graines aussi se préparent à tomber et donner naissance à de nouvelles générations au retour des beaux jours. Ainsi, selon les localisations, c'était aussi le temps des semailles d'hiver.
Cornucopia est la "corne d'abondance", Alban Elfed est la "lumière de l'eau".
Jusqu'encore très récemment, les fêtes des vendanges étaient la continuation des fêtes païennes de l'équinoxe. On gardait une petite partie du raisin pour le faire fouler au pied par les jeunes filles à marier, jupes remontées, plutôt que de le presser. Il s'agissait d'une fête majeure pour les régions vinicoles, car de la récolte allait se jouer la prospérité de l'année suivante.
Dans la Rome antique, c'était l'occasion de fêter le dieu Liber de la fertilité humaine et Ceres (lire/prononcer Cérès), la déesse des moissons. Les paysans se rendaient à Rome en apportant des raisins de la vendange, pour de grandes fêtes exubérantes mêlant chants, danses et spectacles grotesques. De nombreux débordements pouvaient avoir lieu du fait de la grande consommation de vin (de l'année précédente, le nouveau n'étant que du jus de raisin). Avec le temps, Liber fut assimilé à Dionysos qui devint Bacchus, dieu de l'ivresse mystique, de la vigne et du vin.
En cette occasion, de nombreux jeunes hommes citoyens passaient leur passage d'âge, d'enfant à homme, sous ces auspices de fertilité favorables. Ils coupaient ainsi pour la première fois leur duvet d'adolescent.
Mabon est un dieu gallois, celui de la fertilité masculine. Mabon ap Modron signifie "le Grand Fils de la Grande Mère" (légende orale celte). Il est le Jeune fils, la Jeunesse Divine ou le fils de la lumière. Modron est la Grande Déesse, la terre elle-même.
Mabon est enlevé trois jours après sa naissance, sa mère le pleure… finalement Mabon est sauvé en apprenant de la sagesse et de la mémoire des plus anciens animaux vivants : le merle, le cerf, l'aigle, le hibou et le saumon (selon certaines légendes ce serait le Roi Arthur lui-même qui l'aurait sauvé, dans d'autres, il s'agirait de Culhwch subissant une épreuve de la part du géant Yspaddaden pour obtenir en mariage sa fille Olwen).
Il est éduqué dans les entrailles de Modron, le refuge... il apporte la lumière à la Mère Terre jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour remporter la bataille contre les ténèbres. La lumière a alors assez de sagesse et de force pour planter une nouvelle graine.
Dans la tradition nordique, c'est aussi le signal de rentrer pour ceux qui voyagent loin.
En mer le temps va se dégrader, et les tempêtes commencer à apparaître. Les expéditions qui décident de ne pas rentrer doivent préparer leurs camps d'hiver avant qu'il ne soit trop tard. C'est aussi le temps des séparations pour ceux qui doivent laisser leurs enfants auprès de leurs parrains, pour éducation.
L'équinoxe d'automne donne donc le signal à chacun de commencer à prendre sa place pour l'hiver.
http://www.lapf.eu/calendrier.php
-----------------------------------------------------
Deeper Into Alban Elfed, by Coifi
This is the Feast of the Autumn Equinox. The Light of the Sun in the Wheel of the Year stands in the West, in the Place of balance between the Light and the Darkness. This is a time of the Great Tides. This is the Gateway of the Year.
This Feast is known by many names to many people, for the Truth is reflected from many mirrors. It has been celebrated as Alban Elfed and Harvest. Our ancestors called it by names long forgotten, and our children will call it by names as yet unconceived.
At this time, our ancestors saw the Sun, for the first time in half a year, be unable to outshine the Dark. Although he still shines with strength, his strength grows weaker as the days grow shorter. Today he holds the Darkness in in equal measure to the Light, but he is struck in his season with the wound of Time and from day to day the darkness will grow as the Lord of Light sinks into his Age, for the wound is grievous and will not heal. This is a time of farewell and gratitude for the Summer that has been.
At this time, our ancestors saw the Lady who is the Spirit of the Land stand before her people with the full bounty of her Harvest. Here is the reward of labour and reverence of the Land. This is the fulfilled promise of the days of Spring and Summer. This is the Reckoning of the Year, for Harvest is now complete and the portions are set to feed folk and animals through the cold dark days that lie ahead. This is a time of wonder and gratitude for the gifts the Lady showers down upon her people.
This is the time of the turning of the Light into Darkness. Let us step forward into the darkening days holding before us the divine promise of new Light at the end of the Dark Days, from year to year and life to life. This is the lesson of the Lord and the Lady. This is our knowledge and our affirmation.
This is the Holy Word that is written in no less than the Earth and the Sky and in all things that are made. This is a wonder and a marvel.
Coifi / The Order of Bards, Ovates & Druids
17:56 Publié dans Blog, Kelts, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : automne, équinoxe d'automne, alban elfed, mabon, celtes, rome, paganisme
14/02/2014
Des Lupercales à la Saint-Valentin...
Faunus : du dieu Pan au Diable du christianisme.
Ce dieu italique est l’une des plus anciennes divinités de la religion romaine. On l’identifia au dieu Pan après l’hellénisation systématique des dieux romains. C’est ainsi que Faunus finit par apparaître sous un aspect semblable à celui de Pan : cornes au front et pied de chèvre, forme sous laquelle le Diable est lui-même le plus souvent représenté dans l’imagerie populaire chrétienne. De fait, le christianisme vit en Faunus une divinité sombre et mystérieuse autour de laquelle était déployé jadis un rituel terrifiant. Il est dit aussi que Faunus effraie parfois les humains et qu’il prend alors le nom d’Incubis, soit le nom du Cauchemar qui fut par la suite assimilé aux démons incubes, pendant masculins des démons succubes. Faunus ne tentât-il pas de ravir la compagne lydienne d’Hercule ? Hélas pour le dieu cornu, le héros et sa compagne avaient, ce soir-là, échangé leurs vêtements… C’est également à Faunus que les Romains attribuaient, dit-on, les angoisses soudaines, les terreurs paniques et toutes les formes de fantômes qui sèment l’épouvante parmi les hommes.
2. Les origines de Faunus.
Faunus est le fils de Picus et le petit-fils de Saturne. Son épouse porte le nom de Fauna, considérée par les Romains comme la mère du dieu Latinus (Faunus étant désigné par Virgile comme roi du Latium et père de Latinus), un des rois légendaires du Latium. Faunus est un dieu familier des bois, mais également des plaines cultivées et des eaux vives. Il protège les cultures et veille sur les troupeaux. Personnification de la puissance génératrice, Faunus apparaît comme un père de l’agriculture. A l’exemple du Zeus de Dodone, il rend également des oracles en faisant bruisser les arbres et apparaît dans ce rôle sous le nom de Fatuus. L’oracle de Tibur (aujourd’hui, Tivoli), près de la source Albunée, était particulièrement renommé. Faunus passe aussi pour être l’initiateur au culte des dieux et comme l’inventeur des vers saturniens. Avant qu’il prenne l’apparence de Pan, Faunus était généralement représenté sous les traits d’un être barbu, vêtu d’une peau de chèvre, tenant à la main, soit une massue, attribut typique des gardiens de bétail, soit la corne d’abondance, du fait de sa fonction de fertilisateur.
3. Des Lupercales au commerce des cœurs en passant par la Saint-Valentin.
3.1. Les Lupercales.
Le 15 février était célébrée la fête de Faunus, également nommée fête des Lupercales. Ce nom vient d’une ancienne divinité italique nommée Lupercus qui fut assimilée par les Romains à Faunus, puis à Pan. Lupercus était également un ami des bergers et un protecteur des troupeaux contre les loups. La fête des Lupercales marque le renouveau de la Nature et le retour prochain du Printemps. Au cours de cette fête, après le sacrifice de chèvres, de boucs et d’un chien, se déroulait la « Course des Luperques » au cours de laquelle des jeunes gens à demi-nus, seulement vêtus de la peau des ovins sacrifiés, se répandaient dans la ville en riant et en buvant. Ils frappaient les spectatrices avec des lanières de cuir, les coups étant supposés apporter la fertilité, faciliter la montée du lait, de même que l’accouchement. Avant le banquet, toutes les jeunes filles de la ville déposaient un morceau de parchemin sur lequel était écrit leur nom dans une grande urne. Ensuite, les jeunes Romains tiraient au sort le nom de celle qui devrait rester avec lui durant toute la durée du banquet.
3.2. La Saint-Valentin.
Le pape Gelase Ier fit abolir les Lupercales vers 498 et les fit remplacer par la fête de saint Valentin, instituée à la date du 14 février, soit un jour avant les Lupercales qui figurent ainsi parmi les derniers rites païens à avoir été célébrés dans l’Occident latin. Il semble que l’on retrouva toutefois longtemps la trace des Lupercales dans la Saint-Valentin chrétienne qui, à l’origine, n’était pas associée à l’amour romantique mais bien à l’amour physique. De fait, la Saint-Valentin semble avoir gardé longtemps sa signification préchrétienne, à savoir l’union des jeunes célibataires. Quoique l’on puisse en dire, il ne semble exister, à l’origine, aucun lien entre l’amour (courtois ou physique…) et les trois saints Valentin connus, à savoir : (1) un prêtre qui aurait souffert le martyre à Rome dans la seconde moitié du 3ème siècle et qui aurait été enterré sur la Via Flaminia ; (2) un évêque de Terni qui aurait subi exactement le même sort, à la même époque ; (3) un autre martyr d’Afrique du nord dont on ne sait pratiquement rien. La fête de saint Valentin n’a été instituée que pour effacer la mémoire de Faunus et des Lupercales, tout comme ont été institués la Toussaint (1er novembre, en remplacement de la Samain celtique), la Sainte-Brigitte de Kildare (1er février, en remplacement de l’Imbolc celtique), Noël (25 décembre, en remplacement de la fête de Mithra), etc. L’établissement de la première relation de la Saint-Valentin avec l’amour courtois semble remonter à l’Angleterre du 14ème siècle : la veille de son martyre, saint Valentin aurait fait parvenir un message d’amour à la fille de son geôlier ; alors que, sous l’empereur Claude II, les mariages étaient interdits, pour les soldats romains, durant une période déterminée, Valentin organisait des mariages clandestins. Légendes que tout cela, bien évidemment, l’association de la Saint-Valentin avec la date du 14 février ayant été décidée arbitrairement pour les raisons déjà citées. Au cours du Moyen Âge, la coutume de la Saint-Valentin courtoise se répandit dans l’ensemble de l’Occident chrétien.
3.3. Le commerce des cœurs.
Aujourd’hui, comme la Samain-Toussaint devenue l’Halloween des friandises et des masques made in China, comme les fêtes de Mithra et de la Nativité devenues la Noël de la dinde, des achats festifs et du Père Noël revêtu des couleurs rouge et blanche de la Coca-Cola company, la Saint-Valentin est devenue l’occasion de promouvoir le commerce en utilisant le principe de la culpabilisation : « si tu m’aimes vraiment, achète-moi ceci ou invite-moi là ! » Certains tentent bien d’établir une relation bien hypothétique entre l’expédition des cartes de Saint-Valentin et les morceaux de parchemin déposés dans une urne par les jeunes filles romaines, lors des Lupercales, mais bien rares sont ceux qui, parmi les païens ou les chrétiens, pourraient aujourd’hui se reconnaître dans cette Saint-Valentin instituée par les nouveaux marchands du Temple.
Eric TIMMERMANS
Bruxelles, le 11 février 2010.
Sources : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1965 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003 / Encyclopédie de la mythologie, Editions Sequoia, 1962 / Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, marabout, 1998 / Le Charivari, Henri Rey-Flaud, Payot, 1985 (p.23).
Via : La Grange du Cherchant
---------------------------------------------
La Fête des Lupercales est donnée en l’honneur de Faunus Lupercus (dieu tueur de loups, protecteur des troupeaux, assimilé à Pan dans le Panthéon romain). Célébrée le 15 février, elle correspond bien aux notions de fertilité et de relance du cycle de l’activité vitale dans la nature que marque Imbolc, fêté il y a quelques jours.
La vocation de la fête est la purification, et son patron le dieu Faunus, le Bouc divin. Les Luperques qui officient figurent eux-mêmes des boucs, puisqu’un pagne, taillé dans la peau de cet animal, leur ceint les reins, et qu’ils manient, pour la purification qu’ils opèrent, des lanières de peau de bouc. Leur visage est peut-être masqué de boue, leur peau huilée, car ils incarnent des personnages inhabituels, comme les forces du désordre qui feraient irruption dans une ville par essence civilisée, et l’envers un peu fou des choses.
C’est bien ainsi que les peint Cicéron : « Voilà une bande sauvage tout à fait fruste et primitive, une troupe d’hommes des bois, formée bien avant qu’ aient existé la civilisation et les lois ».
On les voit descendre du Palatin, où, dans la grotte appelée Lupercal (un des hauts-lieux les plus vénérables de Rome, là où la Louve avait allaité les jumeaux) ils avaient sacrifié des boucs et découpé leur peau, tourner autour de la colline, puis déferler sur la voie Sacré, en cinglant de leur fouet tout ce qui se présente sur leur passage : les hommes et les femmes, mais aussi le sol, les rues, les remparts. Ce brutal et vigoureux décapage permettait à toute la Ville, délivrée ainsi du fardeau que constituaient toutes les souillures que l’année avait accumulées sur elle et qui pouvaient entraver le cours régulier de son existence, d’entamer son nouveau départ annuel.
Avant de se lancer dans leur course, les prêtres-flagellants avaient procédé à un mystérieux rituel : deux des leurs – un Fabius et un Quintilius, puisque ces deux familles gardaient l’exclusivité du recrutement de la confrérie – avaient tendu leur front pour qu’on y appuyât les couteaux dégoulinant du sang des boucs, et ce sang avait été aussitôt essuyé grâce à des flocons de laine trempés dans du lait… Dès après, les deux jeunes gens devaient éclater de rire.
Il parait aussi qu’on immolait un chien dans la grotte de Lupercal. Mais de cela, un seul témoin nous a parlé, Plutarque. Sang, désordre et fin d’année, lait de la naissance, rire et purification : peut-être s’agit-il là d’un lointain symbolisme de mort et de résurrection que les Luperques, une fois investis, transformés eux-mêmes en dieux-boucs, allaient transférer sur la foule ? Tous et tout, devant eux, tendaient les paumes, le dos, le corps ou la substance qui les composait, attendant la cinglante brulure des coups comme un vivifiant nettoyage.
Danielle Porte, Fêtes romaines antiques.
( Via : Le Chemin sous les Buis )
19:11 Publié dans Blog, Rome et Olympie, Symbolisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lupercus, lupercales, faunus, pan, paganisme, fêtes païennes, saint-valentin, rome, louve romaine
05/12/2013
Deux Romains en Gaule
« Deux Romains en Gaule » Pierre Tchernia
Ce film qui s'inspire directement d'Astérix le Gaulois, créé par René GOSCINNY et Albert UDERZO, relate les aventures d'un petit garçon, Antoine, entré dans le monde de l'Antiquité en étudiant sa leçon d'histoire et de deux Romains, TICKETBUS et PROSPECTUS, qui préfèrent délaisser leur vie de légionnaires et découvrir ainsi le mode de vie des Gaulois. Antoine rencontre Astérix, sous forme de dessin animé, qui lui explique certaines particularités de la vie à Lutèce .
Production : Office national de radiodiffusion télévision française
Réalisateur : Pierre Tchernia
Musique originale : André Popp, Bernard Parmegiani
Auteur du texte parlé : René Goscinny
Dessinateur : Albert Uderzo
Principaux interprètes : Max Favalelli, Jacqueline Huet, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault,
Pierre Doris, Roger Carel, Patrick Préjean, Lino Ventura, Pierre Mondy, Jean Yanne,
Roger Couderc, Maurice Biraud, Pierre Dac, Pierre Tornade, René Goscinny,
Anne-Marie Carrière, Moustache, etc.
(Source)
18:12 Publié dans B.D, Blog, Histoire de France, Humour, Rome et Olympie, Terroir | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : astérix, astérix et obélix, pierre tchernia, rené goscinny, albert uderzo, jean yanne, pierre dac, lino ventura, gaulois, gaule
18/09/2013
Laconisme…
Laconisme…
Le mot laconisme vient du nom Laconie (en grec ancien Λακωνική / Lakônikê), qui désigne la région située a l'extrême sud-est de la péninsule du Péloponnèse, et dont la capitale est Sparte. Son nom ancien est Lacédémone (Λακεδαίμων / Lakedaimôn), nom qu'Homère donne indifféremment a la région ou a sa capitale.
Un laconisme est un terme qui désigne les formules concises et frappantes par lesquelles les Spartiates de la Grèce antique avaient coutume de s'exprimer. Cette concision s'accorde avec l'esprit militaire de Sparte, et n'est pas dénuée parfois d'une forme d'humour cassant, qui sait toucher avec précision le point faible des déclarations de l'interlocuteur, comme l'a noté Socrate. (Wikipédia)
Laconismes / réponses laconiques attribuées à Lycurgue…
À une proposition d'instaurer la démocratie à Sparte : « Commencez par votre propre famille ».
À quelqu’un qui lui demandait pourquoi Sparte offrait aux dieux des sacrifices aussi peu considérables : « De manière qu'il nous reste toujours quelque chose à offrir ».
Au sujet des exercices physiques et des arts martiaux qu'il approuvait : « Tous les types, excepté ceux ou vous tendez la main ».
Concernant la manière dont les Spartiates pouvaient au mieux prévenir l'invasion de leur patrie : « En restant pauvres, et en faisant que chaque homme ne désire pas posséder plus que son camarade ».
À la question de savoir s'il serait bon de construire une enceinte défensive autour de la cité : « Une ville bien défendue est celle qui est entourée d'un mur d'hommes, et non d'un mur de briques ».
------------------------------------------
Laconismes / réponses laconiques attribuées à Léonidas et à ses proches…
Léonidas :
Au roi Xerxès, qui, aux Thermopyles, lui offrait d'épargner ses hommes (ainsi que lui-même) s'ils rendaient leurs armes : « Viens les Prendre » (Μολών λαβέ / Molôn labé).
(C'est aujourd'hui la devise du 1er corps d'armée de la Grèce).
Alors qu'on lui demandait pourquoi il s'apprêtait à affronter une armée aussi immense avec aussi peu d'hommes : « Si c'était les effectifs qui importaient, toute la Grèce ne suffirait pas à égaler ne serait-ce qu'une petite partie de leur armée ; mais si c'est le courage qui compte, alors ce nombre est suffisant ». Ou : « J'ai tous les hommes qu'il me faut, puisqu'ils vont tous mourir ».
À ses hommes, au matin du troisième et dernier jour de la bataille, apprenant qu'ils étaient encerclés : « Mangez bien, car ce soir, nous dînons en Enfer ».
Ses hommes :
Thermopyles encore… on vient apprendre au Spartiate Dienekes que les archers perses sont si nombreux que lorsqu'ils tirent, leurs flèches forment un nuage qui cache le soleil. Il réagit en disant : « Tant mieux ! Nous allons nous battre à l'ombre ! » (καλύτερα, θα πολεμήσουμε υπό σκιά).
(Une phrase devenue aujourd’hui la devise de la 20e division blindée de l'armée grecque).
Thermopyles toujours… avant la bataille, Léonidas demande à un Spartiate de porter à Sparte les ultimes nouvelles du combat ; l'homme refuse en disant : « Je suis ici pour me battre, pas pour servir de messager ». Le roi fait alors la même demande a un autre Spartiate, qui lui retorque : « Je ferais mieux mon devoir en restant ici, et de cette façon, les nouvelles seront meilleures ».
Sa femme, Gorgo, reine de Sparte :
Lorsque son mari Léonidas part affronter les Perses aux Thermopyles, Gorgo, reine de Sparte, lui demande ce qu'il est de son devoir de faire. Il lui conseille : « Épouse un homme de valeur, et donne-lui des enfants de valeur ».
Quand une femme de l'Attique lui demande : « Pourquoi vous, les femmes de Sparte, êtes-vous les seules qui puissiez commander à des hommes », Gorgo lui répond : « Parce que nous sommes aussi les seules à donner naissance à des hommes ».
------------------------------------------
Autres laconismes attribués a des Spartiates…
Les mères ou les femmes de Sparte, lorsqu’elles tendaient son bouclier au guerrier qui partait au combat, ne manquaient jamais d’accompagner le geste du traditionnel : « Avec lui, ou sur lui ! »… qui sous-entendait : « (Reviens victorieux) avec ton bouclier, ou (mort) sur lui ».
Lorsque l’on demandait au roi Charilaos pourquoi la liste des lois spartiates était si courte, il ne manquait jamais de répondre : « Les hommes de peu de mots ont besoin de peu de lois ».
Agacé par quelqu'un qui lui demandait qui était le Spartiate le plus exemplaire, le roi Demaratos répondit : « Celui qui te ressemble le moins ».
Lorsque les Perses envoyèrent des ambassadeurs à Sparte pour exiger le traditionnel symbole de reddition, c'est-à-dire de la terre et de l'eau, les Spartiates les jetèrent au fond d'un puits, en leur criant qu'une fois arrivés en bas, ils n'auraient plus qu'à « creuser eux-mêmes ».
Mais le plus beau de tous date très certainement de l'époque de Philippe II de Macédoine…
Lorsqu’ayant soumis un certain nombre des principales villes grecques, ledit Philippe se tourna vers Sparte et envoya aux habitants de la cité un message du genre : « Je vous conseille de vous soumettre sans délai, car si je conduis mon armée sur votre territoire, alors je détruirai vos fermes, je tuerai votre peuple, et je raserai votre cité ».
À quoi la réponse spartiate tint en un mot : « Si… ».
Enfin, n’oublions pas que du célèbre : « Comtois, rends-toi ! / Nenni, ma foi ! » (devenu devise de Franche-Comté), au fameux « la garde meurt mais ne se rend pas » (précédant de peu l’illustre mot de cinq lettres… laconisme absolu s’il en est) nous pouvons nous aussi, en terres franques, nous comporter en dignes fils de Sparte.
Du moins… lorsque nous le voulons…
17:24 Publié dans Blog, Rome et Olympie, Un peu de vocabulaire... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sparte, laconisme, léonidas, lycurgue, gorgo, dienekes, spartiates
04/04/2013
Thierry CAMOUS / Romulus - Le rêve de Rome.
Espace boutique :
Thierry CAMOUS : « Romulus - Le rêve de Rome »
Personnage de légende, Romulus ne nous est connu que grâce à des écrits bien postérieurs au VIIe siècle avant J.-C. où il vécut. Objet de fascination, il reste pour les historiens une véritable énigme et une sorte de tabou scientifique. Or, des découvertes archéologiques récentes prétendant avoir retrouvé le palais royal de Romulus ou la grotte du Lupercal, dans laquelle la louve allaita les jumeaux, permettent d’éclairer d’un jour nouveau la figure du fondateur de Rome. C’est sur l’apport essentiel de ces découvertes, enfin mises à la portée du grand public, que se fonde cette première biographie de Romulus depuis… Plutarque !
En réalité, Romulus condense plusieurs époques, et donc plusieurs personnages. Quatre, pour être exact : l’homme des bois, enfant sauvage abandonné par sa mère, la vestale violée par le dieu Mars, qui tente de reconquérir son trône perdu ; le fondateur, chef de clan qui s’approprie la colline du Palatin en traçant le fameux sillon délimitant l’Urbs, tue son frère Rémus et enlève ses voisines, les Sabines, pour en faire des épouses ; le roi-guerrier, qui organise la cité unifiée, étend sa domination et finit démembré ; et le héros mythique, descendant d’Énée aux origines troyennes.
Cette enquête captivante et érudite nous ouvre les portes d’un monde méconnu, celui de la civilisation des premiers Latins, pâtres belliqueux, de leur métropole mythique au plus profond des bois, Albe-la-Longue, de leur fête sanglante des Lupercales et de leurs terribles batailles contre leurs adversaires étrusques. Au-delà du "portrait en creux" d’un homme, elle nous offre une peinture saisissante de l’Italie primitive, berceau de la civilisation romaine classique. En cela, l’action du roi Romulus, qui se lance dans le Latium à la conquête des voies commerciales, porte en germe un destin impérialiste insoupçonnable alors. Aux frontières du mythe, de l’histoire, de l’archéologie, de l’ethnologie et de l’anthropologie, un essai fascinant sur les origines à la fois tragiques et grandioses de Rome.
Chercheur associé au CNRS, professeur agrégé à Nice et chargé de cours en histoire ancienne à l’université de Sophia-Antipolis et de Guangzhou (Chine), Thierry Camous est spécialiste des origines de Rome (Le roi et le fleuve : Ancus Marcius Rex, aux origines de la puissance romaine, Les Belles Lettres, 2004). Il est également l’auteur de deux synthèses sur les rapports d’altérité entre les civilisations comme moteur de la violence guerrière, qui ont suscité un certain débat : Orients / Occidents, 25 siècles de guerres et La violence de masse dans l'Histoire
(PUF, 2007 et 2010).
Le grand livre du mois – 2010 – 431 pages – 23 x 14 cm – 500 grammes.
Etat = broché, reliure "semi-souple" illustrée par un détail de L’enlèvement des Sabines de David. Tranche intacte, quelques infimes marques de manip’, rien de notable, très bon état.
>>> 6 €uros. / Vendu ! Temporairement indisponible.
(Prix neuf = 25€)
18:14 Publié dans Boutique, Histoire européenne, Livres - Littérature, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thierry camous, romulus, la fondation de rome, romains, étrusques, lupercal, lupercales, sabines
25/01/2013
Pas de liberté sans vaillance...
« Des hommes illustres ont pour tombeau la terre entière. Leur mémoire ne se conserve pas seulement dans leur pays, où on leur élève des stèles avec des inscriptions, mais aussi en terre étrangère, où, à défaut d’épitaphe, leur souvenir reste gravé non dans la pierre, mais dans l’esprit de chacun.
Prenez donc ces hommes pour modèles. Considérez à leur exemple qu’il n’y a pas de bonheur sans liberté et pas de liberté sans vaillance et ne vous laissez pas émouvoir par les périls de la guerre. »
Thucydide, « La guerre du Péloponnèse », Oraison funèbre de Périclès, II-43.
Note empruntée à : Du Haut Des Cimes.
>>> http://dhdc2917.eu/des-hommes-illustres/
11:13 Publié dans Blog, Guerriers, Histoire européenne, Philosophie, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : périclès, thucydide, guerre, guerriers, vaillance, mémoire, liberté
19/01/2013
Hypatie, vierge martyre des païens.
Dors, ô blanche victime en notre âme profonde,
Dans ton linceul de vierge et ceinte de lotos ;
Dors! l'impure laideur est la reine du monde
Et nous avons perdu le chemin de Paros (…)
Demain, dans mille années,
Dans vingt siècles, — qu'importe au cours des destinées —
L'homme étouffé par vous se dressera (…)
Votre œuvre ira dormir dans l'ombre irrévocable.
Leconte de Lisle (Hypathie et Cyrille, 1885)
Alexandrie, 415. Cinq ans après le sac de Rome, alors que l'Empire s'écroule, l'Égypte vit à l'heure des derniers feux du paganisme antique. L'Occident est acquis à la cause du "Galiléen", l'Orient résiste encore, mais il n'est qu'en sursis. La ville égyptienne abrite une population multiconfessionnelle ; la cohabitation s'avère de plus en plus difficile. Face aux Juifs et aux païens "Hellènes" : les partisans de Jésus, manœuvrés par l'évêque Cyrille, et qui comptent bien se rendre maîtres de la place.
Dans cette atmosphère tendue se dresse Hypatie, la vierge des païens et, si l'on en croit les relations de Socrate le Scolastique (1) et Damaskios (2), l'ultime rempart du paganisme. Son père, prêtre des dieux et scientifique de renom, lui a enseigné la mathématique, l'astrologie et la philosophie. Elle a grandi dans le culte des dieux ; elle sait que tout flanche et agonise autour d'elle ; pourtant, elle se refuse à suivre la théorie des conversions. Un combat sans espoir, perdu d'avance… En cela réside toute sa signification.
Hypathie enseigne la philosophie, elle a le verbe haut mais la grâce l'habite ; tous les témoignages convergent lorsqu'il s'agit d'évoquer sa grande beauté. On a coutume de la représenter au milieu d'un cénacle, le cercle de ses fidèles qui, avec elle, refusent de voir les dieux s'exiler pour céder la place aux religions de l'intolérance.
Les Juifs et les chrétiens s'affrontent à coups d'émeutes et de pogroms sous les regards inquiets d'Hypatie et des siens ; à quand leur tour ?… Il y aussi la lutte d'influence que se livrent Oreste, préfet de la ville, et l'évêque Cyrille. Pour une cause mal définie, le préfet d'Alexandrie aurait fait torturer à mort un chrétien, un provocateur dont les Juifs ont exigé la tête. L'affaire dégénère bientôt et c'est le massacre entre les deux communautés. Cyrille, qui a l'avantage de la supériorité numérique, fait détruire les synagogues et expulser les Juifs. Puis, emporté par son élan, l'évêque harangue ses troupes qui jettent l'anathème sur le représentant de Rome. Oreste cherche alors à se concilier les faveurs d'Hypatie dont l'influence est toujours notoire pour tenter de réduire Cyrille et ses moines fauteurs de troubles. On rapporte aussi que frappé par la beauté de la jeune femme, le préfet d'Alexandrie, bien que baptisé, aurait longuement hésité à s'engager sur le voie du paganisme. Il n'en fit rien.
Lorsque la vierge païenne est prise à partie en pleine ville par la foule chrétienne fanatisée qui l'arrache de sa voiture et la traîne au Caesarium, il ne réagira pas. Sur les marches du temple impérial, Hypatie est « déshabillée, tuée à coups de tessons, mise en pièces… Ses restes sont ensuite promenés dans les rues et brûlés… » (3).
Désormais, Cyrille et Oreste peuvent envisager la réconciliation…
Dans son avant-propos à un ouvrage de Gabriel Trarieux (4), George Clemenceau eut cette phrase : « Hypatie contre Jésus. La Grèce toujours contre sa mère l'Asie, la beauté contre la bonté, fût-il jamais plus passionnante tragédie ? » Passionnantes ou pas, il est des tragédies dont les païens que nous sommes ne peuvent s'accommoder et veulent éviter. Contre l'éradication de la beauté et le règne du lit de Procustre, nous devons montrer notre détermination face à l'intolérance qui règne chez nous et le retour des tabous et des amalgames minables. Nos spécificités, notre religiosité européennes nous ont toujours enseigné de ne pas nous agenouiller, nous encaloter, nous voiler, nous asservir, de privilégier l'amour des libertés pour que s'élève l'être face à ses sensibilités identitaires. Hypatie, la chaste et belle païenne, n'a pas voulu se taire et se prosterner. Elle a montré la voie. Souvenons-nous du culte d'Athénée Poilias qu'elle tenta d'honorer jusqu'au bout et de sa croisade contre le Crucifié.
Bruno Favrit-Verrieux, Combat païen n°11 (déc. 1990).
Texte repris dans : À la recherche des dieux, Bruno Favrit / Dualpha 2006.
>>> http://www.archiveseroe.eu/hypathie-a48391982
---------------------------------------------
Notes :
(1) Historien religieux ayant vécu à Constantinople (380 - vers 450).
Continuateur de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée, pour la période s'étendant de 305 à 439. Traduction française : Histoire ecclésiastique VII, Cerf, 2006.
(2) Vie d'Isidore.
(3) Chronique des derniers païens, Pierre Chuvin (Belles Lettres/Fayard, 1990).
D’après Socrate le Scolastique : « Contre elle alors s’arma la jalousie ; comme en effet elle commençait à rencontrer assez souvent Oreste, cela déclencha contre elle une calomnie chez le peuple des chrétiens, selon laquelle elle était bien celle qui empêchait des relations amicales entre Oreste et l’évêque. Et donc des hommes excités, à la tête desquels se trouvait un certain Pierre le lecteur, montent un complot contre elle et guettent Hypatie qui rentrait chez elle : la jetant hors de son siège, ils la traînent à l’église qu’on appelait le Césareum, et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons ; l’ayant systématiquement mise en pièces, ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu. Ce qui ne fut pas sans porter atteinte à l’image de Cyrille et de l’Eglise d’Alexandrie ; car c’était tout à fait gênant, de la part de ceux qui se réclamaient du Christ que des meurtres, des bagarres et autres actes semblables. Et cela eut lieu la quatrième année de l’épiscopat de Cyrille, la dixième année du règne d’Honorius, la sixième du règne de Théodose, au mois de mars, pendant le Carême. » (ch. XV).
(4) Hypatie in : Cahiers de la quinzaine [Série 5 ; n°13] (Paris, avril 1904).
Hypatia / Charles William Mitchell - 1885
15:50 Publié dans Blog, Philosophie, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hypathie, martyrs païens, leconte de lisle, bruno favrit, paganisme
25/10/2012
Claude MOSSÉ
Boutique Fiertés Européennes :
Claude MOSSÉ : « Sacrilèges et trahisons à Athènes »
Alcibiade : flamboyant représentant de l’aristocratie athénienne du Ve siècle, politicien arrogant et cynique, mari violent et volage d’une jeune femme qui ne put lui échapper que dans la mort, platonique amant de Socrate, stratège aux multiples victoires… Ce sombre héros se trouve soudain, en pleine gloire, mêlé à une obscure affaire de sacrilège, sur fond de règlement de comptes partisans. Dès lors, de Sparte jusqu’en Asie Mineure, c’est une existence de manipulations et de trahisons qui commence, exploitant les conflits incessants entre les cités grecques et leurs alliés. Alcibiade est mort assassiné loin d’une patrie à laquelle, selon les mots d’Euripide, il avait causé « les plus grands maux. » A sa disparition répond l’effondrement d’Athènes et le déclin d’une civilisation.
En retraçant l’itinéraire hors norme de l’un des personnages les plus haïs et les plus admirés de son époque, Claude Mossé, historienne de la Grèce classique, nous offre une très vivante leçon d’histoire ancienne.
Editions Larousse – Collection « L’histoire comme un roman » – 2009.
Broché/Couverture souple – 191 pages – 21 x 14 cms – 280 grammes.
Etat = Je ne peux décemment pas écrire « comme neuf » car les plats présentent tout de même quelques infimes marques de stockage/manip’ ; mais je peux néanmoins écrire « presque comme neuf »… et je le fais sans hésiter ! Excellent !
>>> 6 €uros. / Vendu ! Temporairement indisponible.
Ailleurs = Entre 8,12 et 15 €uros sur Priceminister.
Prix neuf = 16 €uros.
17:16 Publié dans Boutique, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : claude mossé, sacrilèges et trahisons à athènes, alcibiade, athènes, sparte, histoire, grèce antique
18/06/2012
Tyrtée - Sparte
VIE DE TYRTÉE.
Tyrtée vivait durant la seconde guerre de Messénie : l'époque précise est incertaine, car les auteurs la placent à des dates différentes; Justin, Eusèbe, Suidas, à la fin de la trente-cinquième olympiade; Pausanias au contraire, à la quatrième année de la vingt-troisième olympiade, c'est-à-dire huit cent soixante-quatre ans avant Jésus-Christ. Dans cette longue lutte de Messène contre Sparte les chances furent longtemps suspendues. Les deux villes rivales triomphèrent tour à tour; l'issue de la guerre fut plusieurs fois changée par des retours subits de fortune. Les Messéniens d'abord vaincus revinrent sous la conduite d'Aristomène, les Spartiates furent battus. Cet échec inattendu les découragea; le désespoir s'empara d'eux, ils furent obligés de recourir à d'habiles expédions pour relever leur énergie abattue. Ils consultèrent leur oracle de Delphes. Il leur fut répondu de demander aux Athéniens un homme qui pût les aider de ses conseils. Ceux-ci virent avec plaisir une occasion d'abaisser l'orgueil de leurs rivaux, et par dérision ils leur envoyèrent Tyrtée, fils d'Archimbrote. C'était un maître d'école obscur, boiteux et borgne. L'exaltation d'un esprit voué au culte de la poésie le faisait même regarder par plusieurs comme peu sain d'intelligence. Platon lui accorde cependant le titre de sage, et les Lacédémoniens durent leur victoire à ses conseils et sa puissante influence. Il récita d'abord devant les magistrats des élégies et des pièces de vers pleines d'enthousiasme et d'élan guerrier. Il chanta la gloire du héros qui meurt dans les combats, ses funérailles augustes, accompagnées des pleurs et des gémissements de tout un peuple ; l'immortalité qui s'attache à son nom et le fait vivre dans une éternelle jeunesse. Il chanta encore le tumulte des batailles, le guerrier qui s'élance au milieu des javelots, affrontant la mort au centre des bataillons hérissés de fer, pour défendre les dieux de sa patrie, sa femme et ses enfants ; le respect qu'inspire sa présence quand il revient victorieux, accueilli par d'universels applaudissements, et l'honorable repos dont il jouit dans sa vieillesse.
Les Lacédémoniens électrisés par ses poésies s'armèrent pour le combat ; ils se levèrent tous et marchèrent au-devant des ennemis ; ils prirent pour général celui qui les avait ainsi arrachés à leur découragement. Tyrtée les commanda. La mêlée fut terrible, mais Sparte resta victorieuse. L'œuvre du poète accomplie, la reconnaissance publique lui conféra le titre de citoyen et une ovation triomphale. Puis il rentra dans le repos, et il mourut à Lacédémone laissant une grande gloire.
Par les trois pièces qui nous restent de Tyrtée nous pouvons juger de son talent. Le vers est énergique et fortement moulé; il réfléchit la vigoureuse allure de la pensée; les épithètes sont toujours expressives et hardies : ce n'est plus le vers abondant du poème épique, ce n'est pas encore le vers harmonieux de l'ode. Le sentiment populaire anime toujours l'expression : quoique simple, elle est souvent sublime; elle s'élève de toute la grandeur des idées qu'elle invoque; les immenses résultats qu'elle prépare apparaissent déjà dans cette farce abrupte et presque sauvage.
----------------------------------------------
Ière MESSENIQUE
II est beau qu'un homme courageux tombe aux premiers rangs et meure en combattant pour sa patrie. Mais abandonner sa ville et ses champs féconds, mendier en errant avec une tendre mère, et un vieux père, et de petits enfants, et une épouse jeune encore, voilà de tous les maux le plus affreux. L'homme qui cède à l'indigence et à la triste pauvreté devient un objet d'horreur pour tous ceux qui l'approchent. Il déshonore sa race, il dément la noblesse de ses traits; partout le suivent la honte et le malheur. Et puis, plus d'égards à l'homme ainsi errant, plus de respect à sa mémoire. Combattons avec ardeur pour cette terre, et sachons mourir pour nos enfants sans songer à sauver nos jours, ô jeunes guerriers ! Oui, combattez pressés les uns contre les autres; n'allez pas les premiers vous livrer à la peur, ni prendre honteusement la fuite, mais réveillez dans vos âmes un grand et magnanime courage, méprisez la vie et luttez contre l'ennemi. N'allez point par la fuite délaisser la vieillesse des vétérans dont l'âge enchaîne les genoux, car c'est une chose honteuse de voir étendu devant les jeunes guerriers et moissonné aux premiers rangs un vieillard dont la tête et la barbe sont déjà blanchies ; de le voir exhaler dans la poussière une âme généreuse, et le corps dépouillé, cacher sous ses mains tremblantes les organes sanglants de sa virilité, spectacle honteux, capable de faire naître l'indignation ! Mais tout sied bien au jeune guerrier, tandis qu'il garde encore la fleur brillante de ses années; chaque homme l'admire, les femmes se plaisent à le contempler resplendissant et debout. Il n'est pas moins beau lorsqu'il tombe aux premiers rangs.
2ème MESSÉNIQUE.
Vous êtes la race de l'invincible Hercule, osez donc! Jupiter n'a pas encore détourné de vous ses regards. Que craignez-vous ? ne redoutez pas le nombre des ennemis. Que chaque guerrier tienne son bouclier dressé contre les assaillants ; qu'il abjure l'amour de la vie, qu'il chérisse les sentiers obscurs de la mort autant que les rayons du soleil. Mars fait verser beaucoup de larmes, mais vous savez aussi quelle gloire il distribue ! Vous avez déjà affronté les périls des combats, car si on vous a vus fuir devant l'ennemi, on vous a vus aussi les poursuivre avec ardeur, ô jeunes guerriers ! Ceux qui osent, serrés les uns contre les autres, épaule contre épaule, marcher d'un pas ferme au-devant des phalanges meurent en petit nombre et sauvent les soldats qui les suivent. Les guerriers timides perdent courage, et l'on ne saurait dire quels maux sont réservés au lâche. C'est une honte cruelle d'être frappé par derrière en fuyant l'ennemi ; c'est une honte cruelle qu'un cadavre gisant dans la poussière et présentant sur le dos une sanglante blessure ! Mais qu'il est beau, l'homme qui, un pied en avant, se tient ferme à la terre, mord ses lèvres avec ses dents, et sous le contour d'un large bouclier protégeant ses genoux, sa poitrine et ses épaules, brandit de la main droite sa forte lance et agite sur sa tète son aigrette redoutable. Imitez les belles actions, apprenez à combattre vaillamment ; n'allez pas à l'ombre d'un bouclier vous tenir loin de la portée des traits: élancez-vous plutôt, armés de la longue pique et du glaive, frappez au premier rang, emparez-vous d'un ennemi. Pied contre pied, bouclier contre bouclier, aigrette contre aigrette, casque contre casque, poitrine contre poitrine, luttez avec votre adversaire, saisissez le pommeau de son glaive ou le bout de sa lance. Et vous, soldats de la troupe légère, faites-vous l'un à l'autre un abri sous vos boucliers, accablez l'ennemi d'une grêle de pierres, et la pique en main, harcelez de près les panoplites.
3ème MESSÉNIQUE.
Un mortel n'est pas pour moi digne d'estime, fût-il vainqueur à la course et à la lutte, eût-il la taille et la force des Cyclopes, fût-il plus agile que l'aquilon de Thrace, plus beau que Tythion lui-même, plus riche que Meidas et Cynoia, plus puissant que Pélops, fils de Tantale. Eût-il une voix aussi mélodieuse que celle d'Adraste, eût-il enfin tous les genres de gloire, il n'est rien s'il n'a pas la valeur guerrière. C'est un homme inutile à la guerre s'il ne supporte pas la vue d'un combat sanglant, s'il n'aspire pas à l'honneur d'affronter de près l'ennemi. La valeur est la plus précieuse qualité de l'homme ; c'est le plus bel ornement du jeune guerrier. C'est un bien pour l'état et pour le peuple que posséder un brave qui combat aux premiers rangs avec courage et fermeté, qui, loin de penser jamais à une fuite honteuse, expose hardiment sa vie aux dangers et encourage celui qui est à ses cotés à braver la mort. Voilà l'homme utile à la guerre ; il met en fuite les terribles bataillons de l'ennemi, et sa prudence active règle le sort du combat. S'il perd la vie, frappé au premier rang, il comble de gloire et sa patrie, et ses concitoyens et son père : de nombreuses blessures ont percé son bouclier, sa cuirasse et sa poitrine ; les vieillards et les jeunes gens le pleurent également ; toute la ville en deuil escorte ses funérailles ; on montre sa tombe, on honore ses enfants, ses petits-fils et tous ses descendants. Sa gloire et son nom ne périssent pas : quoiqu'il repose au sein de la terre, il est immortel, le guerrier courageux qui est tombé sous les coups du terrible Mars, sans crainte, ferme à son poste, combattant pour sa patrie et ses enfants. S'il échappe au trépas et au long sommeil de la mort, il remporte la victoire et l'éclatant honneur du combat, il reçoit les louanges empressées des jeunes gens et des vieillards, et ce n'est qu'après de nombreux hommages qu'il descend chez Pluton. Quand il vieillit, il est au premier rang parmi ses concitoyens ; par respect et par amour de la justice, nul ne voudrait l'offenser. Jeunes gens, hommes de son âge et même vieillards lui cèdent leur place par honneur. Aspirez donc au plus haut degré de cette vertu ! Excitez, excitez votre ardeur guerrière.
Traduction de M. Ernest FALCONNET.
Note empruntée à : http://remacle.org/
http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/tyrtee/oeuvre.htm
18:04 Publié dans Blog, Guerriers, Poésie, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tyrtée, sparte, grèce antique, lacédémone, héros, guerriers, poésie
24/05/2012
Le code secret de l’Odyssée
Boutique Fiertés Européennes :
Gilbert PILLOT : « Le code secret de l’Odyssée »
Les Grecs dans l’Atlantique
C'est sans doute parce qu'il vit à Carthage, devant la Méditerranée des Grecs. que Gilbert Pillot a été poussé à interroger, après beaucoup d'autres. l'Odyssée. Penché sur le texte homérique. suivant d'île en île la route d'Ulysse, relevant soigneusement la direction des vents, le nombre de jours de navigation et la position des constellations, il en est venu à tracer un itinéraire qui mène le héros bien au delà des limites jusqu'ici admises…
Ulysse franchit les colonnes d'Hercule, touche la côte marocaine, les Canaries et Madère, puis, cap au Nord, atteint l'Irlande, l'Ecosse et l'Islande. Il en est venu surtout à se demander si l'Odyssée, sous les apparences d'un merveilleux poème, ne recelait pas les clefs de l'itinéraire secret qui conduisait à ces terres riches en or et en étain… Récit d'une quête et d'une enquête, cet ouvrage se lit avec passion : pour la première fois, l'astucieux Ulysse livre son secret.
Robert LAFFONT / Collec. « Les énigmes de l'univers » / 1969.
248 pages / 21,5 x 13,5 cms / 350 grammes.
Broché, photographies, cartes et illustrations hors et in texte.
Nombreuses petites traces d’usage/stockage sur plat (inhérentes à 90% des ouvrages de cette collection aux reliures noires très fragiles et – surtout – très vite « patinées ») mais rien de bien sérieux, hormis une assez nette cassure sur tranche. Tranches papier légèrement jaunies mais intérieur nickel, propre et sain. Tout à fait bon pour le service !
>>> 4,50 €uros. / Vendu ! - Temporairement indisponible.
Ailleurs = entre 4 et 9,99 €uros sur Priceminister
Entre 5,95 et 11 €uros sur Amazon.fr
6 €uros sur leboncoin.fr
8 €uros sur livre-po-cher.com
14:39 Publié dans Boutique, Esotérisme, Histoire européenne, Rome et Olympie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gilbert pillot, le code secret de l’odyssée, l'odyssée, ulysse, grèce antique, mythes antiques, olympie, aventures, ésotérisme, mystères