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26/08/2015

En Europe, c’est l’été.

En Europe, c’est l’été.

Par Israël Shamir – Le 17 août 2015 – Source plumenclume.org

L’été règne sur toute l’Europe, de la Grèce jusqu’à la Suède. Les vacances ont vidé les bureaux, et rempli les plages. Des fleurs partout, des fleuves de parfums. Des festivals sans fin, des performances et autres installations artistiques agrémentent les anciennes cités désuètes. Mais ça ne se passe pas comme d’habitude. Le vieux continent est malade. La vie est belle, mais pas pour vous. Les bonnes choses vous passent sous le nez, et le chômage est au plus haut.

L’austérité pour tous sauf les banquiers et les politiques corrompus, c’est le mot d’ordre. La protection sociale rétrécit, mais les budgets militaires grossissent, et l’Otan n’en finit pas de s’étendre. En dehors de l’Allemagne, les pays européens membres sont désindustrialisés, leurs travailleurs perdent leur savoir-faire et finissent dans les services. Un caddie de golf risque moins de créer des problèmes qu’un ouvrier de l’industrie, certes. La démocratie n’est jamais tombée aussi bas.

Après la débâcle Syriza, en Grèce, on ne fait plus guère confiance à la rhétorique gauchiste. De toute l’histoire moderne européenne, on avait jamais vu une reddition aussi honteuse, une telle trahison. Alexis Tsipras est une traduction grecque de Vijkum Quisling, ou Maréchal Pétain. Il a reçu le plein soutien de son peuple, et il s’est dégonflé ! La première décision de Syriza après son fiasco a été d’entamer une coopération militaire avec Israël. Aube Dorée, le mouvement d’extrême-droite, n’est plus seul à clamer contre cet abaissement devant les banquiers, mais c’est un parti dans l’opposition, et il ne risque rien à pousser des coups de gueule.

Les partis de gauche et de droite sont maintenant bien semblables. L’Europe n’a plus ni vraie droite ni vraie gauche. La pseudo gauche soutient les guerres impérialistes et émascule l’homme. La pseudo droite soutient les guerres impérialistes et supprime les impôts pour les riches. C’était plus drôle avec les partis traditionnels, avec la droite qui haïssait les financiers et maintenait la tradition, l’Église et la famille, tandis que la gauche attaquait la bourgeoisie, se souciait des travailleurs, et se battait pour la justice sociale. Dans les termes de Douglas Adams, «les hommes étaient de vrais hommes et les femmes de vraies femmes, chacun à sa place et les vaches étaient bien gardées». Maintenant tous poussent les femmes dans les conseils d’administration des multinationales, se disputent les donations juives et rivalisent de risettes pour se faire bien voir des gays.

Sur des questions importantes, c’est du pareil au même, comme disait, perspicace, ma logeuse chinoise. La gauche veut plus d’immigration, pour des raisons humanitaires et par antiracisme, tandis que la droite est d’accord, pour avoir une main d’œuvre moins chère et pour forcer les natifs à plus de docilité. Le résultat est le même.

Les gens qui se voient menacés par l’immigration votent souvent pour la droite,  parce qu’ils pensent qu’une petite dose de racisme débouchera sur de réelles actions. Mais c’est en vain. Prenez Nicolas Sarkozy, ex-président français. Il flatte son électorat avec une ligne raciste, mais c’est lui qui a bombardé la Libye et envoyé plus d’immigrants en France qu’aucun gauchiste ne l’a jamais fait. A moins, bien sûr, que le président actuel François Hollande ne parvienne à le surpasser, puisque son soutien aux rebelles syriens a déjà envoyé un million de réfugiés en Europe.

Au Royaume-Uni, Tony Blair a détruit le parti travailliste. Il a fait du vieux parti des ouvriers et des mineurs des éclaireurs des tories. Il a soutenu absolument toutes les campagnes militaires US et y a gagné le titre honorable de caniche britannique. Favori d’Israël et du lobby israélien, c’est un autre de ses titres de gloire. Il n’est plus au pouvoir, mais ceux qui le soutenaient dans son parti sont toujours là. Et ils continuent à perdre…

Les travaillistes voudraient que ce soit Jeremy Corbyn qui soit leur chef. Blair le déteste, ce qui est sûrement une excellente recommandation. On s’attend à ce qu’il soit un nouveau Michael Foot, qui était un grand homme à l’ère pré-thatcherienne. Il veut le  désarmement nucléaire, il a parlé en termes positifs du Hamas et du Hezbollah, il a voté contre la Marche vers l’Est des guerres américaines.  Littlewood l’a appelé «l’antidote à l’emprise sioniste». Il pourrait changer la donne, s’il parvenait au pouvoir. Mais les autres vont le maintenir à l’écart, parce que les gens qui sont derrière les partis préfèrent des politiciens faibles et perméables.

Le parti d’extrême-droite BNP se veut l’héritier des vrais travaillistes. Ils disent que les ouvriers anglais votent pour le BNP. Ce qui ne manque pas d’un certain fondement. Car la vraie gauche, qu’il s’agisse de la variété chinoise, soviétique ou cubaine, était strictement anti-immigration. Mais l’immigration n’est qu’une question parmi d’autres, alors que le BNP a rétréci son horizon pour ne développer qu’une politique anti-musulmane. Ils n’essayent même pas d’affronter le vrai problème, qui est la richesse démesurée de quelques-uns, édifiée sur l’appauvrissement de vastes majorités.

Le Front national en France a des côtés plus reluisants, et plus de soutiens. En fait, le FN est probablement le seul parti bien vivant en France, les autres sont morts. Il veut sortir la France de l’Otan et de l’Union européenne, pour retrouver l’amitié avec la Russie et la souveraineté nationale. Leur arrivée à l’Élysée changerait bien des choses en Europe, mais cela arrivera-t-il un jour?

Le grand problème de l’Europe, c’est l’occupation américaine. Elle est là, la source de des problèmes. En 1945, le continent a été partagé entre US et URSS. En 1991, les Russes se sont retirés, mais aucune liberté ne s’en est suivie : ce sont les US qui ont pris la place, occupant toute l’Europe, depuis Narva en Estonie jusqu’à Oeiras au Portugal, depuis la Baie de Souda en Crète jusqu’à Orland en Norvège. Sur ces fondements militaires, ils ont renforcé la pression politique. Et leur joug pèse sur les pierres grises de la vieille Europe. Les mesures qu’ils forcent les dirigeants européens à prendre nuisent  au continent. Les dirigeants prennent les mauvaises décisions, et c’est le peuple qui trinque.

L’Europe avait un excellent client pour sa production. La Russie lui achetait machines-outils, fromages, vins et voitures, et fournissait du gaz et du pétrole à bon marché. Les US ont mis fin à ces échanges profitables. Et maintenant les Européens bradent leurs pommes et leurs fromages, dépensent plus en achats militaires, et importent du gaz américain cher.

L’Europe avait un ami quelque peu excentrique, Kadhafi, le colonel à la retraite. Il vendait du pétrole bon marché, importait des marchandises européennes pour sa petite population prospère, et donnait du travail à des millions d’Africains. Sous la houlette US, l’Otan a bombardé la Libye, sodomisé le colonel avec un flingue, l’a lynché, et anéanti son pays. Les Africains déferlent, depuis, en Europe, sur tout ce qui peut flotter sur la mer.

L’Europe pouvait compter sur l’amitié de l’ex-ophtalmologiste de Londres, qui était à Damas. Il y ramenait des marchandises européennes, gardait son pays à flot, fréquentait Paris. Sous la direction US, cet homme aimable s’est vu traiter de génocideur, et ils ont armé ses ennemis, les takfiristes fanatiques. Son pays a été dévasté et des millions de réfugiés syriens ont fui en Europe.

Ils y ont retrouvé les Irakiens, dont le pays a été ruiné par l’invasion US de 2003. Le pays le plus avancé du Proche-Orient, avec un système d’éducation et de santé gratuites, avec les meilleurs ingénieurs et une armée solide, est devenu un nid de bagarres sectaires, tandis que des millions d’Irakiens rejoignaient l’Europe. Les Afghans, Palestiniens, Arabes, Africains se retrouvent en Europe, s’ils parviennent à échapper au poing d’acier qui écrase leurs pays.

Mon ami Roger van Zwanenberg, éditeur de la maison Pluto, estime que l’effroyable dévastation du Proche-Orient du fait des guerres commandées par les États-Unis s’explique par l’influence sioniste et correspond au souhait israélien de voir la région fragmentée et soumise dans le cadre du paradigme d’un Grand Israël du Nil à l’Euphrate.

C’est tout à fait plausible, si on garde à l’esprit la scène récente de Netanyahou devenu objet de vénération au Congrès US. Les promoteurs des guerres étaient principalement les néocons archi-sionistes, Wolfowitz, Perle et consorts. Ils ont poussé à l’invasion de l’Irak et voulaient en faire autant en Iran. Mais pourquoi ces mégalomaniaques borneraient-ils leurs rêves de suprématie au Proche-Orient? Pourquoi ne pas viser la domination mondiale? S’ils veulent mettre en pièces les vieilles sociétés orientales, ils peuvent le faire aussi en Europe, et y mettre le paquet. L’Europe est bel et bien une victime du conflit. Sans ces guerres, les vagues d’immigrants ne recouvriraient pas l’Europe comme le Proche-Orient. Par conséquent, quels que soient les commanditaires de ces guerres, ils ont probablement essayé de démolir l’Europe comme le Proche-Orient, et l’Europe était la plus importante des victimes visées, parce qu’il fallait lui briser la nuque, la faire rentrer dans le droit chemin de la domination mondiale. Et le Proche-Orient n’est pas la seule source de réfugiés et d’immigrants.

Jadis, l’Union européenne était une union des États issus de l’empire de Charlemagne, et peut-être une idée qui se tenait. Mais les US ont pris le contrôle de Bruxelles et ont forcé l’intégration des États de l’Est européen, sous la coupe de dévots de l’Amérique furieusement anticommunistes. A l’intérieur de l’UE, les pays développés de l’ancienne union ont dévoré les pays périphériques moins développés. Les États baltes ont perdu environ un tiers de leur population ; la Lettonie est passée de 2,7 millions d’habitants à la fin de l’époque soviétique à 1,9 millions aujourd’hui, la Lituanie est passée de 3,7 millions à 2,9 millions. La Roumanie, alors que la poigne d’acier de Nicolas Ceausescu l’avait libérée de ses dettes, se retrouve maintenant à nouveau endettée jusqu’au cou. Et les citoyens appauvris de tous ces pays se précipitent en masse dans les villes de l’Ouest.

Prenez le cas de la Suède. C’est l’été le plus froid depuis plusieurs années, en Suède. Le mois de juillet a été aussi frais qu’un mois d’avril, mais cela n’a nullement arrêté l’afflux des réfugiés. Devant chaque supermarché, chaque station de train ou de métro en Suède, depuis Kiruna jusqu’à Lund, vous tombez sur un mendiant rom avec une soucoupe en plastique à la main. Ils sont venus de Roumanie et de Hongrie, les États qui font partie de l’UE, qui ont certes un niveau de vie assez bas, mais qui appartiennent à l’espace Schengen, ce qui les dispense de visa. Ils ne sont pas venus de leur plein gré, mais ont été expédiés par leurs  barons qui se sont construit de grands châteaux dans le plus pur style tzigane tape-à-l’œil, sur la redevance que les mendiants leur versent. Après trois mois à battre le pavé suédois, ils rentrent chez eux, remplacés par d’autres arrivages de mendiants.

La police suédoise n’interfère pas avec ces mendiants. Ils disent qu’il n’y a pas de loi pour chasser les gitans. Ils ont peur de se voir condamnés pour racisme s’ils le faisaient. Les romanichels sont hauts en couleur, hommes et femmes, âgés ou plus jeunes, et ne sont jamais plus que deux à chaque emplacement. La logistique ne peut pas être facile, avec tant de gens à répartir si uniformément, mais les barons roms savent s’y prendre : je n’ai jamais observé de bagarre, ou même d’altercation, entre les mendiants. Ils ont même été entraînés à sourire ; quelque chose que vous ne verrez jamais en Europe de l’Est, où les mendiants sont aussi sinistres que les immeubles des années 1950.

Les réfugiés de Somalie et du Soudan, victimes des interventions US précédentes, ne mendient pas. Ils se regroupent dans des villes suédoises plus petites ; l’État suédois paye pour leur hébergement et leur donne quelques subventions pour vivre. Ils ne sont pas autorisés à travailler, et de toute façon personne n’a besoin d’eux comme ouvriers. Ils restent là, simplement, en attendant que leurs demandes d’asile aboutissent, généralement sur un refus. Après quoi ils disparaissent des radars.

Mais ne versez pas trop de larmes sur les Suédois. Les tauliers se font beaucoup d’argent dans ce système, de même que les fonctionnaires. L’État suédois paye 500 couronnes (50 euros) par nuit et par chambre. C’est une excellente affaire dans les petites villes reculées. Habituellement, l’État préfère des hôtels avec beaucoup de chambres à offrir, et ils renvoient l’ascenseur au fonctionnaire chargé de l’hébergement. Curieusement, un individu considéré comme le plus ouvertement raciste de toute la Suède, qui se bat contre l’immigration, a fait des profits rondelets avec l’hébergement des Somaliens ; il s’appelle Bert Karlsson.

Outre les réfugiés et immigrants fournis par les guerres US et l’élargissement de l’UE dicté par les US, la Suède et les autres pays de l’Ouest se trouvent minés par la campagne, en provenance aussi des US pour réorganiser la vie en termes de genres. Il y a peu d’enfants ; des écoles ont été fermées, les gays ont absolument tous les droits ; les femmes sont prioritaires pour les emplois. Les garçons ont moins d’opportunités : depuis les chaînes publiques de télé jusqu’aux coiffeurs, les emplois sont pris par les femmes. Les prêtres de l’Église suédoise sont principalement des femmes ; l’État choisit et rémunère les évêques connus pour leur soutien au sacerdoce féminin.

«La Suède est l’Arabie saoudite du féminisme», a conclu Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, bouclé pour la troisième année consécutive à l’ambassade d’Équateur à Londres. C’est un expert en la matière : deux petites Suédoises avaient porté plainte pour viol, simplement parce que dans le cadre d’une relation pleinement consentie, elles avaient eu un rapport sexuel non protégé. La procureuse Marianne Ny a dit qu’en de tels cas, l’homme doit faire de la prison, même s’il s’avère qu’il était innocent. La Suède a le taux de plaintes pour viol le plus élevé au monde, et le taux le plus élevé de plaintes fallacieuses pour viol rejetées. Ce qui ne fait pas la promotion de l’amour entre personnes de sexe opposé.

L’éducation fait tout ce qu’elle peut pour émasculer les hommes, et les splendides Suédoises préfèrent souvent des mâles étrangers plus masculins (je le sais, étant précisément un mâle étranger basané et, qui plus est moustachu, j’avais épousé une ravissante Suédoise il y a bien longtemps). Les Suédois se marient de moins en moins, et ont de moins en moins d’enfants, malgré les aides gouvernementales très généreuses.

Bien des observateurs conservateurs accusent les féministes. Même si les hommes ont certainement perdu la guerre, la victoire des femmes ne résiste pas à l’examen. Jadis les femmes avaient le choix : rejoindre le monde des gens très occupés ou rester à la maison avec les enfants. Jadis, les femmes pouvaient élever une famille sans se sentir coupables. Jadis les femmes pouvaient aimer être courtisées. Tout ça c’est fini, la dévirilisation des hommes a rapidement entraîné la déféminisation des femmes.

Il y a un sous-entendu commun aux tenants du pouvoir : c’est que les hommes féminisés sont plus faciles à contrôler, et c’est pour  cela qu’ils encouragent l’homosexualité. Déviriliser l’homme est un pivot dans la reprogrammation de l’humanité pour qu’elle devienne horde obéissante, parce que les hommes entiers sont imprévisibles. Ils sont prompts à la rébellion, prêts au sacrifice et à l’action. Ce n’est pas une coïncidence si les ennemis de l’empire sont tous des mâles très virils, qu’il s’agisse de Kadhafi, de Castro, de Chavez, de Loukachenko, de Poutine, ou de Julian Assange. Tout devient clair : les hommes sont ciblés pour l’élimination, et les fourmis au travail n’ont pas besoin de sexe.

Les Suédois ont le culte des blacks, qui vient  aussi des USA, à en croire Rachel Dolezal, la militante blanche pour les droits des noirs qui se faisait passer pour  noire. Les noirs sont censés être meilleurs et plus beaux que les blancs. Dans le film Terminator, c’est un savant noir qui invente le truc merveilleux ; il se bat aux côtés de la guerrière blanche contre les méchants hommes blancs. Morpheus, un noir, dans Matrix, est un opérateur de Zion, et il sauve la race humaine. Il y avait un président noir dans Le Cinquième Élément, avant Obama. Bien des Suédois en manque d’enfants ont importé des enfants noirs et asiatiques, autre ligne culturelle instaurée par Angelina Jolie. Ce racisme à l’envers n’est pas différent de la variété ordinaire. Les noirs sont des gens très bien, mais nullement meilleurs que les Suédois roses.

Les Suédois ordinaires sont malheureux. Dans une petite ville avec un haut pourcentage de réfugiés et d’immigrants, ils sont 40% à voter pour le parti d’extrême droite, les Démocrates suédois. Ils sont 12% à l’échelle du pays malgré une campagne féroce contre eux dans les médias.

La gauche a obtenu une majorité relative des sièges au Parlement, après des années de droite au pouvoir. Après l’élection, les gauche et droite officielles ont uni leurs forces sur un programme commun dans le seul but de maintenir les Démocrates suédois en marge, ostensiblement. Les électeurs de gauche se sont sentis bernés. Pourquoi s’en faire et pourquoi voter, si le résultat, c’est un arrangement entre les partis?

Ne versez pas une larme sur le sort des Démocrates suédois non plus. Il y a un timide parti pro-sioniste dont l’action la mieux connue en matière politique a été d’installer une parade gay dans un quartier musulman. Ils s’extasient devant l’État juif, comme leurs frères dans les autres pays d’Europe. Ils acceptent l’emprise de l’idéologie du genre, qui est le programme du nouvel ordre mondial. Ils sont contre les immigrants et les réfugiés, mais jamais contre ceux qui envoient les vagues déferler sur la Suède. Au contraire, ils soutiennent le régime de Kiev, bande de bâtards à la botte des néocons, et détestent la Russie comme se doit de le faire tout défenseur du Nouvel Ordre Mondial.

Voilà pourquoi il est bien difficile de voir d’où pourra venir la libération du continent, et si même il en est encore question.

Israël Shamir 

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Israël Shamir peut être joint à cette adresse : adam@israelshamir.net

Article original publié dans Unz Review.

Traduit par Maria Poumier (merci à Freddy).

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Un article découvert sur : Le Saker Francophone

http://lesakerfrancophone.net/en-europe-cest-lete/

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Complément : Quelques pages d'actu à feuilleter

21/08/2015

Donbass, les analyses de Françoise Compoint.

L’impasse donbassienne, marqueur des faiblesses de l’Empire.

Août 20, 2015.

Quand on se demande si la guerre otano-ukraino-donbassienne donnera lieu à une guerre plus vaste que celle à laquelle on assiste aujourd’hui, la seule réponse qui tienne véritablement est une réponse normande: ni oui ni non dans la mesure où le oui ou le non tient à la conjugaison des intérêts tant électoraux que nationaux américains. En principe, la carte moyen-orientale a déjà été jouée le nationalisme arabe ayant cédé la place au panislamisme. La Syrie, même lâchée par les “démocrates” atlantistes, mettra un temps fou à se reconstruire, l’Irak et la Libye sont détruits, l’Iran reste contrôlable via les accords sur le nucléaire signé avec Washington, le sort de la Turquie est très incertain vu les contradictions sociétales, ethniques et religieuses qui secouent l’héritière de l’Empire ottoman. Ce qui demeure intraitable – ou en tout cas ce que l’on veut nous présenter comme tel – c’est l’EI et les mouvances islamistes qui lui sont proches. Celles-ci, nombreuses, aguerries, biberonnées au pétrodollar, projetteraient une croisade contre la Russie via les réseaux salafistes du Caucase. Que la coalition ne parvienne pas à liquider une armée de fanatiques bien localisés et d’ailleurs très présents dans les zones désertiques, ce qui devrait rendre plus facile leur élimination, en dit très long sur les plans du Pentagone. Bien entendu, des voix d’opposants s’élèvent au sein du Congrès mais ne suffisent pas à changer foncièrement la donne. S’il y a un axe à briser, c’est bien l’axe eurasiatique. Comment ne pas reprendre la dernière analyse de Thierry Meyssan selon lequel la création d’un Tribunal pénal international destiné à juger les auteurs du crash du vol MH-17 avait en définitive vocation à se retourner contre Vladimir Poutine lui-même la Russie et ses “rebelles” soi-disant téléguidés ayant été automatiquement tenus pour responsables de la tragédie (voir ici). Mais Poutine n’est pas dupe. Son équipe non plus. Qu’en serait-il s’il n’avait pas apposé son veto sur l’ouverture de ce Tribunal dont les principes d’action mensongers n’auraient en rien différé de ceux qui avaient été appliqués à la Haye contre le défunt Milosevic ou au Tribunal spécial pour le Liban contre Assad? Que ce soit donc par le biais d’un avion descendu par l’on ne sait qui ou par le biais d’une nébuleuse de sectes islamistes, il s’agit d’affaiblir, de un, un partenaire économique et civilisationnel de l’Europe, de deux, détruire de l’intérieur l’OCS en décapitant l’un de ses membres clés, la Russie. Il s’agit aussi, nous l’avons vu dans nos articles précédents, de convaincre les Etats voisins de l’imminence d’une invasion russe alors donc qu’en violation de l’entente Gorbatchev-Reagan sur la non-extension des frontières de l’OTAN en échange de la réunification de l’Allemagne l’OTAN progresse bel et bien vers la Russie. En ce sens, ceux qui voient dans la Résistance du Donbass une sorte de bouclier humain ont parfaitement raison.

Cette stratégie multilatérale dont le mode de fonctionnement saute aux yeux depuis quelques bonnes années s’articule autour de trois axes:

- La mise en garde (Voyez comme tel régime est dangereux pour son peuple mais aussi pour vous, chers alliés européens!)

- La tentation (En soutenant notre action contre tel dictateur vous servez la Démocratie. On vous protègera parce que, comme vous défendez nos valeurs, vous êtes nos alliés.)

- Le chantage (Généralement exercé par la voix du Parlement bruxellois: si vous ne menez pas telle ou telle réforme, si vous n’accueillez pas autant d’immigrés, vous serez sanctionné).

L’application des ces trois principes passe par la reconnaissance tout à fait automatique de trois postulats :

- Les intérêts nationaux américains prévalent sur tous les autres.

- Les intérêts nationaux des autres Etats n’existent que s’ils n’entrent pas en contradiction avec les intérêts nationaux américains.

- Les peuples n’ont pas le droit de s’exprimer. Ce sont les oligarchies qui gouvernent. On le voit distinctement à l’exemple de l’application sélective du droit des peuples à l’autodétermination.

Le pouvoir de médiation de l’UE dans l’affaire ukrainienne aurait été en grande partie déterminant si ce n’était que les pays de l’ancienne Europe sont victimes du chantage étasunien et que celui-ci n’est possible qu’en vertu de deux facteurs: absence de Défense européenne l’OTAN étant pilotée par les USA, élites politiques vendues craignant de perdre leur place au soleil. S’il faut un exemple terriblement éloquent, il suffit de lire le rapport de Charles Rivkin, ambassadeur US à Paris entre 2009 et 2013, rapport dans lequel est décrite la façon dont il faut influencer les minorités en France (voir “Minority Engagment Strategy, 19 janvier 2010”) pour “par la suite faire progresser les intérêts nationaux américains”, pour mieux comprendre la politique suicidaire de l’UE avec l’accueil absurde de masses allogènes qu’il ne puit ni nourrir, ni loger, ni faire intégrer le marché du travail. Soit ces élites politiques, si elles agissent de leur plein gré, sont folles, soit elles ne sont pas libres de mener la politique qu’elles entendent. On peut critiquer tant qu’on veut François Hollande en considérant qu’il n’a pas la carrure d’un Président, la farce des Mistrals dessert la France sous tous les angles, surtout que les USA continuent à développer leurs échanges avec la Russie.

En définitive, ce à quoi aspirent les USA, c’est, d’une part, une Europe éternellement asservie à une dette exponentielle et à une dissolution ethnique (civilisationnelle) progressive, d’autre part, une Russie affaiblie avec des voisins baltes hostiles au nord, une Pologne hostile et une Ukraine désagrégée à l’Est, un Caucase en voie de sunnisation radicale et d’indépendantisation au sud. Il s’agit en quelque sorte d’une vision idéale réalisable dans l’imaginaire de l’Empire mais qui malheureusement pour lui ne tient pas compte de certaines réalités. A savoir:

- Tout système orwellien a ses limites. Un régime totalitaire ne peut se maintenir éternellement. Il en va de même du système de gouvernance totalitaire mondial devenu tel en 1944 suite aux accords de Bretton Woods et qui arrive à expiration vu que les moyens mis en œuvre pour faire perdurer l’hégémonie américaine commencent à coûter trop cher. Les USA ont de plus en plus de mal à gérer plusieurs zones d’influence à la fois.

- Les moyens de pression employés ( mise en garde, tentation, chantage) ont eux aussi des limites puisqu’ils agissent selon un principe rabattu, uniforme dont le résultat est totalement déconstructif. La propagande antirusse déployée par les médias atlantistes autour du dossier donbassien a beaucoup hâté ce processus de décrédibilisation.

- Il y a l’UE des technocrates bruxellois, des oligarchies supranationales et d’une intelligentsia, passez-moi l’expression, pourrie. Celle de Saint-Germain pour en revenir aux bonnes vieilles références françaises. Tout ce beau monde est en effet le meilleur allié des States. Mais il y a l’Europe des peuples souverains, majoritaire, pour qui l’Ukraine et l’immense conflit que le dossier ukrainien a entraîné avec la Russie ne réjouit que très peu. Suffit de voir l’exaspération contagieuse des agriculteurs européens ou des commentateurs du Nouvel Obs pour comprendre que le vieux monde colonisé qui s’est constitué au-delà de 1945 commence à se fissurer. Le changement de population que les USA essayent de mettre en œuvre conformément à la recette de 1925 contribuent à cette cure de désintoxication. En ce sens, le troisième postulat relatif au mutisme supposé des peuples est tout ce qu’il a de plus fragile.

Nous en venons à une contradiction intéressante puisqu’il en ressort donc que, d’une part, l’UE est prête à s’enflammer à n’importe quel moment et que, d’autre part, si elle s’enflamme, les USA qui s’y sont grandement investis devront faire marche arrière sur tous les fronts. Y compris le Donbass.

Ce schéma relativement long-termiste se double d’un pronostic plus immédiat. Les présidentielles américaines auront lieu en 2016. D’ici là, il faudra bien clore le dossier donbassien soit en trouvant un accord avec la Russie – sans l’UE qui n’a aucun poids réel ce qui invalidait dès ses débuts les deux Minsk et le format dit normand – soit en exacerbant le conflit jusqu’à le faire muter en une vaste guerre débordant des frontières actuelles et en admettant que la Russie s’en mêle. Or, il est évident que les USA ne veulent pas d’une confrontation directe avec la Russie. Dresser les Etats complexés et/ou rancuniers les uns contre les autres est une chose, s’impliquer directement en est une autre. De toute manière, quelle que soit l’option retenue, les USA perdent la partie comme d’ailleurs ils semblent la perdre en Syrie si les analyses de Thierry Meyssan (Réseau Voltaire) se confirment. Peut-être sommes-nous plus proches que jamais du déclin de l’Empire.

Françoise Compoint, pour Novorossia Today.

http://novorossia.today/l-impasse-donbassienne-marqueur-des-faiblesses-de-l-empire/

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Escalade dans le Donbass. Pourquoi OTAN et CIA n’abandonnent pas la partie

Août 18, 2015.

On y avait cru aux douces heures de Minsk-1. On y avait cru aux âpres heures de Minsk-2. On n’y croit plus et l’on n’y croira plus jamais. D’ailleurs, Zakhartchenko, n’a-t-il pas certifié lui-même lors d’une récente conférence de presse qu’il n’était plus question de proroger avec ou sans nouvelles conditions des accords bafoués par les FAU avec la bénédiction tacite des puissances atlantistes bien servies par les silences sélectifs de l’OSCE. Pas de Minsk-3, 25 ou 100 à l’horizon. La solution se trouve ailleurs.

Sur le terrain, le déploiement de 90.000 militaires sur toute la ligne de front, le grondement des MLRS qui va crescendo et la recrudescence des hostilités autour de Gorlovka et Slavianoserbsk n’annoncent que ce qui a déjàété confirmé par le ministère des Affaires étrangères russe: les FAU se préparent à percer sur trois axes: Donetsk-nord coupant de facto Donetsk de Gorlovka, Donetsk-sud depuis les environs de Volnovakha et du côté de Novoazovsk depuis Marioupol bloquant ainsi toute avancée éventuelle des forces républicaines vers la mer d’Azov. S’agirait-il d’un percée supposée décisive vu l’état exsangue du budget militaire ukrainien et les réticences du FMI, de la BCE et de l’UE à continuer leur soutien matériel à Kiev? De toute façon, l’état piteux de la grivna, la chute vertigineuse et continue du PIB ukrainien, les sanctions gazières russes ainsi que le coût exorbitant d’une seule journée de guerre sont autant de facteurs qui en d’autres circonstances auraient dû mettre un terme à la guerre depuis belle lurette. Mais il n’en est rien et il n’en sera rien. Cet argent manifestement venu de nulle part et qui tue n’a d’autre prix que celui du papier et de l’encre vert grisâtre qui servent à le produire. Ce qui nourrit le brasier ukraino-donbassien n’est que la continuation de ce qui avait nourri le Maïdan sans que l’on n’ait pu croire à ses débuts qu’une révolution orange achevée dégénère in fine en guerre par procuration camouflée en guerre civile. Cette guerre par procuration qui oppose l’OTAN à la Russie, l’impérialisme universaliste au national-souverainisme, a pris les traits d’une guerre d’usure. Une guerre d’usure ne pouvant durer indéfiniment et les solutions diplomatiques proposées par le quartet de Normandie ne valant plus rien, un dénouement militaire prompt et particulièrement violent serait à prévoir. Simplement, ni les Américains ni les puissances européennes occidentales n’en voudront. L’idéal pour eux serait de faire durer la partie aussi longtemps que possible. La motivation étasunienne est la plus complexe. Elle découle de trois prémisses.

Primo, s’il est vrai que le complexe militaro-industriel US n’est pas prêt à s’endormir sur ses lauriers – premier budget mondial de la Défense avec, de trois fois inférieur, le budget chinois, et de cinq fois inférieur, le budget russe – la modernisation de l’arsenal nucléaire américain semblait avoir été repoussée aux calendes grecques sous Obama. Les négociations sur le nucléaire iranien et le retrait des troupes américaines d’Afghanistan ont fragilisé les positions des néoconservateurs. Les vetos russe et chinois en Syrie ont aussi joué leur rôle qui à son tour a été renforcé par la décrédibilisation tout à fait spectaculaire des politiques Bush-Obama au Moyen-Orient suite aux prises de distance de Daesh quant à son démiurge washingtonien. Aussi terribles fussent-ils pour les populations qui payent la note, les dérapages du néoconservatisme ont contribué au développement du modèle multipolaire car de plus en plus d’Etats européens conscients du danger regardent du côté de l’Est. Il fallait par conséquent rétablir l’image de l’Ennemi suprême en jouant sur le crédulité béate des peuples européens. La Russie réendossa ce statut relégué aux oubliettes depuis l’ère Gorbatchev son pseudo-expansionnisme devant horrifier en premier lieu les pays Baltes et la Pologne à l’exemple de l’annexion criméenne et des troupes russes sillonnant les steppes du Donbass. L’accusation en miroir a toujours été le point fort des services de propagande atlantistes. Le conflit qui sévit actuellement en DNR-LNR a redoré le blason de l’Alliance atlantique en plongeant les pays traditionnellement russophobes et les Etats occidentaux satellisés dans un état d’hystérie préventive qu’il convient d’entretenir. Cette guerre d’usure minant le Donbass et l’ensemble de l’Ukraine n’est que le reflet d’une immense guerre d’usure économique et psychologique que les USA sont en train de mener contre l’UE.

Secundo, les insuccès accumulés de la CIA et le conflit qui a opposé son chef, John Brennan, au chef de la Commission de contrôle des activités de la CIA, Dianne Feinstein, a sensiblement secoué le renseignement qui a lui aussi joué sur la menace russe en Europe. Du coup d’Etat “démocratique” réussi de Kiev aux petits bonhommes verts guerroyant contre les FAU de Marioupol à l’oblast’ de Lougansk, il a tout fait pour justifier son existence dans le format repoussant qu’on lui connaît et qui n’est pas sans repousser les Américains eux-mêmes après qu’ils aient appris que Guantanamo et ses méthodes ne relevaient pas du cas isolé. Après une telle campagne de réhabilitation, pas question de se désintéresser du dossier ukrainien lui qui offre plusieurs leviers de pression à la fois.

Tertio, n’oublions pas que pour assurer sa pérennité tout Empire tend à l’expansion. Quand il ne s’étend pas par la guerre – expansion directe – il élargit ses zones d’influence, un peu à l’image d’une pieuvre qui étend ses tentacules. La stratégie du chaos est certes une notion rabattue mais c’est la seule qui explique encore et toujours l’émergence de nouvelles zones grises autour de la puissance à neutraliser. En l’occurence, la Russie. Le cas transnistrien est celui d’un conflit gelé que l’on croyait sur le point d’être réchauffé il y a près de trois mois, avec la nomination de Saakachvili gouverneur d’Odessa, que l’on oublia durant juillet et qui resurgit la semaine dernière avec les menaces de M. Jagland à l’encontre d’une Moldavie indocile. Si l’on arrive à geler le conflit donbassien en le dégelant à l’occasion, non seulement l’Ukraine n’arrivera jamais à redresser son économie – à quoi bon puisque c’est maintenant une colonie US – mais la Russie continuera à faire des cauchemars.

S’en suit que l’aide du FMI sera assurée au compte-gouttes. Il ne s’agit pas d’en finir de sitôt avec le Donbass. La motivation de l’UE est bien différente: Bruxelles voudra bien sûr une énième version de Minsk espérant, d’une façon dirais-je miraculeuse, ne pas être impliqué. Oui, il a bel et bien soutenu le Maïdan et la quasi-totalité de ses conséquences, mais cela partait de bonnes intentions! Tout comme aujourd’hui, il espèrerait que la diplomatie l’emporte sur la barbarie pour mettre ultérieurement en relief son rôle de médiateur irremplaçable. Or, une solution radicale ne puit être qu’une solution essentiellement militaire présupposant une contre-offensive massive de la part des DNR-LNR, c’est-à-dire une exacerbation sans précédent du conflit. Déjà qu’il ne sait comment payer le lourd tribut migrationniste qui lui incombe, l’UE aura à assumer les retombées de son suivisme pro-américain en Ukraine. Si les Républiques l’emportent, Washington perdra un levier de pression extraordinaire. L’heure est grave. Avant tout pour la Novorossia ce qui s’illustre par cette conclusion sans concession de Zakhartchenko: “Nous n’avons pas d’autre choix que de remporter cette guerre. Vaincre, c’est notre devoir”.

Françoise Compoint, pour Novorossia Today.

http://novorossia.today/escalade-dans-le-donbass-pourquoi-otan-et-cia-n-abandonnent-pas-la-partie/

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20/08/2015

La Catalogne de 2015 est-elle comparable à l’Irlande de 1918 ?

La Catalogne de 2015 et l'Irlande de 1918...

BREIZ ATAOKOMZOU DIEUB (18/08/2015)

En décembre 1918, une liste indépendantiste emportait la majorité des sièges irlandais aux élections britanniques. Trois ans avant la création du premier Etat irlandais. Un scénario qui séduit les souverainistes catalans. Mais est-il comparable ?

La volonté de faire des nouvelles élections catalanes un « référendum de substitution » sur l’indépendance de la part des partis souverainistes a rappelé à certains observateurs un précédent historique, celui de l’Irlande. Ce précédent a été clairement évoqué par Antoni Vives, l’éditorialiste du quotidien de langue catalane de Barcelone, Ara, qui compare le scrutin catalan du 27 septembre prochain avec celui du 14 décembre 1918 en Irlande. L’idée est de mettre en avant la capacité avec laquelle le parti indépendantiste irlandais Sinn Fein est parvenu alors à faire de ces élections, qui étaient des élections générales britanniques, un référendum de fait sur le maintien ou non de l’Irlande dans le giron de Westminster. Le succès de cette liste a permis de déboucher sur la création d’un “Etat libre d’Irlande” en 1921 qui a détaché presque entièrement les comtés catholiques irlandais de Londres.

Une longue tentative d’assimilation

L’Irlande de 1918 serait donc le modèle pour la Catalogne de 2015. Mais qu’en est-il exactement ? Plusieurs éléments de comparaison semblent corrects, à commencer par la construction des “nations” irlandaises et catalanes. Au début du 20ème siècle, l’Irlande est britannique depuis très longtemps. La conquête a débuté en 1169, sous la direction d’Henri II Plantagenêt. De même, la Catalogne est « espagnole » depuis le Moyen-âge, selon un processus différent cependant car le Comté de Catalogne, issue de l’empire carolingien, est la base du Royaume d’Aragon, un des trois royaumes constitutifs de la monarchie espagnole. A partir de la fin du 15ème siècle, cependant, le pouvoir se concentre sur Madrid. De même, en Irlande, le pouvoir anglais s’est progressivement renforcé, notamment après la « glorieuse révolution » de 1688. En 1801, un acte d’Union est voté à Westminster sur le modèle de celui unissant l’Angleterre à l’Ecosse en 1704. Le parlement de Dublin est supprimé et l’Irlande, dirigée par un Lord gouverneur depuis le Château de Dublin, est intégré au Royaume-Uni. Cet acte d’union n’est pas sans rappeler la suppression des libertés et des droits de la Catalogne après la prise de Barcelone par les troupes du Roi d’Espagne Philippe V, neveu de Louis XIV de France, le 11 septembre 1714. La Catalogne va alors progressivement être « hispanisée » comme l’Irlande va être « anglicisée. »

Un particularisme vivace

Dans les deux cas, le sentiment de particularisme ne s’est pourtant jamais éteint. Il s’est appuyé sur des moteurs différents, cependant. Les Irlandais abandonnent la langue gaëlique pour adopter l’anglais, mais la religion catholique devient un des ferments du sentiment national, en opposition au Protestantisme britannique. En Catalogne, c’est davantage la langue qui joue ce rôle, puisque la religion catholique est partagée avec le reste de l’Espagne.

L’élément social joue également un rôle important dans les deux cas. L’Irlande est au 19ème siècle le territoire le plus pauvre du Royaume-Uni, et même d’Europe. La grande famine de 1846-48 et la lenteur de l’aide britannique renforce l’idée qu’une Irlande autonome serait plus « protectrice » pour sa population. En Catalogne, la situation est différente, car la région figure parmi la plus riche d’Espagne, mais c’est aussi celle où le mouvement ouvrier se développe le plus rapidement, entraînant un ancrage à gauche du mouvement indépendantiste. Durant la seconde République espagnole (1931-1936), le parti dominant en Catalogne est ainsi la « Gauche Républicaine Catalane » (Esquerra Republicana de Catalunya, ERC), qui a pour ambition de créer un « Etat social » catalan.

Pendant longtemps, le choix de l’autonomie

Dernier point commun : l’Irlande et la Catalogne ont longtemps choisi la voie de l’autonomie. Durant tout le 19ème siècle, la lutte des Irlandais, notamment du « Grand Libérateur », héros du combat pour la liberté de l’Irlande au milieu du siècle, Daniel O’Connell, a été de rétablir un parlement à Dublin et d’obtenir une « autonomie » (« Home Rule »). Le mouvement indépendantiste est alors très minoritaire dans l’île verte. Aux élections de décembre 1910 (qui ne se font pas réellement au suffrage universel), les partisans du Home Rule obtiennent 102 sièges contre 2 seulement pour les indépendantistes.

En Catalogne, le phénomène est assez comparable. Les Catalans ont longtemps été très largement attachés à l’Espagne et simplement favorables à un statut d’autonomie. Durant la première république espagnole (1871-73), les Catalans réclament un Etat fédéral. Même après les leaders d’ERC n’ont pas osé, durant la seconde république, proclamer l’indépendance. Après le retour de la démocratie, c’est le choix de Jordi Pujol, qui a dirigé la région pendant 23 ans, de 1980 à 2003, qui s’est imposé : celui de larges transferts de compétences de Madrid vers Barcelone dans le cadre de l’Etat espagnol. L’indépendantisme, alors représenté par ERC, est demeuré à un niveau électoral assez faible (pas plus de 16 % aux élections régionales).

La poussée indépendantiste en Irlande

Dans les deux cas, la poussée de l’indépendantisme provient d’une certaine incapacité du pouvoir central à comprendre les volontés de ces territoires et à en reconnaître l’originalité dans le cadre national. En Irlande, néanmoins, l’histoire est beaucoup plus violente qu’en Catalogne.

L’étincelle qui a fait naître dans l’île verte le sentiment indépendantiste est le soulèvement de Pâques 1916 à Dublin. Les activistes nationalistes armées prennent alors le contrôle de plusieurs bâtiments officiels de la ville, dont la Poste centrale, où ils proclament l’indépendance de la « république d’Irlande. » L’armée britannique intervient avec violence pour réprimer cette action qui, alors, n’est pas soutenue par la population de la ville. Comme l’a écrit le poète irlandais William Butler Yeats, « Pâques 1916 a tout changé, complètement » (« all changed, changed utterly ») en Irlande. La répression aveugle qui s’abat sur le pays, la mauvaise foi de Londres qui voit dans le mouvement indépendantiste un “complot allemand” et la décision britannique d’établir la conscription en Irlande, retournent rapidement l’opinion.

Le parti indépendantiste Sinn Fein, jusqu’ici marginal, devient alors la force dominante de la politique irlandaise. La plupart des Irlandais catholiques jugent alors qu’il n’est plus possible de demeurer dans le Royaume-Uni et de cohabiter avec les Britanniques. Lors de son congrès d’octobre 1917, Eamon de Valera parvient à fédérer au sein du Sinn Fein tous les mouvements en faveur de la séparation avec Londres, quel que soit leur « couleur » politique. C’est ce mouvement qui, en décembre 1918, obtient 74 des 105 sièges irlandais (hors Ulster) lors des élections générales.

La poussée indépendantiste en Catalogne

En Catalogne, le mouvement est moins franc et moins violent, mais assez comparable. La décision en 2010 du Tribunal Constitutionnel de Madrid de ne pas valider le statut catalan de 2006 a provoqué une forte poussée indépendantiste. Beaucoup de Catalans ont eu, eux aussi, le sentiment, qu’il n’était plus possible de demeurer dans une Espagne qui refusait de transférer davantage de compétence à leur région. Ce sentiment s’est encore accru avec la politique d’austérité menée par le gouvernement Rajoy qui a conduit beaucoup à estimer que l’Etat providence n’était possible que dans le cadre catalan. Enfin, les fins de non-recevoir de Mariano Rajoy face aux demandes d’évolution des Catalans, ses blocages face au projet de référendum, ont achevé de renforcer un indépendantisme qui désormais représente au moins 40 % des électeurs catalans.

Le phénomène le plus significatif de cette évolution a été la conversion à l’indépendantisme du parti de Jordi Pujol, la CDC, qui a mis fin à sa coalition avec les chrétiens démocrates autonomistes. Son leader, le président de la région Artur Mas, a alors joué le rôle d’Eamon De Valera et a créé le 20 juillet dernier, une liste unique pour l’indépendance regroupant son parti, plutôt centriste, et ERC. Avec une différence, cependant : l’extrême-gauche indépendantiste, la CUP, ne rejoindra pas le mouvement.

La question de l’irrédentisme

Le parallélisme est donc frappant. Il existe cependant des différences. La question irlandaise a ainsi été marquée par la question de l’Ulster, peuplé majoritairement de Protestants considéré par une partie des Catholiques comme des « colons. » Une question qui a empoisonné le mouvement nationaliste irlandais des deux côtés de la frontière jusque très récemment. Une telle question n’existe pas en Catalogne, où le « nationalisme » est ouvert, y compris aux hispanophones et aux Espagnols venus s’installer dans la région. La Catalogne est, du reste, majoritairement hispanophone et l’on a vu lors du référendum du 9 novembre 2014 une partie de ceux qui ne sont pas locuteurs catalans voter pour l’indépendance. Certes, certains indépendantistes catalans revendiquent une unité de toutes les régions de langue catalane, les « Països catalans » (Baléares, Valence, Roussillon français et Frange du Ponant en Aragon), mais ce n’est pas la position officielle du mouvement souverainiste qui limite clairement son ambition à la région de Catalogne.

La question de la violence

Autre différence : l’usage de la violence. Le processus d’indépendance irlandais est un processus violent. L’histoire de l’occupation anglaise en Irlande est une histoire de soulèvements armés réprimés. Et c’est en grande partie ce combat qui a rendu inévitable la rupture avec Londres. On l’a vu lors du soulèvement de 1916. L’indépendantisme catalan a, lui aussi, connu des mouvements violents, notamment sous le franquisme, mais aussi dans les années 1980 avec l’organisation « Terra Lliure » (Terre Libre). Mais ces mouvements ont toujours été très marginaux, à la différence de ce qui s’est passé au pays basque. Et l’indépendantisme catalan a toujours été un mouvement pacifique, soucieux de légalité. Du reste, c’est ce qui a conduit Artur Mas à ne pas faire du référendum du 9 novembre 2014, malgré le triomphe du “oui” à l’indépendance, un élément de rupture avec Madrid.

La « guerre d’indépendance » irlandaise

Or, la victoire du Sinn Fein en 1918 en Irlande n’a pas conduit pacifiquement à l’indépendance. Les députés du Sinn Fein se sont certes retrouvés le 21 janvier 1919 à Mansion House, à Dublin, pour se constituer en Dáil, en parlement irlandais qui a renouvelé la proclamation de 1916. C’est proche de ce que souhaite faire les Catalans en cas de victoire de la liste unitaire : une proclamation de souveraineté. Mais ensuite ? Les Catalans veulent discuter avec Madrid. Les Irlandais, eux, refusaient de discuter avec Londres. Les députés Sinn Fein ne siégeaient pas à Westminster. Et Londres ne souhaitait pas discuter avec eux.

Rapidement, la situation a donc dégénéré. Ce même 21 janvier 1919, une première attaque de l’Armée républicaine irlandaise, l’IRA, était enregistrée dans le comté de Tipperary. Bientôt, les escarmouches ont dégénéré en véritable guerre, appelée les « troubles » à Londres. Des « troubles » qui ont duré deux ans et ont été émaillés de bien des atrocités, comme le massacre d’une douzaine de spectateurs du Croke Park, le stade de sport gaélique de Dublin, par les paramilitaires pro-unioniste le 21 novembre 1920. Cette « guerre d’indépendance » face à un Royaume-Uni épuisé par la guerre mondiale et la pression des Étasuniens, travaillés par De Valera, expliquent qu’au final, Londres accepte de donner à l’Irlande une large autonomie.

La longue marche de l’Irlande vers l’indépendance complète

Une autonomie et non une indépendance. L’acte irlandais de 1920 offre en effet à l’Irlande, amputée des six comtés majoritairement protestants d’Ulster, le statut de « dominion. » L’Irlande devient un « Etat libre » dépendant de la Couronne et ne disposant pas d’une autonomie en politique étrangère et militaire. La proposition britannique est une vraie défaite pour ceux qui voulait la création d’une république indépendante. Certains membres du Sinn Fein, comme Michael Collins, estiment cependant que c’est une première victoire et que la République viendra en son temps. Finalement, la résistance britannique a payé. En mai 1922, les pro-traités remportent les élections au Dáil qui ratifie le texte. Michael Collins devient le premier chef du gouvernement irlandais.

Mais l’opposition républicaine considère désormais que les forces favorables au compromis sont des agents britanniques, puisqu’ils prêtent serment à la Couronne. Elle organise une résistance armée, tandis qu’à la demande de Londres, qui doit déjà faire face au terrorisme républicain, le gouvernement de Dublin organise la répression. L’Irlande s’enfonce dans une guerre civile qui durera onze mois, de juin 1922 à mai 1923 et se solde par une victoire gouvernementale.

Cette division va donner naissance aux deux grands partis traditionnel irlandais, le Fine Gael est issu du camp pro-traité. Le Fianna Fail, créé par Eamon De Valera, est issu du mouvement anti-traité. Quant au Sinn Fein actuel, il est l’héritier de ceux qui ont refusé les compromis avant et après la guerre civile.

Eamon de Valera, perdant de la guerre civile, va pourtant en 1932, devenir premier ministre et accepter formellement le statut de l’Etat libre. Progressivement, mais avec prudence, il démantèle les clauses les plus contraignantes du Traité. Profitant ainsi de la crise de l’abdication d’Edouard VI en 1936, il fait passer en urgence une loi qui libère le pays des principaux éléments de tutelle britannique, ce qui permet au pays de se proclamer neutre en 1939. Mais il faut attendre 1948 pour que l’Irlande devienne formellement une république et sorte du Commonwealth.

La possibilité d’un refus de discuter de Madrid

En cas de victoire le 27 septembre, les indépendantistes catalans pourraient aussi faire face à des difficultés comparables. Si les indépendantistes demandent l’ouverture de discussions, Madrid pourrait fort bien refuser net le processus de séparation. C’est la position de Mariano Rajoy qui a déclaré voici quelques jours que « la Catalogne ne sera jamais indépendante. » En cas de victoire lors des élections de novembre du parti populaire de Mariano Rajoy et d’une alliance entre ce dernier et le parti des Citoyens, parti issu de l’unionisme catalan, on risque de se retrouver face à un vrai blocage. Mais, même un gouvernement de gauche ou du centre pourrait ne pas accepter le fait accompli des élections catalanes, comme Londres n’a pas accepté le résultat du scrutin de 1918. Le gouvernement de Barcelone devra alors choisir une voie. S’il décide de poursuivre dans la construction d’un État catalan, Madrid pourrait utiliser le fameux article 155 de la constitution espagnole qui permet de “prendre toutes les mesures nécessaires pour contraindre une communauté autonome à respecter ses obligations “, notamment lorsqu’une de ces régions “porte gravement atteinte à l’intérêt général de l’Espagne.”

Quelle réponse à un blocage de Madrid ?

Dans ce cas, comment répondre ? Par la sécession, comme le promettent les indépendantistes ? Mais alors, si Madrid répond par l’usage de la force pour empêcher cette sécession dans les faits, que se passera-t-il ? Irrémédiablement, la question qui s’est posée aux indépendantistes irlandais de 1919 à 1923 se posera aux indépendantistes catalans. Faudra-t-il répondre à la force par la force pour contraindre Madrid à négocier, au risque de faire perdre de la popularité à la cause ? Faudra-t-il accepter un compromis, exclu explicitement par l’existence d’une « liste unitaire indépendantiste » ? Faudra-t-il demeurer dans la légalité espagnole ? Comment en appeler à la solidarité internationale alors que, comme pour l’Irlande en 1919, les grands pays européens observent avec méfiance le mouvement catalan ? L’Union européenne pourra-t-elle, saura-t-elle agir en médiateur ? Décidément, le cas irlandais est un cas utile pour la réflexion que doivent engager les indépendantistes catalans.

Romaric Godin, article original paru sur La Tribune 

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La grande poste centrale de Dublin (ci-dessus) où la république a été proclamée lors du soulèvement de Pâques 1916. (Photo: la poste centrale de Dublin, le 27 novembre 2010, pendant la manifestation contre les mesures d'austérité du gouvernement et sa demande de prêt auprès de l'UE et du FMI) (Crédits : Reuters)

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29/07/2015

Ecosse: vers un second référendum ?

Ecosse: vers un second référendum ?

27.07.2015

 

 

Un deuxième référendum sur l’indépendance de l’Ecosse est "inévitable", selon Alex Salmond, ancien premier ministre écossais.

 

L’ex-premier ministre et député du Parti national écossais (SNP, parti indépendantiste) a cité trois raisons pour lesquelles un nouveau référendum d’autodétermination est nécessaire dans une interview accordée à la BBC.

 

La première raison, pour M.Salmond, est le refus à l’heure actuelle du gouvernement de David Cameron de tenir sa promesse de transférer de nouveaux pouvoirs à l’Ecosse. Deuxièmement, la perspective d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne voulu par M.Cameron pourrait faire sortir l’Ecosse (majoritairement pro-européenne) de l’UE contre son gré dès le mois de juin 2016. Et finalement, la volonté du gouvernement de David Cameron de poursuivre sa politique d’austérité, marquée par de nouvelles coupes dans les aides sociales, pourrait pousser à l’organisation d’un nouveau référendum en Ecosse.

 

Alex Salmond est redevenu simple député du SNP après le non des Ecossais durant le premier référendum d’autodétermination de l’Ecosse sur la sortie du Royaume-Uni, le 18 septembre 2014.

Mais l’ancien premier ministre croit encore à l’indépendance de son pays et note que la question se trouve entre les mains de la nouvelle première ministre, Nicola Sturgeon.

 

Nicola Sturgeon, chef du SNP depuis le 14 nov. 2014 et première ministre de l’Ecosse depuis le 20 novembre de la même année, a déclaré qu’elle n’exclue pas la possibilité d’introduire le projet d’un second référendum dans le programme préélectoral de l’année prochaine de son parti.

 

Le secrétaire d'État pour l'Écosse, le conservateur David Mundell, avait auparavant déclaré qu’il n’y avait pas d'urgence pour la tenue d’un nouveau référendum. Après la déclaration de Nicola Sturgeon, il a demandé à la première ministre de clarifier sa position à ce propos.

Mme Sturgeon a répondu que la "décision finale" sera prise avec le soutien du parti, mais elle se ferait uniquement dans "l'intérêt supérieur" du pays.

 

Sputnik, le 27 juillet 2015.

 

http://fr.sputniknews.com/international/20150727/1017250261.html

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« Pour discuter des affaires européennes, il faut aller aux Etats-Unis »

« Pour discuter des affaires européennes,

il faut aller aux Etats-Unis ».

 

27 juil. 2015 

 

 

Dans une interview à la chaîne suisse RTS, Vladimir Poutine a une nouvelle fois appelé les pays européens à montrer plus d’indépendance par rapport aux Etats-Unis.

 

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Question : Monsieur le Président, bonsoir. Merci beaucoup de nous accorder du temps pour cet entretien.

 

Vladimir Poutine, président russe (V.P.) : (répond en français) : Bonsoir.

 

Question : Nous sommes actuellement à Saint-Pétersbourg à l'occasion de la cérémonie du tirage au sort de la Coupe du Monde de football 2018, qui se tiendra en Russie et à laquelle vous consacrez beaucoup de votre énergie.

 

V. P. : Oui c'est juste. Ce dont je vous félicite ainsi que nous-mêmes.

Je vais être franc. En vérité, et ce n'est pas une révélation, nous n'avons pas d'ambitions particulières dans ce futur championnat, même si nous attendons de notre équipe qu’elle fasse bonne figure.

Quant à l'organisation de ce tournoi, notre but est conforme aux objectifs de la FIFA, précisément, à celui d'élargir la géographie de football. Sans parler du fait que la Russie est un très grand pays : le plus vaste au monde et le plus peuplé d'Europe.

De plus, nous avons un régime de libre circulation sans visa, avec presque toutes les anciennes républiques de l'Union Soviétique (qui sont actuellement des états indépendants). C’est pourquoi cet évènement sera important non seulement pour la Russie, mais aussi pour tous nos voisins les plus proches.

 

Question : Vous êtes un ami de monsieur Blatter, vous lui avez témoigné votre soutien.

 

V. P. : On ne se connaissait pas avant de soumettre notre candidature pour l’organisation de la Coupe du Monde 2018. Au cours de ce travail commun nous avons eu beaucoup d'entretiens avec les représentants du comité exécutif de la FIFA, avec les commissions qui visitaient notre pays et avec monsieur Blatter lui-même. Nous sommes restés en très bons termes, tant professionnels que personnels.

 

Question : En ce qui concerne le procès qui a lieu actuellement en Suisse, pensez-vous que les États-Unis y soient impliqués d'une certaine manière ?

 

V. P. : Les États-Unis, pour autant que je sache, étaient parmi les candidats à l’organisation de la Coupe du Monde 2022.

 

Question : Croyez-vous que c’est une vengeance de leur part ?

 

V. P. : Je n'ai pas fini... Alors que leur allié européen le plus proche – la Grande Bretagne – avait déposé sa candidature pour 2018. Et la manière dont se présente cette lutte contre la corruption, me fait penser qu'il ne s'agit que d'une suite de la compétition pour 2018 et 2022.

Personne n’est opposé à la lutte contre la corruption, au contraire. Et je pense même que cette lutte doit être encore plus résolue. Mais il existe des normes juridiques internationales selon lesquelles, lorsqu’on soupçonne quelqu’un d’être en infraction avec la loi, des données doivent être collectées et transférées au parquet du pays dont le citoyen a violé la loi. Et cela n'a rien à voir avec la méthode selon laquelle un pays débarque n’importe où dans le monde, interpelle qui bon lui semble et le traîne dans l'une de ses prisons. Je trouve cela inadmissible.

Mais je le répète : cela ne signifie pas qu'il faut renoncer à lutter contre la corruption.

 

Question : Monsieur le Président, une question assez importante pour vous et les USA. Les actions initiées dans le cadre des événements à la FIFA, signifient-elles, selon vous, le retour à une certaine forme de politique impérialiste des États-Unis ?

 

V. P. : Un retour ? Cela fait longtemps qu'une telle politique est menée. Il ne s'agit que de son intensification. Je l’ai souvent dit publiquement et je ne suis pas seul à le dire. Aux États-Unis, des commentateurs politiques disent les mêmes choses et emploient les mêmes termes. Ces spécialistes américains de la politique extérieure et intérieure considèrent que ce penchant impérialiste ne fait que nuire aux États-Unis eux-mêmes.

Cette position n'est pas de l'anti-américanisme. Nous respectons et apprécions beaucoup les États-Unis et surtout le peuple américain. Je trouve seulement que ces actions unilatérales, ainsi que l'extension de la juridiction d'un État au-delà des ses propres frontières, à l'échelle mondiale, sont inadmissibles et destructrices pour les relations internationales.

 

Question : L'opinion des pays occidentaux concernant votre personnalité est partagée. Comme vous le savez, certains vous admirent, d'autres vous critiquent. Quand vous avez évoqué l'arsenal nucléaire dans vos discours, nombreux sont ceux qui y ont vu une menace.

 

V. P. : Les gens qui disent cela sont soit malhonnêtes, soit inattentifs. La nouvelle course aux armements a commencé quand les États-Unis ont opéré un retrait unilatéral du Traité anti-missiles balistiques. En effet, cet accord était la pierre angulaire du système de sécurité globale. Et quand les États-Unis s’en sont retirés et ont lancé la création d'un système antimissile comme partie de leur système global d’armes stratégiques, nous avons tout de suite dit que nous serions obligés de prendre des mesures en réaction, pour maintenir l'équilibre.

Je veux dire une chose très importante : nous le faisons pour nous même, pour la sécurité de la Fédération de Russie, mais aussi pour le monde entier, car c’est la stabilité stratégique qui est en jeu et elle est assurée par un équilibre des forces.

 

Question : Nous nous trouvons à Saint-Pétersbourg, ville qui a beaucoup souffert de la guerre. A ce que je sais, vos grands-parents ont justement vécu...

 

V.P. : C'étaient mes parents. Mon frère est mort ici pendant le siège, je ne l'ai jamais vu.

 

Question : Une nouvelle guerre en Europe est-elle possible ?

 

V.P : J’espère que non. Mais il faudrait que l’Europe manifeste davantage son indépendance et sa souveraineté et qu’elle soit capable de défendre ses intérêts internationaux, les intérêts de ses peuples et de ses pays.

L’équilibre stratégique, c’est ce qui a garanti la paix dans le monde et n’a pas permis aux grands conflits militaires d’éclater en Europe et dans le monde entier. Et quand les Etats-Unis sont sortis de l’accord, ils ont dit : nous créons un système antimissile, pas contre vous, nous voulons développer notre force de frappe, faites ce que vous voulez, nous partons du principe que ce n’est pas contre vous.

Nous faisons ce que nous avons toujours dit. Le système global de défense antimissile coûte cher. Et on ne sait toujours pas aujourd’hui dans quelle mesure il est effectif. Nous développons des systèmes de frappes capables de surmonter n’importe quel système de défense antimissile. Ce que j’ai annoncé il n’y a pas longtemps est dans nos plans depuis quelques années. Cela avait été annoncé il y a longtemps.

 

Question : Vous avez dit que vous voudriez que l’Europe soit plus indépendante. Par exemple, en ce qui concerne l’Europe de l’époque de Gaulle, de Mitterrand. Quelle est votre attitude envers ce que se passe sur ce plan ?

 

V.P. : Je finis quand même la question précédente.

Toutes nos actions dans le domaine de la défense stratégique sont tout à fait conformes aux obligations internationales russes, notamment dans le cadre de l’accord avec les Etats-Unis sur l’armement stratégique.

Maintenant à propos de la souveraineté. L’adhésion à toute organisation politico-militaire, à un bloc politico-militaire, implique un refus volontaire à certaine partie de sa souveraineté.

Je pense que la France est sortie de l’organisation militaire de l’Otan à l’époque afin de garder sa souveraineté dans le cadre du bloc militaire. Analyser la politique extérieure des pays européens n’est pas notre affaire. Mais convenez que si nous devons discuter des affaires européennes avec les partenaires européens à Washington, ce n’est pas intéressant.

 

Question : Monsieur le Président, un changement assez ironique intervient pour l’instant dans l’histoire. Les forces européennes de droites ou même d’extrême droite vous soutiennent plus que les forces de gauche. C’est par exemple, Marie Le Pen en France, l’UDC en Suisse. Qu’en pensez-vous ?

 

V.P. : Je pense que ce n’est pas un soutien pour ma personne mais la conscience de leur propre intérêt national , tel que ces forces politiques le conçoivent.

Dans le monde et dans les pays européens, certains mouvements tectoniques se sont produits dans la conscience collective pour protéger les intérêts nationaux. Regardez comment l’Europe fait face à un problème concret, les flux de migrants. Est-ce que l’Europe a pris des décisions qui ont finalement abouti à cette situation ? Il faut être franc et honnête : ces décisions ont été prises outre Atlantique et c’est l’Europe qui doit faire face au problème.

 

Question : Vous voulez dire les Etats-Unis ?

 

V. P. : Bien sûr. C’est un exemple, il y en a beaucoup. Mais cela ne signifie pas, je l’ai déjà dit, que nous devons et ce n’est pas ce que je cherche, diaboliser la politique des Etats-Unis. Ils mènent leur politique comme ils le jugent nécessaire pour leurs intérêts.

Il faut rechercher un équilibre des intérêts, relancer notre collaboration et lui donner un nouvel élan au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU. Les États-Unis sont évidemment une grande puissance, que le peuple américain a réussi à créer en quelques siècles seulement, ce qui est un résultat admirable. Mais cela ne signifie pas que les autorités américaines actuelles ont le droit de parcourir le monde entier pour arrêter n'importe-qui et le traîner dans leurs prisons. Elles n'ont pas le droit non plus d'agir selon le principe « qui n'est pas avec nous, est contre nous ».

Nous devons être patients et travailler avec nos collègues américains pour trouver des solutions comme nous le faisons dans certains domaines de notre collaboration. Par exemple, comme c'était le cas avec le problème du programme nucléaire iranien.

 

Question : Vous avez été parmi les premiers à mener une lutte contre le terrorisme islamiste. Pensez-vous que les Européens sont aujourd’hui de votre côté sur cette question ?

 

V. P. : Tout au début de cette lutte, quand nous avons rencontré des problèmes chez nous, dans le Caucase, j'ai été très étonné de constater que même les preuves démontrant que nous faisions face à une menace terroriste, que nous menions une guerre contre Al-Qaïda, ne nous ont apporté aucun soutien. Et quand je demandais à mes collègues, y compris en Europe : « Ne voyez-vous pas ce qui se passe ? », ils répondaient : « Si, nous voyons. Mais un ensemble de considérations de politique intérieure et internationale fait que nous ne pouvons pas vous soutenir. » Je leur disais alors : « Vous ne pouvez pas nous aider ? Dans ce cas, ne le faites pas ! Mais au moins, ne nous nuisez pas ».

Je vois maintenant que la situation a changé, c'est vrai. L'Europe, comme les États-Unis se sont rendus compte du danger de l'extrémisme et se sont réellement impliqué dans cette lutte. Un proverbe populaire chez nous dit : « Mieux vaut tard que jamais. » Mais nous espérons beaucoup que nous allons également mener un dialogue sur d'autres questions, telles que la résolution de la crise ukrainienne et des questions économiques, et que nous allons trouver des solutions acceptables pour tous.

Je pense que c'est tout ce qu'on peut dire à propos de la FIFA.

 

Question : Une dernière question, monsieur le Président. Nous avons à dessein commencé par parler de Blatter. En ce qui concerne Angela Merkel, elle fait partie de vos collègues avec qui vous communiquez très souvent. Elle parle allemand. D'habitude vos conversations sont en allemand ?

 

V. P. : Oui, en règle générale, nous parlons en allemand.

A propos de monsieur Blatter, je voudrais terminer, car nous avons commencé par ce sujet. Nous savons tous ce qui se passe autour de lui en ce moment. Je ne veux pas rentrer dans le détail, mais je ne crois pas un mot des accusations de corruption dont il est personnellement l’objet.

Et je pense que les personnes comme monsieur Blatter, les chefs d'autres grandes fédérations sportives internationales, des comités olympiques, ces gens méritent une reconnaissance et une gratitude particulière de la part des organisations publiques. Et tant qu’à décerner des prix Nobel, c'est bien à ce type de gens qu'il faudrait les accorder, car ils améliorent les mécanismes de la coopération entre les pays et contribuent énormément au développement des relations de « bon voisinage » entre les peuples et les États.

 

Question : Une dernière question, monsieur le Président. La dernière que j'aimerais poser. En Europe on vous présente comme un nouveau Staline. Il y a des gens qui vous considèrent comme un impérialiste. Il y a aussi ceux qui vous apprécient, mais il y en a d'autres qui brossent un tel portrait de votre personne. Il y a même des gens qui disent, qu'après toutes ces années au pouvoir, vous êtes devenu fou. Que répondriez-vous à ces gens ?

 

V. P. : Après notre interview, croyez-vous que je suis fou ?

 

Question : Vous gardez le sourire, malgré tous ces préjugés.

 

V. P. : Cela fait partie de la lutte politique. C'est une partie de ma vie depuis un certain nombre d'années. J'essaie de ne pas y accorder trop d'attention. Je fais juste ce que j’estime nécessaire, dans l’intérêt de mon pays et de mon peuple.

Il n'est pas dans l'intérêt de la Russie d’être en conflit avec d'autres pays, mais nous sommes parfois bien obligés de défendre nos intérêts, et sans aucun doute, nous allons le faire. Mais pas en choisissant la voie de la confrontation et à plus forte raison de la confrontation militaire, mais plutôt celle des compromis et de solutions mutuellement acceptables.

Avec votre aide, j'aimerais m'adresser non à ceux qui me critiquent, mais à ceux qui me soutiennent. Je veux les remercier de ce soutien, et leur dire qu’ensemble, nous allons continuer à aller de l'avant. Et en premier lieu, je ne parle pas de ceux qui brossent des portraits, mais de ceux qui apprécient ce que nous faisons et sont intérieurement d'accord avec cela.

Merci beaucoup (dit en français).

 

http://francais.rt.com/international/4924-poutine-discuter-affaires-europennes

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Il faut arrêter d’être le « dindon de la farce » des Américains !

Il faut arrêter d’être le « dindon de la farce »

des Américains !

 

25 juil. 2015

 

 

Lors de la conférence de presse à l’issue de la visite de la délégation française en Crimée, les députés français ont appelé les dirigeants européens à restaurer la coopération avec la Russie dans les plus brefs délais.

 

Le député Claude Goasguen a fortement critiqué la conduite des décideurs français et européens qui suivent docilement les recommandations des Etats-Unis.

 

"Il y a toujours un dindon de la farce. Les Européens perdent beaucoup d’argent à cause des sanctions. Mais les Américains y gagnent beaucoup. Ce sont les Américains qui bénéficient le plus des sanctions, mais les Européens, ils perdent tout. En France, on dit que nous sommes les dindons de la farce", a-t-il précisé.

 

Selon les estimations, les pertes économiques de l’UE par les sanctions imposées à la Russie atteignent 0.2% du PIB européen. Cette somme s’élève à 300 millions d’euros. Mais d’après le plan de Jean-Claude Junker, la même somme doit être investie en économie européenne cette année. C’est pour cette raison que les trois députés qui ont pris part à la conférence de presse – Thierry Mariani, Claude Goasguen et Yves Pozzo di Borgo – sont persuadés qu’il faut arrêter d’être le dindon de la farce des américains, et restaurer la coopération avec la Russie. 

 

Thierry Mariani : « Au moment où on lève le blocus à Cuba, on accepte un autre blocus en Europe »

 

Les députés européens sont arrivés jeudi 23 juillet à Moscou, pour se rendre ensuite en Crimée. Il s’agit du premier déplacement d’une délégation significative d’hommes politiques et de parlementaires européens sur la péninsule, qui a été rattachée à la Russie en 2014 suite à un référendum populaire, après l’introduction des sanctions contre la Russie.

 

En Crimée, on a pris plus de deux millions de gens en otage

 

Lors de la conférence de personnes, Thierry Mariani a déclaré qu’il ne fallait pas attendre "qu’un président américain en fin de mandat décide de faire un geste pour lever ce blocus", en faisant le parallèle avec l’embargo cubain, récemment levé par Washington. En Crimée plus de deux millions de personnes ne peuvent pas se rendre en Europe parce que les ambassades ne veulent pas leur donner de visas.

 

"Chacun sait très bien qu’aujourd’hui, la situation qui fait que la Crimée est redevenue russe est durable. Donc on va faire quoi ? Pendant 60 ans on va ignorer deux millions personnes ?", a-t-il questionné.

 

La métaphore artistique de Thierry Mariani

 

Les députés ont aussi mis en évidence que les Européens se font une fausse impression de la situation en Crimée. La majorité d’entre eux estiment que la Russie est l’agresseur mais cela n’est pas vrai.

 

"L’opinion publique c’est un peu comme l’impressionnisme. C’est un tableau qui se fait par de petites touches", a souligné Thierry Mariani. Mais les médias européens noircissent ces dernier temps l’image de la Russie. Par exemple, tous les défilés militaires russes sont un "signe d’agression", même celui du 9 mai, tandis que les défilés militaires français sont qualifiés de "sympathique".

 

Toute la délégation est persuadée qu’on peut changer cette image de la Russie en Europe, en racontant ce qu’ils ont vu en Crimée. "Je pense que nos témoignages doivent donner un autre sonne de cloche", a dit Mariani, car l’Europe a besoin de la Russie, même dans la lutte contre le terrorisme.

 

"Même si les Etats-Unis auraient voulu que la guerre éclate, cette guerre n’a pas éclatée", a déclaré Claude Goasguen

 

RT en français

http://francais.rt.com/international/4814-conference-presse-delegation

 

25/07/2015

Les Etats-Unis retournent leur veste.

22 juil. 2015

 

Une nouvelle révolution à venir en Ukraine ?

Les Etats-Unis retournent leur veste.

 

Un nouveau chapitre dans la révolution ukrainienne s’ouvre; les radicaux de Secteur droit promettent d’organiser un vote de défiance des citoyens à l’encontre des autorités actuelles. Washington de son côté, change d’attitude.

 

Près de 6 000 personnes ont assisté à cette démonstration de force qui avait pour but d’appeler à un changement de pouvoir. Le chef du groupe ultra-nationaliste Arsen Avakov a annoncé ce qu’il désigne comme une «nouvelle étape de la révolution ukrainienne», disant que le Secteur droit se posera comme une «force révolutionnaire disciplinée».

 

Après que ce mouvement radical a joué un rôle clé dans le coup d’Etat de 2014, il a continué à se battre dans l’est de l’Ukraine. Ils demandent maintenant l’abolition des accords de Minsk.

 

Le Secteur droit est récemment devenu un véritable casse-tête pour le gouvernement ukrainien. Il y a plus d’une semaine que les radicaux ont été impliqués dans une fusillade avec la police à Moukatchevo, qui a fait trois morts et onze blessés. Le groupe a refusé de déposer les armes malgré l’appel du président Porochenko qui a exigé que tous les groupes illégaux devaient être désarmés.

 

L’appel a été soutenu par Washington. « Le recours à la force et aux armes doit être réservé exclusivement au gouvernement ukrainien et aux institutions du gouvernement », a indiqué l'ambassadeur américain en Ukraine Jeffrey Pyatt en commentant la fusillade lors de sa visite de la région concernée par les événements.

 

Cependant, aucune déclaration similaire n’avait été prononcée au cours de la révolution en 2014. Malgré l’existence de plusieurs vidéos de manifestants utilisant des armes, Washington continuait à insister que le mouvement anti-gouvernemental était pacifique.

 

« Les courageux Ukrainiens sont descendus dans les rues afin de s’opposer de manière pacifique à la tyrannie et demander la démocratie », avait déclaré John Kerry, le Secrétaire d’Etat américain en mars 2014, lors d’une visite en Ukraine.

 

Le président américain, à son tour, a dit l’année dernière « nous tenons le gouvernement ukrainien pour responsable de s’assurer qu’il a affaire à des manifestants pacifiques ».
L’analyste politique Daniel McAdams, interrogé par RT, estime que les principes de Washington varient selon leurs intérêts du moment.

 

Jeffrey Pyatt, Victoria Nuland et le porte-parole du département d’Etat américain ont tous trois dit la semaine dernière que « c’est une question nationale, et c’est aux Ukrainiens de régler la situation avec le Secteur droit, peu importe la façon, cela nous convient », a dit l’intéressé.

 

L’analyste a aussi souligné que le message actuel des représentants de l’administration Obama est bien différent de celui qu’on entendait l’année dernière. « Tous ceux qui comptent sur la cohérence de la politique étrangère des Etats-Unis mourront rapidement, parce que celle-ci est basée sur une éthique de situation », a expliqué l’expert.

 

RT en français

 

http://francais.rt.com/international/4686-revolution-ukraine-secteurdroit

 

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23.07.2015

 

Bloomberg : L'Ukraine soupçonne Obama 

d'avoir conspiré avec Poutine.

 

Leonid Bershidsky, écrivain et chroniqueur russe chez Bloomberg, a publié un article d'analyse, où il se livre à des conjectures sur le rapprochement d'intérêts de la Russie et des Etats-Unis survenu ces derniers temps sur fond de crise ukrainienne.

 

Dans son article, Leonid Bershidsky se base sur ses propres recherches et les déclarations de certains hommes politiques ukrainiens radicaux, accusant Washington de conspirer avec Moscou.

 

Ainsi, lors de sa récente visite à Kiev, la sous-secrétaire d'Etat américaine, Victoria Nuland, a exhorté les députés ukrainiens à adopter des amendements à la Constitution, donnant aux régions de Donetsk et de Lougansk des droits à l'autonomie inscrits dans la Loi fondamentale du pays, ce qui représente, selon les hommes politiques ukrainiens radicaux, des libertés inacceptables pour le Donbass et pourrait provoquer dans l'avenir la séparation légalisée des "régions pro-russes" de l'Ukraine.

 

Selon la vice-présidente de la Rada d'Ukraine, Oksana Syroyid, la persévérance de Mme Nuland s'explique par le fait que les Etats-Unis souhaitent se débarrasser de l'obligation de soutenir l'Ukraine, en lui imposant l'inscription dans la Constitution du statut spécial du Donbass.

 

L'ancien député ukrainien Taras Stetskiv soupçonne que les Etats-Unis et la Russie se sont entendu "dans le dos" de Kiev et ont troqué l'Ukraine contre le consentement de Moscou de signer un accord sur l'abandon par l'Iran de son programme nucléaire. En outre ces derniers temps la presse occidentale est devenue de moins en moins préoccupée par les problèmes ukrainiens.

 

Selon Leonid Bershidsky, Kiev a exagéré, en réclamant l'aide de l'Occident, et est finalement devenu un fardeau pour ce dernier. En outre, l'Ukraine continue à être un pays très criminalisé et corrompu avec en plus une économie à genoux. C'est pourquoi, il est dans l'intérêt de Washington de se détourner de l'Ukraine, estime le journaliste.

 

Sputnik 

 

http://fr.sputniknews.com/analyse/20150723/1017199937.html

 

1014560041.jpg© Sputnik. Alexei Nikolsky

 

 

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23.07.2015

 

Sans le Pravy Sektor, 

Kiev aurait trouvé un accord avec le Donbass.

 

La menace d'une contre-révolution pèse sur l'Ukraine.

Après les attentats de Moukatchevo, le Pravy sektor (Secteur droit, dont l'activité est interdite en Russie) a déclaré que la révolution n'était pas terminée dans le pays.

 
Le chef du mouvement ultranationaliste, Dmitri Iaroch, a proposé de faire démissionner le président ukrainien Piotr Porochenko et d'organiser un vote de confiance. Il demande au gouvernement de rejeter les accords de Minsk et de légaliser les bataillons de volontaires.

 

Pierre Lorrain, journaliste et écrivain français, spécialiste de la Russie et de l'espace post-soviétique, dresse un parallèle entre le Pravy sektor en Ukraine et Daesh au Proche-Orient. Selon lui, cette organisation constitue un nouveau point chaud aux portes de la Russie et présente un danger pour toute l'Europe.

 

Le Pravy Sektor et le soutien du public à travers le pays

 

Actuellement, Dmitri Iaroch n'a pas de soutien populaire ni électoral, constate l'expert. En revanche, il a des troupes, des bataillons de volontaires qui se réunissent sous des emblèmes « qui sont, qu'on le veuille ou non, des emblèmes nazis ». « Dès lors qu'il perd sa puissance militaire, le Pravy sektor n'est plus rien du point de vue électoral, du point de vue politique, affirme Pierre Lorrain. Aujourd'hui, il a une grande importance parce qu'il comprend une partie des troupes de la garde nationale ukrainienne. Il essaie de jouer sur cela. »

 

Les manifestations étaient prévisibles parce que la situation économique en Ukraine est bien pire qu'en Grèce au niveau de la dette et du chômage. Les gens commencent à réfléchir sur ceux qui sont responsables du coup d'Etat, à savoir, les Etats-Unis et l'Union européenne. Quant au Pravy sektor, il a largement contribué à l'installation du régime pro-occidental. Maintenant, Piotr Porochenko se retrouve à lutter contre les gens qui l'ont amené au pouvoir. Tout cela va apporter encore plus de chaos.

 

Le Pravy sektor VS l'Etat islamique

 

« Je crois qu'aussi bien Daesh que le Pravy sektor sont des organisations terroristes parce qu'ils ne peuvent exister que par la peur qu'ils induisent auprès de la population, selon Pierre Lorrain. Il y a, néanmoins, une différence. Si en Ukraine, toute la société civile n'est pas favorable à l'organisation et peut se lever contre, « il est impossible que les populations de Syrie ou d'Irak se lèvent d'une manière cohérente contre Daesh. »

 

Le parallèle est très net. Primo: le désastre économique en Ukraine pousse les gens vers l'extrémisme. Secundo: les Etats-Unis, d'après la déclaration du président Barack Obama, ont financé les l'extrême droite pour renverser le pouvoir de Victor Ianoukovitch. On voit la même chose au Proche-Orient. Selon un rapport récemment déclassifié, la DIA (Agence américaine du renseignement de la défense) avait prévu l'émergence de l'Etat islamique déjà en 2012 afin d'obtenir un changement de régime en Syrie. Résultat: on fait face au grave problème que constitue l'Etat islamique au Proche-Orient et le Pravy sektor en Ukraine.

 

Le Pravy sektor — un danger pour l'Europe

 

Après les attentats de Moukatchevo, les pays frontaliers avec l'Ukraine ont peur de ce qui en train de se passer en Transcarpatie avec les agissements du Pravy sektor. Les contrôles de sécurité des citoyens ukrainiens ont été renforcés à la frontière de la Hongrie, puis, de la Slovaquie. « Le Pravy sektor constitue un véritable danger pour l'Ukraine, mais également pour le reste de l'Europe dans la mesure où on ne sait pas ce que peut devenir une organisation de cet ordre, une organisation à la fois militaire et terroriste qui peut conclure des alliances dans d'autres pays », précise Pierre Lorrain.

 

Le Pravy sektor VS la Russie et l'Ukraine

 

Initialement un bataillon des volontaires, le Pravy sektor n'est officiellement contrôlé ni financé par personne. « C'est très difficile de juger s'il a été réellement subventionné de l'extérieur ou s'il a pu obtenir des financements locaux, c'est-à-dire de certains oligarques qui avaient beaucoup d'intérêt à créer des situations conflictuelles en Ukraine », dit Pierre Lorrain. A l'opposé du parti Svoboda qui n'existe plus aujourd'hui, le Pravy sektor qui avait non seulement une idéologie, mais était aussi une organisation militaire très bien construite, continue à durer parce qu'il ne reposait pas sur une logique électorale comme Svoboda.

 

Face à ce mouvement ultranationaliste, Piotr Porochenko n'a pas les mains libres. D'une part, il n'a pas besoin de combattants incontrôlables. De l'autre côté, les bataillons de volontaires constituaient une base idéologique et « physique » du pouvoir kiévien. Depuis l'euro-Maïdan, ils intimidaient et terrorisaient les habitants des grandes villes, mobilisaient les populations. Sans le Pravy sektor, Porochenko n'aurait pas de forces militaires. Qui plus est, dans le casus belli, dans le cas d'un affrontement entre le gouvernement officiel de Kiev avec toute formation nazie, que ce soit Pravy sektor, Azov, Aïdar ou autre, tous les autres bataillons se lèvent contre le président.

 

« Le Pravy sektor ne peut exister que contre la Russie, ajoute Pierre Lorrain. Si l'idée que l'agression russe n'existait pas s'impose au sein de la population ukrainienne, la puissance de Pravy sektor s'effondre totalement, et plus loin: d'un point de vue plus politique, une partie de l'argumentaire du gouvernement actuel avec le premier ministre Iatseniouk et le président Porochenko s'effondre aussi. Le principal perdant de la paix, si la paix s'établissait aujourd'hui entre le Donbass et les autorités de Kiev, ce serait indiscutablement Pravy sektor ».

 

Le Pravy sektor et la paix entre Kiev et le Donbass

 

« S'il n'y avait pas eu ces groupes paramilitaires et militaires au sein de la Garde nationale ukrainienne qui sont d'extrême-droite et qui sont très virulents, des solutions auraient été déjà trouvées au conflit du Sud-Est et un dialogue réel se serait créé entre Kiev et le Donbass, conclut Pierre Lorrain. C'est impossible aujourd'hui parce que le président Porochenko, aussi bien que le premier ministre Iatseniouk, ont peur de la réaction de la Garde nationale qui est entraînée et contrôlée par Pravy sektor. » 

 

Valérie Smakhtina

 

http://fr.sputniknews.com/analyse/20150723/1017203235.html

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20/07/2015

Mesures tactiques

« Le cessez-le-feu en Ukraine et les accords de Minsk ne sont que des mesures tactiques »

19 juil. 2015 / 20:00

RT : A votre avis, pourquoi Kiev accuse les rebelles de violer le cessez-le-feu alors qu’ils retirent leurs armes du front ?

Alexandre Pavic, analyste politique (A.P.): Parce que la guerre ne s’est jamais vraiment arrêtée. Même le cessez-le-feu et les accords de Minsk ne sont que des mesures tactiques. Le gouvernement de Kiev n’a pas changé son objectif stratégique. Il veut contrôler toute l’Ukraine. Il a fait des concessions quand il a été obligé d’en faire. Mais fondamentalement, il n’a pas la volonté de conclure un accord pondéré qui satisferait toutes les parties. Le dernier exemple en date, c’est ce récent amendement à la Constitution qui doit être présenté devant la Cour suprême ukrainienne. Les représentants des républiques de Donetsk et de Lougansk ne faisaient pas partie de la commission, ce qui ne fait que démontrer qu’on assiste davantage à un grand jeu qu’ à de véritables efforts pour conclure la paix.

RT : Donetsk a été bombardée samedi quelques heures après l’annonce du retrait des armes légères de la ligne de front par les rebelles. Ces deux événements, sont-ils liés ?

A.P. : Bien sûr, tout est lié. Il y a la carotte et le bâton, il y a des stratégies alternatives. Il y a des forces qui ne seraient pas sous le contrôle de Kiev, comme les radicaux de Secteur droit, etc. qui ont en fait publiquement annoncé qu’ils renonçaient à obéir à Kiev. Et lorsque ces derniers attaquent ou bombardent, Kiev peut nier son implication. C’est une recette pour continuer la guerre. Cela me rappelle de très près la situation dans l’ex-Yougoslavie il y a 20 ans. Des dizaines de trêves ont été conclues mais elles ne servaient qu’à gagner du temps pour réarmer, pour réorganiser les troupes et être prêt à la prochaine offensive militaire. Ce qui est vraiment nécessaire, c’est une décision ferme de la part de Kiev, disant : c’est assez ! Nous voulons une Ukraine dans laquelle les population de l’Est et de l’Ouest du pays puissent se reconnaître. Et jusqu’à cela se produise, on aura des offensives suivies de trêves tactiques .

RT : Les rebelles ont retiré toutes leurs forces de la principale zone de conflit dans la région de Donetsk, le village de Chirokino. Mais des paramilitaires refusent de quitter la zone même si Kiev a ordonné le retrait. Y-a-t-il des risques que les paramilitaires restent ?

A.P. : Ils peuvent jouer un rôle très important. Qui peut dire que cela n’a pas été convenu secrètement, à l’avance, entre Kiev et les soi-disant forces radicales ? C’est très plausible. Il faut prendre ces choses au sérieux. Kiev a assez de poids politique, assez de soutien international et de puissance militaire pour écraser ces extrémistes, ces forces radicales s’il le veut. Les faits montrent qu’une telle volonté n’existe pas et c’est là qu’est le problème. Les objectifs ne sont pas affichés de manière transparente et honnête. Si Kiev voulait contrôler Secteur droit, il le ferait.

RT en français

http://francais.rt.com/opinions/4552--cessez-feu-ukraine-accords

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Secteur droit manifeste à proximité de l’administration présidentielle à Kiev / Source: RIA NOVOSTI

09/07/2015

Matteo Salvini , Ligue du Nord.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a été invité, mercredi 8 juillet, à participer à une séance plénière du Parlement européen. Sa présence a suscité un débat enflammé sur l’avenir de son pays et de toute l’Union.

« Je remercie Monsieur Tsipras et le peuple grec » pour avoir eu le courage de « lancer un défi à cette cage antidémocratique qu’est l’Europe » et à la « monnaie commune que nous n’avons jamais souhaitée », a proclamé le député italien de la Ligue du Nord, Matteo Salvini. Il a condamné les traités internationaux « abominables qui ont aidé les multinationales américaines et pas nos peuples et nos ouvriers ».

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08/07/2015

Référendum grec : et ensuite ?

Référendum grec : et ensuite ?

Le bras de fer entre Athènes et ses créanciers autour de la dette grecque a rempli le champ médiatique. Rien d’étonnant: ce qui est en jeu n’est pas uniquement l’appartenance de la Grèce à la zone euro, mais l’avenir de cette dernière dans son ensemble.

Dimanche, un référendum d'ores et déjà qualifié d'historique s'est tenu dans le pays. 61% des électeurs ont dit "non" à l'ultimatum de la Troïka (UE, FMI, BCE) sur la poursuite du financement en échange de réformes. L'avenir est désormais flou, et l'on ignore quelles seront les conséquences de cet événement pour Athènes, l'UE et le monde entier.

Nouvelle donne

L'UE a réagi sans excès au référendum, se déclarant hostile à sa tenue avant le scrutin, et confirmant sa position par la suite. En Grèce, environ 150 personnes ont tenu à contester les résultats du vote. Elles ont jeté des cocktails Molotov sur la police et brûlé des poubelles, mais aucun autre dérapage n'a été constaté dans le pays.

Le référendum n'est pas juridiquement contraignant. Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem insiste pour que la Grèce mène malgré tout les réformes nécessaires, quel que soit le résultat du scrutin.

Comme l'a souligné de son côté le ministre autrichien des Finances Hans Jörg Schelling, l'issue du référendum ne change pas la donne dans le pays. "Ces résultats doivent bien sûr être pris en compte. Du point de vue des projets conjoints européens, ce vote est une déception, cela ne fournira à la Grèce aucune avancée dans la situation actuelle", a-t-il indiqué dans un communiqué.

L'événement retentissant survenu au lendemain du référendum est la démission du ministre des Finances Yanis Varoufakis, qui s'était imposé comme un négociateur efficace ces dernières semaines. Selon les médias, la cause de son départ serait son conflit avec M. Dijsselbloem et la pression des créanciers, hostiles à son encontre. M. Varoufakis a indiqué que son départ visait à aider le premier ministre Alexis Tsipras à obtenir un accord optimal avec les créanciers suite au référendum, et que ses homologues de l'UE n'étaient pas favorables à sa présence lors des négociations.

L'issue du scrutin de dimanche a toutefois eu une grande résonnance, et porté un coup sérieux au prestige de la zone euro. Selon la Commission européenne, le vote approfondira le fossé séparant la Grèce et les autres pays de la zone. Tel est l'avis du vice-président de la Commission européenne chargé de l'Euro et du Dialogue social Valdis Dombrovskis. Selon lui, l'événement risque de stimuler la montée en puissance des mouvements eurosceptiques à travers le Vieux Continent.

Toutefois, certains analystes estiment que la victoire du «non» est une bonne nouvelle, aussi bien pour l'UE que pour la Grèce, qui ouvre une nouvelle page dans l'histoire du continent.

"La victoire écrasante du "non" est une excellente nouvelle pour la Grèce. Dans l'immédiat cela donne bien sûr un plus grand poids à Tsipras pour négocier (même si ce sera difficile) alors même que la plupart des médias européens se sont déchaînés contre lui et l'idée même du référendum, en annonçant avec des "sondages" que le oui allait l'emporter. C'est un désaveu cinglant des technocrates européens coupés du réel et ne disposant que d'une très faible légitimité démocratique et politique", a déclaré à Sputnik Jean-Numa Ducange, historien et maître de conférences à l'Université de Rouen.

"C'est également une bonne nouvelle pour les autres peuples de l'Union européenne. Elle montre que l'on ne peut pas indéfiniment flouer les revendications populaires, à plus forte raison lorsqu'elles sont portées par un gouvernement élu qui fait preuve d'une grande audace et redonne la dignité à un peuple méprisé et humilié par les créanciers. On ne peut souhaiter qu'un effet domino pour les prochaines élections espagnoles et, pourquoi pas, françaises. C'est peut-être le début d'une nouvelle période historique pour une autre Europe", estime-t-il.

Risque d'effet domino

La principale crainte de l'UE à l'heure actuelle est que la tentation du référendum ne contamine les autres "maillons faibles" de la zone euro. Des consultations populaires sont envisagées en Espagne, au Portugal, en Italie et en Bulgarie. De nombreux analystes y voient une menace pour l'unité de l'UE, ce qui est impensable pour les Etats-Unis et ceux qui cherchent à mettre en œuvre le projet de Partenariat transatlantique. Coïncidence ? Le New York Times qualifie ouvertement les gouvernements ayant des positions proches des autorités grecques d'«extrémistes».

L'issue du référendum a d'ailleurs inspiré certaines formations eurosceptiques en Europe. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a chaleureusement salué un "«non» de liberté, de rébellion face aux diktats européens qui veulent imposer la monnaie unique à tout prix".

Après avoir soutenu le camp du "non", le FN, principal parti français à réclamer la dissolution de la zone euro, espère désormais récupérer les dividendes du vote grec. Selon Mme Le Pen, les pays européens doivent désormais "se mettre autour d'une table, constater l'échec radical de l'euro et de l'austérité, et organiser la dissolution concertée de la monnaie unique, condition indispensable au retour réel de la croissance, de l'emploi et au désendettement".

Retour à la drachme ?

De l'avis de certains experts, le risque est désormais que les Grecs prennent le large et décident de revenir à leur propre monnaie, la drachme.

Une telle démarche coûterait cher, car les réserves de change et de métaux précieux de la Grèce sont presque vides (les réserves d'or atteindraient 2 à 3 milliards d'euros).

Rapidement, les importations tariraient, des matières premières aux médicaments en passant par l'alimentation, les exportateurs pouvant refuser d'accepter la nouvelle devise grecque.

Afin d'éviter l'effondrement économique, le FMI et les pays de la zone euro devront débloquer 25 milliards d'euros afin que le pays puisse revenir à sa propre monnaie. Le fait est que la Grèce n'est pas en mesure de couvrir ses dépenses à l'aide des exportations, qui n'atteignent que 13% du PIB.

"Le risque est quasiment de 100%. Il est presque impossible de trouver une issue cohérente avec le maintien de la Grèce dans la zone euro. Les liquidités sont presque épuisées dans le pays. Pour payer les salaires, le gouvernement grec devra proposer ses propres obligations à la population, et ses dernières deviendront au final une nouvelle drachme. Dès qu'une nouvelle devise commencera à circuler en Grèce, vous pourrez considérer que le pays aura quitté la zone euro", a fait savoir à Sputnik Patrick Young, expert des marchés financiers.

Est-il possible d'éviter le Grexit ?

Selon certains experts, il est possible que les créanciers acceptent d'effacer la moitié des 200 milliards d'euros qui ont été accordés à la Grèce sous forme de prêts depuis 2009. Cela donnerait l'opportunité de maintenir le pays dans la zone euro.

Pourtant, les autorités du Portugal et de l'Irlande risquent de ne pas apprécier cette démarche, les deux pays n'ayant pas eu droit à de telles concessions de la part de l'UE par le passé. En plus, une bonne partie des électeurs allemands ne comprendront pas pourquoi Mme Merkel essaie d'étouffer la flamme de la crise financière grecque en y jetant de nouveaux billets.

Cependant, la chancelière allemande pourrait consoler son amour-propre à l'idée que l'adhésion à la zone euro est définitive. Elle évitera également à la Banque centrale européenne des pertes financières d'un montant de 140 milliards d'euros investis dans l'économie de la Grèce.

Et si la solution se trouvait du côté des BRICS ?

Une éventuelle adhésion au groupe BRICS pourrait constituer une bonne porte de sortie de la crise actuelle pour Athènes, estime Stephen Lendman, observateur du Centre de recherche sur la mondialisation Global Research.

Selon lui, en cas d'adhésion, la Grèce pourrait compter sur l'aide de la banque de développement qui sera prochainement créée dans l'objectif de devenir une des institutions phares dans le domaine de finances, et contrer la domination de l'Occident sur les marchés financiers.

Pour le moment, Alexis Tsipras, qui a pris l'initiative de contacter Vladimir Poutine le 6 juillet dans l'objectif d'évoquer les résultats du référendum et la coopération greco-russe, n'a pas demandé d'aide financière à la Russie.

Il est à noter que la question de la crise grecque ne figure pas à l'agenda des sommets des BRICS et de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui se tiendront à Oufa (Russie) courant juillet.

Les BRICS, pour leur part, n'ont pas officiellement proposé de prêts. Pourtant, le groupe des émergents laisse entendre qu'il est capable d'accorder une aide suffisante pour que la Grèce puisse ensuite sortir de la crise par ses propres moyens.

Certains experts considèrent que la cession d'une partie des actifs publics aux hommes d'affaires russes et chinois pourrait être une porte de sortie pour la Grèce. Ainsi, la Russie serait intéressée par l'achat d'actions dans des ports, aéroports, chemins de fer et compagnies énergétiques.

Avenir de la Grèce et de la zone euro

Actuellement, l'avenir de la Grèce et de la zone euro semble vague, le problème majeur étant la dette publique grecque et les engagements du gouvernement auprès des créanciers occidentaux. La crise a également mis à nu les failles du mécanisme de prise de décision et de gestion au sein de l'UE.

"Le bilan du référendum a des conséquences à deux niveaux. Premièrement, il contribue à renforcer la cote de popularité de M.Tsipras qui se prononçait contre la politique de rigueur (…). Deuxièmement, il rappelle la nécessité d'élaborer une politique efficace au sein de la zone euro", a estimé Protesilaos Stavrou, économiste et analyste politique.

"Ce sont des moments historiques, rien n'est figé et la situation change à tout moment", a-t-il ajouté.

Sputnik, le 07 juillet 2015.

http://fr.sputniknews.com/actualite/20150707/1016877893.html

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Dossier : La crise financière en Grèce

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 Photo : AFP 2015, Joel Saget