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19/02/2014

Nouveau Catalogue Livres...

Un nouveau catalogue livres sera mis en ligne sur notre Bouquinorium, à partir de samedi (22 février 2014), et ce, comme d’habitude, au rythme d’un « chapitre » par jour… en commençant par la Science-Fiction ! 

 

Profitez des quelques jours qui restent pour jeter un dernier coup d’œil au précédent catalogue (d’août dernier), car certains livres, présents dans celui-ci, ne se retrouveront pas forcément dans le prochain… même si toujours en stock !

 

À samedi, pour ce nouveau catalogue livres…

Et le début de deux longs mois de pure folie !

Oooooooh oui !!!  

 

catalogue livres

06/02/2014

6 février 1945

Le souvenir de Brasillach

 

Les gens qui cherchent aujourd’hui les écrivains de droite et ne les trouvent pas auraient intérêt à se rendre au cimetière. De même ceux qui nous demandent où sont nos maîtres…

Je ne pense pas que Robert Brasillach eût aimé s’entourer de disciples concertés. Il avait trop le goût des amitiés. Mais il y avait une leçon permanente à tirer de ses livres, de ses articles, de sa conversation, et c’était la leçon d’un cœur bien fait. Je dirai qu’il est peu de jours où ce cœur ne nous manque.

En réservant l’issue la plus virile à celui qui nous apprenait le sens des mots bonheur, légèreté, enfance, les destins ne se sont pas abusés : ils ont pris au sérieux, jusqu’à l’absurdité tragique une œuvre, une vie, en qui s’accomplissait l’alliance singulière de la grâce humaine et de l’engagement militant.

Je ne crois pas qu’il soit bien honnête, ni profitable, de se dissimuler que Robert Brasillach fut un homme politique. Ses romans de charme – au sens le plus envoûtant du mot – recouvrent une compréhension aiguë des époques et des cités, des mœurs et des éthiques. Il était éminemment de son temps, cherchant, avec quelle sympathie passionnée, à en dégager une mythologie qui portât encore quelque douceur de vivre. En revanche, il lui voulait un style. Sa politique, là-dedans, fut d’un alchimiste qui souhaite de donner au crépuscule les couleurs de l’aurore.

Cet appétit, cet art de transmuer les réalités conduisirent ce poète politique à faire une politique de poète, la plus valable à mon sens, la plus généreuse en tout cas. Et de même qu’il savait susciter et goûter les saveurs d’une civilisation en perdition, de même s’efforçait-il d’estimer ses ennemis qu’il appelait « ses adversaires fraternels ».

L’usage s’en perd. Il y a là aussi beaucoup d’enseignements à tirer.

C’est sous ce climat de tendresse pour le monde, sans mièvrerie, que je situe à jamais Robert Brasillach. L’éloignement exemplaire où l’a placé son assassinat ne dissipe pas la chaleur prochaine qu’il faisait rayonner autour de lui. Il peuple toujours certaines de nos rues et certains de nos moments.

Et pourtant, je ne l’ai vu qu’une seule fois. C’était pendant l’Occupation, à la terrasse du Flore. Jean-Paul Sartre passait sur le boulevard, fuyant vers une victoire certaine et confortable.

Il m’est arrivé de revoir Jean-Paul Sartre, entouré de jeunes camarades, assis comme nous l’étions ce matin-là, graves et captivés. J’en ai éprouvé comme d’un pincement. Ce n’est pas qu’il n’y ait places autour des guéridons pour toutes les jeunesses et toutes les écoles qu’on voudra, mais Brasillach…

Un maître, dites-vous ?

J’aurais bien aimé me promener avec lui.

 

Antoine Blondin : « Ma vie entre des lignes » 

 

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29/01/2014

Vingt ans de grogne et de gloire...

Boutique Fiertés Européennes :

 

COIGNET Jean-Roch :

 

« Vingt ans de grogne et de gloire avec l’empereur »

 

« Aux vieux de la vieille ! Souvenirs de J.-R Coignet, soldat de la 96ème demi-brigade - Soldat et sous-officier au 1er régiment des grenadiers à pied de la garde - Vaguemestre du petit et du grand quartier impérial - Capitaine d’état-major en retraite - Premier chevalier de la Légion d’Honneur - Officier du même ordre - 1851 »

 

« J'avais soixante-douze ans. Une perte récente et cruelle me laissait dans l'isolement le plus complet. La tristesse et l'ennui m'accablaient. Je rappelai, pour me distraire, le souvenir de temps déjà bien éloignés, et j'en composai le récit qu'on va lire. Si quelques erreurs ont pu s'y glisser, elles sont involontaires. Que mes lecteurs me les pardonnent, en faveur de ma bonne foi et de ma sincérité. Je n'ai pas reçu, dans mon enfance, la moindre éducation. À trente-trois ans, je ne savais ni lire ni écrire. Deux vélites de la garde (nommés Gobin et Gallot… je me rappellerai toujours leurs noms !) furent mes maîtres d'école. C'était en 1808, entre Friedland et Wagram. »

( Jean-Roch Coignet )

 

Walter Beckers éditeur – Collection du XXème siècle / 1969.

( Edition de luxe, « Collection Club », sur papier spécial, typo Helvetica ).

Reliure éditeur façon cuir (gris-beige marbré) + tête et titre dorés sur dos à 6 nerfs, plat illustré en dorure. Illustrations hors-texte.

Un tout petit choc (à peine visible) sur un premier plat présentant une légère patine suite à quelques frottements, ainsi qu'une ou deux petites traces de stockage sur quatrième… sans quoi il est très bien, sain, propre et pour le moins fort beau !

 

276 pages / 21,5 x 14,5 cms / 550 grammes.

>>> 6 €uros. / disponible.

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Jean-Roch Coignet

 

15/01/2014

Dominique VENNER : Les armes à feu françaises

Boutique Fiertés Européennes :

 

Dominique VENNER : « Les armes à feu françaises »

 

Les armes à feu françaises réglementaires et civiles du XVIe au XXe siècle.

Pendant près de trois siècles, l’arquebuserie française a donné le ton à l’Europe entière et même au Nouveau Monde. Les armes de Versailles, de Paris, de Lyon ou de Saint-Étienne étaient les plus élégantes, les mieux conçues, les plus modernes aussi. En ce temps là, l’arme (pistolet ou fusil) n’était pas un instrument de massacre collectif. Elle était un symbole de courage, de noblesse, voire même de plaisir. C’est cette arme-là qui est évoquée ici :

 

·          Les armes dans la littérature française.

·          Les arquebusiers des rois de France.

·          Boutet et la Manufacture de Versailles.

·          L’histoire des platines réglementaires.

·          Les pistolets de duel.

·          Les inventions Delvigne et Chamelot-Delvigne.

·          Lefaucheux, la chasse et la marine.

·          Chassepot, Gras et Lebel.

·          Tous les pistolets réglementaires.

·          Le dictionnaire des fusils réglementaires.

·          Les systèmes français de A à Z.

 

Jacques Granger éditeur – 1979 – 334 pages – 22 x 17 cms – 780 grammes.

Etat = deux petites déchirures (3 à 4 mm) soigneusement restaurées au dos de la jaquette, ainsi que quelques petites marques de stockage et manipulation(s), mais rien de franchement notable, l’ouvrage est en excellent état !  

>>> 10 €uros. / Vendu ! N'est plus disponible. 

  

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Dominique Venner : Encyclopédiste de l’arme

09/01/2014

Maurice BARRÈS : N’importe où hors du monde

Boutique Fiertés Européennes :

 

Maurice BARRÈS : « N’importe où hors du monde »

 

Précédé de « Portrait de Maurice Barrès » par Henri Massis.

 

Édition originale réservée aux membres du Club des Éditeurs, un des 10.000 exemplaires numérotés sur pur Alfa d'Avignon. Ce volume contient plusieurs textes écrits à diverses époques, pour des revues, des journaux ou bien en préfaces, qui n'ont jamais été réunis, et que Maurice Barrès voulait joindre à ses dernières nouvelles.

Une visite à Lourdes / Monsieur Bertaud, libraire / Au service du ciel / La musulmane courageuse / L'invention romanesque : naissance de Bérénice / Émilienne / Fragoletta / Le frein couvert d'écume / Art et religion (à propos de la querelle de l'Oronte) / Mûrir / Quand les fées deviennent sorcières / La ville enchantée / Le réveil des morts au village / Un historien des plaisirs monmartrois / Voeux pour les enfants / Une journée napolitaine. 

+ Portrait de Maurice Barrès par Henri Massis + Préface par Philippe Barrès.

 

Le club des éditeurs – 1958 – 298 pages – 20 x 13,5 cm – 390 grammes.

Cartonnage éditeur pleine percaline blanche (motif illustré en couleurs par Jean Henry), gardes vertes, titre et nom d’auteur en rouge.

Etat = le rhodoïd ("plastique transparent") de protection est manquant et la tranche papier supérieure légèrement brunie… mais l’ensemble est en excellent état pour une cuvée 58, hormis une petite trace d’humidité (visible sur les photos… qui accentuent d’ailleurs le défaut) dans le coin supérieur gauche du premier plat et le haut de tranche.

Intérieur propre et sain, bonne tenue : tout à fait bon pour le service !

>>> 5 €uros. / Vendu ! Temporairement indisponible.  

 

Maurice Barrès 01.jpgAilleurs = entre 5 et 10 €uros sur Priceminister, selon les états

8 à 10 €uros sur abebooks.fr / 8 €uros sur livre-rare-book.com

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« Cette vision est riche de sens, émouvante, et bien que jamais, pour ma part, il ne m'ait été donné de rencontrer le funèbre cortège réveillé par le bruit des violons, je l'accompagne en esprit et de tout mon respect. Ces morts reviennent dans nos rues pour y donner le coup d’œil du maître. Ils s'inquiètent de savoir si leur héritage est en bonnes mains. Ayant construit la ville, distribué la vie, établi les principes d'où coulent nos mœurs et nos lois, quoi de plus naturel qu'ils veuillent s'assurer que, dans une société où l'inexpérience multiplie constamment ses essais, subsiste toujours leur pensée ! Je les comprends et je m'incline. Gloire à ceux qui demeurent dans la tombe les gardiens et les régulateurs de la cité ! Mais d'où vient cette angoisse qui pénètre jusqu'à la moelle ceux qui les virent passer ? Que craint-on ? Qu'auraient-ils pu faire, ces défunts ? Quelle pénitence glacée réservent-ils aux cœurs froids ?Vieux thème pour l'imagination, vieil air populaire moulu par les orgues de Barbarie et repris fantastiquement par tous les Paganini. Il nous remplit de mille rêveries qui semblent toujours sur le point de devenir des pensées claires Hélas ! le chant du coq donne au peuple des esprits le signal de l'évanouissement. Le cortège des ombres, suivi de mes songeries, se dissipe et se confond avec les brouillards de l'aube. »

 

Maurice BARRÈS, « N'importe où hors du monde ».

 

24/12/2013

Littérature de combat

Journal, 1958,  Dimanche 14 décembre

 

La moitié de la nuit passée avec Jean-Edern Hallier et Sollers, à essayer de nous entendre sur la revue. Je suis maintenant convaincu qu’aucun accord n’est possible avec Sollers. J’ai beaucoup d’estime et de respect pour lui ; n’empêche qu’il est dans le prolongement d’une race que je hais, la race de l’intellectuel hanté par le langage, le mot pour le mot, replié sur soi comme une vis sans fin, complètement coupé du monde, tout harnaché de littérature, protégé des superbes fécondes blessures de la colère, de l’amour et de l’honneur à vif. C’est une race stérile, comme on dit d’un pansement, d’un scalpel, qu’il est stérile. Ces gens-là sont immunisés contre toutes les maladies de l’âme, ils ont des âmes flambées, des âmes bouillies, lisses et blanches comme le marbre des laboratoires, ils sentent le bouin. l’alcool et l’éthylène, leurs gros yeux froids sont ceux des microscopes. Écrire leur [vie] est une fin en soi, un art pur. Moi je ne connais pas d’autre littérature qu’une littérature de combat. Je peux même dire que je ne connais pas de grande vie qui ne soit une vie de combat.

 

Jean-René HUGUENIN

Journal / éd. du Seuil, coll. Points, 1964, 1993.

 

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Source : Maudit Septembre 62

http://mauditseptembre62.hautetfort.com/

05/11/2013

Sulfureux et réac'...

Les "grands commis d'État" n'ont pas salué Gérard de Villiers.

 

 

Les obsèques de l'écrivain Gérard de Villiers, mort jeudi à 83 ans, auront lieu jeudi 7 novembre à 14h30 à l'église Saint-Honoré d'Eylau, dans le seizième arrondissement de Paris, a annoncé samedi son avocat maître Éric Morain.

L'inhumation aura lieu au cimetière de Passy.

 

Controversé en raison de son côté sulfureux et "réac" revendiqué, le mercenaire du polar hard n'a pas reçu les hommages posthumes de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.

"C'est dommage et regrettable" que le ministère n'ait pas réagi, "mais c'était un homme qui déplaisait aux grands commis d'État", a tancé Christine de Villiers, dernière épouse de l'auteur. "Que même à son décès le gouvernement ne souhaite pas le reconnaître, cela ne me surprend pas, malgré son immense popularité jusqu'aux États-Unis et ses millions de livres vendus", a-t-elle ajouté.

 

"Au refus de réaction du ministère, le prince Malko Linge (héros de la saga) répondit par un sourire tout aussi méprisant", a quant à lui tweeté Éric Morain. 

 

Le Point.fr (02/11/2013 à 16:10), source AFP. 

 

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 De Villiers with Jonas Savimbi, the leader of the rebel group Unita,

in Angola in 1982. (N.Y Times)

04/11/2013

The French elite pretend not to read him...

En hommage à ce monument de la "pulp littérature" et ce personnage haut en couleurs qu'était Gérard De Villiers (décédé jeudi dernier, 31 octobre 2013), nous reproduisons ici l'article que lui avait consacré le New York Times, en date du 30 janvier de cette même année.

 

The spy novelist who knows too much

 

Last June, a pulp-fiction thriller was published in Paris under the title “Le Chemin de Damas.” Its lurid green-and-black cover featured a busty woman clutching a pistol, and its plot included the requisite car chases, explosions and sexual conquests. Unlike most paperbacks, though, this one attracted the attention of intelligence officers and diplomats on three continents. Set in the midst of Syria’s civil war, the book offered vivid character sketches of that country’s embattled ruler, Bashar al-Assad, and his brother Maher, along with several little-known lieutenants and allies. It detailed a botched coup attempt secretly supported by the American and Israeli intelligence agencies. And most striking of all, it described an attack on one of the Syrian regime’s command centers, near the presidential palace in Damascus, a month before an attack in the same place killed several of the regime’s top figures. “It was prophetic,” I was told by one veteran Middle East analyst who knows Syria well and preferred to remain nameless. “It really gave you a sense of the atmosphere inside the regime, of the way these people operate, in a way I hadn’t seen before.”

The book was the latest by Gérard de Villiers, an 83-year-old Frenchman who has been turning out the S.A.S. espionage series at the rate of four or five books a year for nearly 50 years. The books are strange hybrids: top-selling pulp-fiction vehicles that also serve as intelligence drop boxes for spy agencies around the world. De Villiers has spent most of his life cultivating spies and diplomats, who seem to enjoy seeing themselves and their secrets transfigured into pop fiction (with their own names carefully disguised), and his books regularly contain information about terror plots, espionage and wars that has never appeared elsewhere. Other pop novelists, like John le Carré and Tom Clancy, may flavor their work with a few real-world scenarios and some spy lingo, but de Villiers’s books are ahead of the news and sometimes even ahead of events themselves. Nearly a year ago he published a novel about the threat of Islamist groups in post-revolutionary Libya that focused on jihadis in Benghazi and on the role of the C.I.A. in fighting them. The novel, “Les Fous de Benghazi,” came out six months before the death of the American ambassador, J. Christopher Stevens, and included descriptions of the C.I.A. command center in Benghazi (a closely held secret at that time), which was to become central in the controversy over Stevens’s death. Other de Villiers books have included even more striking auguries. In 1980, he wrote a novel in which militant Islamists murder the Egyptian president, Anwar Sadat, a year before the actual assassination took place. When I asked him about it, de Villiers responded with a Gallic shrug. “The Israelis knew it was going to happen,” he said, “and did nothing.”

Though he is almost unknown in the United States, de Villiers’s publishers estimate that the S.A.S. series has sold about 100 million copies worldwide, which would make it one of the top-selling series in history, on a par with Ian Fleming’s James Bond books. S.A.S. may be the longest-running fiction series ever written by a single author. The first book, “S.A.S. in Istanbul,” appeared in March 1965; de Villiers is now working on No. 197.

For all their geopolitical acumen, de Villiers’s books tend to provoke smirks from the French literati. (“Sorry, monsieur, we do not carry that sort of thing here,” I was told by the manager at one upscale Paris bookstore.) It’s not hard to see why. Randomly flip open any S.A.S. and there’s a good chance you’ll find Malko (he is Son Altesse Sérénissime, or His Serene Highness), the aristocratic spy-hero with a penchant for sodomy, in very explicit flagrante. In one recent novel, he meets a Saudi princess (based on a real person who made Beirut her sexual playground) who is both a dominatrix and a nymphomaniac; their first sexual encounter begins with her watching gay porn until Malko distracts her with a medley of acrobatic sex positions. The sex lives of the villains receive almost equal time. Brutal rapes are described in excruciating physiological detail. In another recent novel, the girlfriend of a notorious Syrian general is submitting to his Viagra-fueled brutality when she recalls that this is the man who has terrorized the people of Lebanon for years. “And it was that idea that set off her orgasm,” de Villiers writes.

“The French elite pretend not to read him, but they all do,” I was told by Hubert Védrine, the former foreign minister of France. Védrine is one of the unapologetic few who admit to having read nearly every one of Malko’s adventures. He said he consulted them before visiting a foreign country, as they let him in on whatever French intelligence believed was happening there.

About 10 years ago, when Védrine was foreign minister, de Villiers got a call from the Quai d’Orsay, where the ministry is based, inviting him to lunch. “I thought someone was playing a joke on me,” de Villiers said. “Especially because Védrine is a leftist, and I am not at all.” When he went to the ministry at the scheduled time, Védrine was waiting for him in his private dining room overlooking the Seine.

“I am very happy to join you,” de Villiers recalled telling the minister. “But tell me, why did you want to see me?”

Védrine smiled and gestured for de Villiers to sit down. “I wanted to talk,” he said, “because I’ve found out you and I have the same sources.”

 

De Villiers’s books have made him very rich, and he lives in an impressively grand house on the Avenue Foch, a stone’s throw from the Arc de Triomphe. I went there one day this winter, and after a short wait on the fourth-floor landing, a massive wooden door swung open, and I found myself facing a distinguished-looking man in brown tweeds with a long, bony face and pale brown eyes. De Villiers uses a walker — a result of a torn aorta two years ago — but still moves with surprising speed. He led me down a high-ceilinged hallway to his study, which also serves as a kind of shrine to old-school masculinity and kinky sex. I stood next to a squatting woman made of steel with a real MP-44 automatic rifle coming out of her crotch. “That one is called ‘War,’ ” de Villiers said. In the middle of the floor was a naked female figure bending over to peek at the viewer from between her legs; other naked women, some of them in garters or chains, gazed out from paintings or book covers. On the shelves were smaller figurines in ivory, glass and wood, depicting various couplings and orgies. Classic firearms hung on the wall — a Kalashnikov, a Tommy gun, a Winchester — and books on intelligence and military affairs were stacked high on tables. Among the photos of him with various warlords and soldiers in Africa, Asia and the Middle East, I noticed a framed 2006 letter from Nicolas Sarkozy, praising the latest S.A.S. novel and saying it had taught him a great deal about Venezuela. “He pretends to read me,” de Villiers said, with a dismissive scowl. “He didn’t. Chirac used to read me. Giscard read me, too.”

After an hour or so, de Villiers led me downstairs to his black Jaguar, and we drove across town to Brasserie Lipp, a gathering spot for aging lions of the French elite. As we pushed through a thick crowd to our table, a handsome old man with a deeply tanned face called out to de Villiers from across the room. It was the great French nouvelle vague actor Jean-Paul Belmondo. He grinned and waved de Villiers over for a conspiratorial chat.

“That’s Table No. 1,” de Villiers said as we sat down. “Mitterrand always used to sit there.” After a waiter rushed up to help him into his seat, de Villiers ordered a suitably virile lunch of a dozen Breton oysters and a glass of Muscadet. He caught me looking at his walker and immediately began telling me about his torn aorta. He nearly died and had to spend three months in a hospital bed. “If you fall off your horse, you have to get back on or you are dead,” he said. He was able to maintain his usual publishing pace even while in the hospital. There was only one real consequence: he had used the real name of the C.I.A. station chief in Mauritania in his manuscript, and in the confusion after the accident, he forgot to change the final text. “The C.I.A. was angry,” he said. “I had to explain. My friends at the D.G.S.E. [the French foreign-intelligence agency, General Directorate for External Security] apologized on my behalf, too.”

One of the many myths surrounding de Villiers is that he employs a team of assistants to help with his prodigious turnout. In fact, he does it all himself, sticking to a work routine that hasn’t changed in half a century. For each book, he spends about two weeks traveling in the country in question, then another six weeks or so writing. The books are published on the same schedule every year: January, April, June, October. Six years ago, at age 77, de Villiers increased his turnout from four books a year to five, producing two linked novels every June. “I’m not a sex machine, I’m a writing machine,” he said.

De Villiers was born in Paris in 1929, the son of a wildly prolific and spendthrift playwright who went by the stage name Jacques Deval. He began writing in the 1950s for the French daily France Soir and other newspapers. Early on, during a reporting assignment in Tunisia, he agreed to do a favor for a French intelligence officer, delivering a message to some members of the right-wing pro-colonial group known as la main rouge. It turned out de Villiers was being used as a pawn in an assassination scheme, and he was lucky to escape with his life. He returned to Paris and confronted the officer, who was completely unrepentant. The incident taught him, he said, that “intelligence people don’t give a damn about civilian lives. They are cold fish.” But rather than being turned off, de Villiers found that blend of risk and cold calculation seductive.

In 1964, he was working on a detective novel in his spare time when an editor told him that Ian Fleming, the creator of James Bond, had just died. “You should take over,” the editor said. That was all it took. The first S.A.S. came out a few months later. Although sales are down a bit since his peak in the 1980s, he still earns between 800,000 and a million euros a year (roughly $1 million to $1.3 million) and spends summers at his villa in St. Tropez, where he gads about on his boat by day and drives to parties in the evenings in his 1980s Austin Mini.

He has long been despised by many on the French left for his right-wing political views. “We are all strangled by political correctness,” he told me, and he used the word “fags” several times in our conversations. But his reputation as a racist and anti-Semite is largely myth; one of his closest friends is Claude Lanzmann, the Jewish leftist and director of “Shoah,” the landmark Holocaust documentary. And in recent years, de Villiers has gained a broader following among French intellectuals and journalists, even as his sales have slowed down. “He has become a kind of institution,” said Renaud Girard, the chief foreign correspondent of Le Figaro. “You can even see articles praising him in Libération,” the left-leaning daily.

 

De Villiers created Malko, his hero, in 1964 by merging three real-life acquaintances: a high-ranking French intelligence official named Yvan de Lignières; an Austrian arms dealer; and a German baron named Dieter von Malsen-Ponickau. As is so often the case, though, his fiction proved prophetic. Five years after he began writing the series, de Villiers met Alexandre de Marenches, a man of immense charisma who led the French foreign-intelligence service for more than a decade and was a legend of cold-war spy craft. De Marenches was very rich and came from one of France’s oldest families; he fought heroically in World War II, and he later built his own castle on the Riviera. He also helped create a shadowy international network of intelligence operatives known as the Safari Club, which waged clandestine battles against Soviet operatives in Africa and the Middle East. “He was doing intelligence for fun,” de Villiers told me. “Sometimes he didn’t even pick up the phone when Giscard called him.” In short, de Marenches was very close to being the aristocratic master spy de Villiers had imagined, and as their friendship deepened in the 1970s, de Villiers’s relationship with French intelligence also deepened and lasts to this day.

De Villiers has always had a penchant for the gruesome and the decadent. One of his models was Curzio Malaparte, an Italian journalist whose best-known book is “Kaputt,” an eerie firsthand account from behind the German front lines during World War II. Another was Georges Arnaud, the French author of several popular adventure books during the 1950s. “He was a strange guy,” de Villiers said. “He once confessed to me that he started life by murdering his father, his aunt and the maid.” (Arnaud was tried and acquitted for those murders, possibly by a rigged jury.) I couldn’t help wondering whether Georges Simenon, the famously prolific and perverted Belgian crime writer, was also an influence. Simenon is said to have taken as little as 10 days to finish his novels, and he published about 200. He also claimed to have slept with 10,000 women, mostly prostitutes. De Villiers laughed at the comparison. “I knew Simenon a little,” he said, then proceeded to tell a raunchy story he heard from Simenon’s long-suffering wife, involving roadside sex in the snow in Gstaad.

This seemed like a good moment to ask about de Villiers’s own preoccupations. “I’ve had a lot of sex in my life,” he said. “That’s why I have so much trouble with wives. In America they would say I am a ‘womanizer.’ ” He has married four times and has two children, and now has a girlfriend nearly 30 years his junior, an attractive blond woman whom I met briefly at his home. When I suggested that the sex in S.A.S. was unusually hard-core, he replied with a chuckle: “Maybe for an American. Not in France.”

One thing de Villiers does not have is serious literary ambitions. Although he is a great admirer of le Carré, he has never tried to turn espionage into the setting for a complex human drama. He writes the way he speaks, in terse, informative bursts, with a morbid sense of humor. When I asked whether it bothered him that no one took his books seriously, he did not seem at all defensive. “I don’t consider myself a literary man,” he said. “I’m a storyteller. I write fairy tales for adults. And I try to put some substance into it.”

 

I had no idea what kind of “substance” until a friend urged me to look at “La Liste Hariri,” one of de Villiers’s many books set in and around Lebanon. The book, published in early 2010, concerns the assassination of Rafiq Hariri, the former Lebanese prime minister. I spent years looking into and writing about Hariri’s death, and I was curious to know what de Villiers made of it. I found the descriptions of Beirut and Damascus to be impressively accurate, as were the names of restaurants, the atmosphere of the neighborhoods and the descriptions of some of the security chiefs that I knew from my tenure as The Times’ Beirut bureau chief. But the real surprise came later. “La Liste Hariri” provides detailed information about the elaborate plot, ordered by Syria and carried out by Hezbollah, to kill Hariri. This plot is one of the great mysteries of the Middle East, and I found specific information that no journalists, to my knowledge, knew at the time of the book’s publication, including a complete list of the members of the assassination team and a description of the systematic elimination of potential witnesses by Hezbollah and its Syrian allies. I was even more impressed when I spoke to a former member of the U.N.-backed international tribunal, based in the Netherlands, that investigated Hariri’s death. “When ‘La Liste Hariri’ came out, everyone on the commission was amazed,” the former staff member said. “They were all literally wondering who on the team could have sold de Villiers this information — because it was very clear that someone had showed him the commission’s reports or the original Lebanese intelligence reports.”

When I put the question to de Villiers, a smile of discreet triumph flashed on his face. It turns out that he has been friends for years with one of Lebanon’s top intelligence officers, an austere-looking man who probably knows more about Lebanon’s unsolved murders than anyone else. It was he who handed de Villiers the list of Hariri’s killers. “He worked hard to get it, and he wanted people to know,” de Villiers said. “But he couldn’t trust journalists.” I was one of those he didn’t trust. I have interviewed the same intelligence chief multiple times on the subject of the Hariri killing, but he never told me about the list. De Villiers had also spoken with high-ranking Hezbollah officials, in meetings that he said were brokered by French intelligence. One assumes these men had not read his fiction.

What do the spies themselves say about de Villiers? I conducted my own furtive tour of the French intelligence community and found that de Villiers’s name was a very effectivepasse-partout, even among people who found the subject mildly embarrassing. Only one of those I spoke with, a former head of the D.G.S.E., said he never provided information to de Villiers. We met in a dim corridor outside his office, where we chatted for a while about other matters before the subject of de Villiers came up. “Ah, yes, Gérard de Villiers, I don’t know him,” he said, chuckling dismissively, as if to suggest that he had not even read the books. Then after a pause, he confessed: “But one must admit that some of his information is very good. And in fact, one sees that it has gotten better and better in the past few novels.”

Another former spook admitted freely that he had been friends with de Villiers for years. We met at a cafe in Saint-Germain-des-Prés on a cold, foggy afternoon, and as he sipped his coffee, he happily reeled off the favors he’d done — not just talking over cases but introducing de Villiers to colleagues and experts on explosives and nuclear weapons and computer hacking. “When de Villiers describes intelligence people in his book, everybody in the business knows exactly who he’s talking about,” he said. “The truth is, he’s become such a figure that lots of people in the business are desperate to meet him. There are even ministers from other countries who meet with him when they pass through Paris.”

A third former government official spoke of de Villiers as a kind of colleague. “We meet and share information,” he told me over coffee at a Paris hotel. “I’ve introduced him to some sensitive sources. He has a gift — a very strong intellectual comprehension of these security and terrorism issues.”

It is not just the French who say these things. De Villiers has had close friends in Russian intelligence over the years. Alla Shevelkina, a journalist who has worked as a fixer for de Villiers on a number of his Russian trips, said: “He gets interviews that no one else gets — not journalists, no one. The people that don’t talk, talk to him.” In the United States, I spoke to a former C.I.A. operative who has known de Villiers for decades. “I recommend to our analysts to read his books, because there’s a lot of real information in there,” he told me. “He’s tuned into all the security services, and he knows all the players.”

 

Why do all these people divulge so much to a pulp novelist? I put the question to de Villiers the last time we met, in the cavernous living room of his Paris apartment on a cold winter evening. He was leaving on a reporting trip to Tunisia the next day, and on the coffee table in front of me, next to a cluster of expensive scotches and liqueurs, was a black military-made ammunition belt. “They always have a motive,” he said, absently stroking one of his two longhaired cats like a Bond villain at leisure. “They want the information to go out. And they know a lot of people read my books, all the intelligence agencies.”

Renaud Girard, de Villiers’s old friend and traveling companion, arrived at the apartment for a drink and offered a simpler explanation. “Everybody likes to talk to someone who appreciates their work,” he said. “And it’s fun. If the source is a military attaché, he can show off the book to his friends, with his character drawn in it.” He also suggested that if the source happens to have a beautiful wife, she will appear in a sex scene with Malko, and some of them enjoy this, too. “If you have read the books,” he said, “it’s fun to enter the books.”

I asked de Villiers about his next novel, and his eyes lighted up. “It goes back to an old story,” he said. “Lockerbie.” The book is based on the premise that it was Iran — not Libya — that carried out the notorious 1988 airliner bombing. The Iranians went to great lengths to persuade Muammar el-Qaddafi to take the fall for the attack, which was carried out in revenge for the downing of an Iranian passenger plane by American missiles six months earlier, de Villiers said. This has long been an unverified conspiracy theory, but when I returned to the United States, I learned that de Villiers was onto something. I spoke to a former C.I.A. operative who told me that “the best intelligence” on the Lockerbie bombing points to an Iranian role. It is a subject of intense controversy at the C.I.A. and the F.B.I., he said, in part because the evidence against Iran is classified and cannot be used in court, but many at the agency believe Iran directed the bombing.

De Villiers excused himself to continue packing for Tunisia, after cheerfully delivering his cynical take on the Arab Spring. (“What this really means is the empowerment of the Muslim Brotherhood across the region.”) His views on other subjects are similarly curt and disillusioned. “Russia? Russia is Putin. People fooled themselves with Medvedev that there would be change. I never believed it.” And Syria? “If Bashar falls, Syria falls. There is nothing else to hold that country together.”

Girard and I poured ourselves more Scotch, and he began reeling off stories of his and de Villiers’s adventures together. Many of them involved one of de Villiers’s former wives, who always seemed to show up in Gaza or Pakistan in wildly inappropriate dress. “One time in the mid-’90s, we went to a Hamas stronghold together, and Gérard had his wife with him, wearing a very provocative shirt with no bra,” Girard said. “There were young men there who literally started stoning us, and we had to flee.”

It was getting late, and Girard seemed to be running out of stories. “He is 83 years old, and he is not slowing down,” he said before we parted. “He still goes to Mali and Libya, even after his heart troubles.” He paused for a moment, looking into his Scotch. “I remember one time during the rebellion in Albania, in 1997, we were sitting on a rooftop together, and we started talking about death. He told me: ‘I will never stop. I will keep going with my foot on the accelerator until I die.’ ”

 

Robert F. Worth, pour le New-York Times / 30 janvier 2013.

 

Lire l'article sur le site du New Yok Times.

 

Denis Rouvre for The New York Times.jpg

Photo : Denis Rouvre, for The New York Times

08/10/2013

Pour venger A.D.G

Venant tout juste de me re-re-re-lire un certain "Pour venger Pépère"

D'un non moins certain A.D.G 

Je me suis rendu compte, avec horreur et consternation, que nous n'avions pas encore - ne serait-ce qu'une humble et misérable fois - causé dudit A.D.G au sein de ce blog !?!! 

Alors "hop", je répare de ce pas cette hérésie, vous colle (ci-dessous) la bannière (et le lien) menant au blog "Pour venger A.D.G" (tenu par L'association des amis d'A.D.G)

Puis, un peu plus bas encore, trois petits (mais excellents) articles (glanés sur le net) ; en espérant que tout ceci donnera envie, à ceux et celles qui ne connaissent pas encore "notre hussard du jour" d'en savoir plus

Mais aussi (et surtout) de se plonger dans ses écrits.  

Association-Amis-dADG.png

http://www.pourvengeradg.com/ 

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"J'ai souvent entendu dire que le cancer est une maladie longue et douloureuse. C'est surtout une maladie chiante", disait ADG à Libération il y a un an tout juste. Le "foutu crabe" a finalement eu raison du romancier, dans la nuit de lundi à mardi, à Paris.

Né un 19 décembre (comme Manchette) 1947, ADG était revenu sur la scène littéraire en 2003, avec Kangouroad Movie à "La Noire" (Gallimard), après un silence de près de quinze ans. Les amateurs n'avaient pas oublié ce drôle de type gouailleur, provocateur dans l'âme et le plus politiquement incorrect de tous les auteurs de polars. Reporter à Minute, secrétaire général de rédaction du Rivarol, ami intime de Le Pen et abonné aux fêtes Bleu-Blanc-Rouge, ADG avait "cessé d'être fréquentable" au début des années 80. Auparavant, il avait été l'alter ego de Jean-Patrick Manchette et l'un des principaux artisans du néopolar français.

C'est Roger Giroux, traducteur de Lawrence Durrell, qui le découvre en 1971 et qui l'incite à publier son premier roman à la Série Noire, la Divine surprise, à quelques semaines d'intervalle avec la sortie du premier Manchette, l'Affaire N'Gustro. L'année suivante, trois romans signés ADG paraissent, toujours en Série Noire : la Marche truque, les Panadeux et la Nuit des grands chiens malades, première incursion dans l'univers rural de Touraine, son pays natal. L'irruption du roman noir dans les humides contrées berrichonnes, où les personnages ne boivent pas du Bourbon mais du Montlouis, lui vaut un succès immédiat. Son style aussi, en héritage direct les Simonin, Blondin, Malet et, naturellement, Céline, fait merveille. L'année suivante, il publie Berry Story, la suite des aventures des croquants Berrichons aux prises avec une communauté hippie. Dans la foulée, il enchaîne avec un de ses probablement meilleurs romans, L'otage est sans pitié, où un directeur de banque se séquestre lui-même pour cambrioler son établissement, et surtout Je suis un roman noir, déambulation d'un auteur de roman policier rattrapé par la noirceur de son univers.

Entre-temps, ADG aura eu le loisir de régler ses comptes avec ses racines dans le Grand Môme, suite explicite du Grand Meaulnes d’Alain Fournier. Il faut dire que le vrai nom d’ADG est Alain Fournier. Une preuve d’humour un peu particulière de ses parents (de gauche) qui conduira le jeune Alain à, en premier lieu, prendre un pseudonyme (Alain Dreux Galloux, initiales ADG), puis à s’engager comme enfant de troupe "pour les emmerder" et enfin au FN.

Durant ces années prolixes, celui qui se définit lui-même comme "un réac pur et dur" se forge une réputation d'infréquentable. Dans les années 80, brouillé avec la plupart de ses amis de gauche, il pousse le bouchon jusqu'à se fâcher aussi avec ses amis d'extrême droite. Après une engueulade homérique avec la quasi-totalité de la rédaction de Minute, il plaque tout et part en Nouvelle-Calédonie en 1981, où il tombe amoureux à la fois du pays et d'une jeune femme du coin. Là, il découvre le Far West. "Il y avait les cow-boys, les Indiens et même le 7e de cavalerie". De là-bas, il n'a aucun mal à vendre à son ami Louis Nucéra, alors directeur de collection chez Lattès, un projet de saga de la Nouvelle-Calédonie, le Grand Sud. Dès les premiers événements, il en abandonne l'écriture, après publication d'un premier tome, pour créer un hebdomadaire anti-indépendantiste. Cet organe de presse douteux lui vaut la haine de la moitié de l'île, et ses trois autres romans, pas très bons selon l'auteur lui-même, lui ferment définitivement les portes des maisons d'édition parisiennes.

Colère. Il ne remet les pieds en métropole qu'en 1991. Un divorce douloureux en cours, une dépression épaisse comme un ciel d'hiver en Touraine et, pour finir, le diagnostic d'un cancer. S'il décide de se remettre à écrire, c'est sur un coup de colère. Quand Gallimard célèbre le cinquantenaire de la Série Noire, il est l'un des rares à ne pas avoir été réédité. "Un comble pour un gars qui est toujours resté fidèle à la collection". Il se lance alors dans Kangouroad Movie, périple australien poilant. "J'avais décidé de fabriquer une supercherie : un polar australien que j'aurais découvert et traduit. Une fois le texte publié, j'aurais annoncé que j'en étais l'auteur. Comme ça, pour les emmerder".

Il y a un an tout juste, ADG parlait de se réacclimater à la France, de réapprendre son écriture. Il parlait d'un prochain roman où il voulait faire mourir son premier héros, Sergueï Djerbitskine, alias Machin : "Je me suis fâché avec l'ami dont je me suis inspiré pour le  personnage. Je lui réserve un chien de ma chienne. Pour l'emmerder". Le roman ne verra sans doute jamais le jour, mais la mort d'ADG nous emmerde bien.

 

Bruno ICHER, "Mort d'un emmerdeur".

Libération, mercredi 03 novembre 2004.

Source

 

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ADG-01.jpgL'insolence des anarchistes de droite.

 

Les anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la "modernité", autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (Les Diaboliques), à moins que ce ne soit Molière (Tartuffe). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh.

Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (Monsieur Jadis), Roger Nimier (Le Hussard bleu), Jean Dutourd (Les Taxis de la Marne) ou Jean Cau (Croquis de mémoire). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautains, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs ou Le Professionnel), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype.

Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la  main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains.

À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser.

En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett. Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Ecriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette.

Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 L'affaire N'Gustro, directement inspirée de l'affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré. Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir.

Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant "ouisquie" comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de Bande à part.

Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait Pour venger Pépère (Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les "valeurs" avariées d’une époque corrompue. L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé "Machin", journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et "droit comme un tirebouchon". On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours.

Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur.

Au lendemain de sa mort (1er novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avec J’ai déjà donné, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite.

 

Article de Dominique Venner, paru dans Le Spectacle du Monde de décembre 2011

Source 

 

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(...) Après avoir été enfant de troupe à l’âge de douze ans et être sorti du système scolaire avec pour seul bagage son BEPC, il débute dans la vie active comme employé de banque, puis exerce les métiers de bouquiniste et de brocanteur : "Étant bouquiniste et lisant mon fonds davantage que le vendant, je n’eus pas de peine à assouvir mes faims de lecteur et la découverte des pamphlets (de Céline évidemment) me secoua rudement ". C’est décidé, il vivra de sa plume et son premier roman intitulé Lettre ouverte à un magistraillon en 1969 résume bien le style où s’entremêle des avalanches de trouvailles argotiques, des calembours et néologismes.

La parodie n’est jamais loin et bouscule les codes habituels du polar. On pense à Audiard, Boudard, ça fleure bon la France des années 70, Paris, le Berry mais surtout sa région natale : Tours, Véretz, Bléré, Francueil, Amboise, La Croix ou Loches (cf. notamment Pour venger pépère). Il signe chacun de ses romans en y insérant une allusion au pamphlétaire Paul-Louis Courier dont le monument commémoratif se trouve sur la place principale de Véretz depuis 1878, et un de ses personnages fétiche, le journaliste alcoolique et anarchisant Sergueï Djerbitskine, alias Machin est en partie inspiré de son ami Serge de Beketch, né à Tours lui aussi.

Cet amour pour sa terre le conduira tout naturellement à la politique… à droite :

"C’était encore notre manie de jouer les Hussards : entre l’élitisme et l’éthylisme, plus très jeunes gens de trente-cinq ans, nous avions choisi le cynisme morbide de ceux qui sont condamnés par la massification. Vilain mot qui commence comme massicot et finit comme dissection mais bref, nous étions de droite rien que pour emmerder le monde qui d’ailleurs s’en fichait". 

Il trempa sa plume dans le vitriol pour Minute, le Figaro Littéraire ou Rivarol. Il s’engagera également férocement dans le combat contre l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, où il s’exilera de 1981 à 1991. Cela lui valu d’être le seul auteur de renom de la Série noire à ne pas être réédité lors du cinquantenaire de la collection en 1997. Une marque de plus de la tolérance du parisianisme littéraire… mais comment pourraient-ils accepter ces réponses iconoclastes lors du fameux questionnaire de Proust ?

 

Tes héroïnes dans la vie réelle ?

— Jeanne d’Arc, sainte Blandine, la duchesse d’Angoulême.

 

Fait militaire que tu admires le plus ?

— 732 : la bataille de Poitiers.

 

Tes auteurs favoris en prose ?

— Marcel Aymé, Jacques Perret, Alexandre Dumas, Céline.

 

Les obsèques d’A.D.G., célébrées le 5 novembre 2004 en l’église Saint-Eugène Sainte-Cécile à Paris – avant son inhumation dans sa terre de Véretz –, ont donné l’occasion de voir réunies diverses personnalités de la "droite nationale", mais aussi Dominique Jamet ou Jean Raspail.

Quand vous passez par Véretz, n’oubliez pas de boire un petit blanc afin de saluer cet homme libre…

 

Benoit Loeuillet, pour Vox Populi

Source

 

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16/08/2013

Catalogue Livres - Août 2013

Les 5 chapitres du nouveau « catalogue livres » sont en ligne depuis hier.

 

Cliquez ici > Catalogue livres août 2013 

 

Bonne lecture et bonne chasse !

 

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