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22/09/2014

Que signifie l’intervention de Strelkov ?

Que signifie l’intervention de Strelkov ?

Cela signifie que Poutine a fait son choix !

 

Alexandre Douguine, Le 17.09.2014

 

Concernant le sujet, commencer par voir/lire :

> Igor Strelkov : briefing du 11.09.2014

> Maintenant il nage avec les grands requins blancs

 

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Beaucoup de gens intelligents savent que Poutine n’est pas un roi et ni un dictateur. Dans le sens qu’il ne traite pas toutes les questions sur le principe de "je veux" et un coup de poing sur la table. 


Derrière lui, il y a des élites. 


Deux camps (comme on le pense). D’un côté, les faucons de type Rogozine, de l’autre – les libéraux "patriotiques". Les uns – le parti de la guerre, les Impériaux prônant la confrontation avec l’Occident et se moquant des sanctions, les autres – pro-occidentaux, prônant le compromis au détriment des intérêts nationaux (bien que ce soit justement en cela qu’ils voient l’intérêt national) – ceux qu’on appelle "les purgeurs". Pour eux, l’amitié avec l’Occident est très importante, ne serait-ce que parce que tout leur fric est là-bas. Certains les appellent – pragmatiques. Douguine les appelle "la sixième colonne". En fait, les sanctions américaines ciblent précisément cette cohorte, et elles ont pour but de provoquer le mécontentement des boyards et de les amener à influencer la politique de Poutine.


Et Poutine lui-même était toujours en équilibre entre les deux camps. Sans privilégier personne. Soit parce qu’il vient de la sécurité d’État, soit parce qu’il est du signe de la "Balance"... Quoi qu’il en soit, la situation paradoxale en Novorussie est liée à la lutte de ces groupes du Kremlin. Les uns veulent purger la Novorussie, négocier avec l’Occident, céder, tout en maintenant pour la Russie un simulacre de visage (les verbiages sur une Ukraine unie prorusse), les autres veulent laver les bottes dans le Dniepr (et même, dans le Dniestr). Les premiers ont tenté d’enterrer Strelkov moyennant des "kourguinian's" apprivoisés, ils ont engagé toutes sortes de négociations secrètes et, finalement, ont ficelé cette "paix" boueuse de Minsk avec tous ses "statuts spéciaux". Les deuxièmes exigent de rompre, au diable ce scénario, et tout de même, d’aller laver leurs bottes.


C’est un moment historique quand Poutine doit faire un choix. 


Tous ces racontars du genre d’Iossif Vissarionovitch : « Allo, camarade Beria ? Camarade Abakoumov a dit que vous êtes un ennemi du peuple et qu’il faut vous fusiller... bonne nuit. Allo, camarade Abakoumov ? Camarade Beria a dit que vous êtes un ennemi du peuple et qu’il faut vous fusiller... bonne nuit. Eh bien, j’ai souhaité bonne nuit à tout le monde, maintenant, je peux me coucher », ne passeront pas. De ce choix dépend l’avenir de la Russie, de Poutine lui-même, et peut-être du continent. 


Le choix est : soit renoncer sous la pression des sanctions = reconnaître sa défaite = démolir son autorité personnelle, enterrer le concept du Monde Russe, déshonorer la Russie et semer de grands troubles dans la société, ou bien montrer les dents et montrer à l’Occident la Russie qu’ils voient dans leurs rêves humides de submissivité durant toutes ces décennies.


Nous connaissons Poutine. Nous savons que c’est un combattant. Tout le monde le sait. Nous savons que, bien qu’il soit un homme pragmatique, il est assez émotionnel. Nous n’avions aucun doute de quelle serait la position que prendrait cet homme quand on commencera à lui imposer l’obéissance par la contrainte. Et aux hommes politiques occidentaux qui ne le comprennent pas, il est grand temps de remettre le prix de Darwin.


Parce que Poutine a fait un choix. 


Je pense que Poutine a choisi la guerre. Bon, ok, disons-le de manière plus soft : une position ferme sans compromis dictée par les intérêts du peuple russe. La vidéo avec la bougie à la mémoire des défenseurs de la Novorussie, morts au combat, n’est pas le fruit du hasard. C’est un message. Sur cette vidéo, le président de la Fédération de Russie a prononcé le mot « Novorossia ». Et en le disant, il regardait droit dans la caméra. Ceci est important. Quand Poutine donne des interviews, il regarde le journaliste, et non pas la caméra. Ici, il nous a tous regardés dans les yeux. Et il avait de l’émotion dans la voix. On l’entend. Elle a humainement tremblé. Comme chez tout le monde dans les moments de profonde tristesse et de douleur. Je doute qu’il l’ait répété.


Et puis, il y a le discours de Strelkov. 


Très audacieux. Dans lequel il s’exprime très clairement. Qui est l’ennemi, quels sont les objectifs des Russes, et avec qui il faut se battre. L’essentiel est – qu’il faut nettoyer l’entourage de Poutine des traîtres et des ennemis de Poutine. Et, en fait, c’est pour cela qu’il est ici, et non pas en Novorussie. C’est-à-dire, que cela est encore plus important que la guerre dans le Donbass. Eh bien, il n’a pas dit exactement cela, mais le fil rouge y est. Et Igor Ivanovitch a promis de formuler bientôt un plan.


Je pense que la déclaration de Strelkov – n’est pas seulement la déclaration de Strelkov.


Vladimir Poutine a choisi son camp et, par conséquent, les membres de l’autre camp doivent être "ratissés". Ainsi faisait le susmentionné Iossif Vissarionovitch. Eh bien, non pas littéralement, bien sûr... Par d’autres méthodes. De façon culturelle et civilisée. Et certainement pas avec les mains de Strelkov. Mais ils vont résister. Et ils ont de l’argent, des ressources. C’est la première chose. La deuxième – les sanctions deviennent vraiment sévères (si avant on piquait l’ours avec un bâton, maintenant on le pique avec une lance) et les sanctions de riposte seront également sévères. Et lourdes pour les Russes. Aux "jambon cru et camembert" s’ajoutent maintenant les automobiles et les vêtements. C’est-à-dire, qu’elles vont toucher des milieux plus larges de citoyens russes. Et les sanctions contre les secteurs énergétiques et bancaires peuvent ébranler l’économie, avec toutes les conséquences toujours pour les mêmes citoyens de Russie. Dans la société, le scepticisme peut commencer à croître, se transformant progressivement en protestation. Naturellement, soigneusement attisée par ceux qui seront ratissés. C’est ici qu’on a besoin de Strelkov.


Strelkov – c’est une icône. Strelkov – c’est une bannière. Strelkov – c’est le centre autour duquel se rassembleront les patriotes. 


Et le principal patriote de la Russie – c'est le Souverain. C’est ce que Strelkov a dit. Au-dessus de lui était accrochée une photo de Poutine. 


Strelkov – c’est le soutien de Poutine. Strelkov – c’est un phare dans l’obscurité, qui débutera bientôt en Russie. Igor Ivanovitch va créer la force (sous forme d’une association, d’un parti, je ne sais pas...) qui résistera aux troubles. Les "patriotes" libéraux (la sixième colonne selon Douguine) ont essayé de discréditer son nom, se rendant compte de l’envergure du personnage. Ils voulaient traîner dans la boue l’image de "Strelkov-de-fer" aux yeux des Russes patriotiques, afin de semer la déception et la frustration dans leurs cœurs. Le ressentiment. Et après avoir coulé la Novorussie (ce qu’ils ont préparé de leurs propres mains), canaliser la colère des patriotes (et même elle se dirigerait toute seule) contre le traître principal des Russes et du Monde Russe – Poutine. Et puis, dans la frénésie révolutionnaire fusionneront les rubans blancs et nationalistes, les libéraux, gauche et droite. 


Le plan visant à démanteler la Novorussie – est un plan de renversement de Poutine.


Le sérénissime n’est pas un imbécile, il comprend tout cela, c’est juste qu’il était décontenancé par le prix à payer, en choisissant définitivement le "parti du bien". Je pense ainsi. Et le prix – c’est peut-être la guerre globale. Il pesait longuement (du signe de la Balance...), et il a pris la décision finale. Je pense ainsi.


Je pense qu’il a commencé à soupeser depuis longtemps. Pourquoi des exercices militaires d’envergure dans toute la Russie ? Pourquoi des centaines de milliards de dollars pour le complexe militaro-industriel ? Pourquoi le réarmement intensif de toute l’armée, la construction des sous-marins, des hélicoptères, de divers autres équipements militaires, l’uniforme de Youdachkine et les troupes de débarquement dans l’Arctique ? Non, les gars, mieux vaut préparer les traîneaux en été.

Strelkov a clairement fait comprendre (il l'a déclaré en clair) que faire de lui une image du combattant contre le régime, le mettre dans le camp protestataire du marais libéral – c'était peine perdue. Vous aurez les trous de l’Emmental, et pas Strelkov.

 

Le Monde Russe – ce n’est pas une abstraction. Le Monde Russe commence à se matérialiser. La Russie entre dans une nouvelle ère. Et ce processus est très dangereux. Le Pays prend le large, et ce que nous observons maintenant – c’est le largage des amarres. Dans ce périlleux voyage, le vent soufflera en tempête, la mer passera par-dessus bord, et toutes sortes de monstres océaniques (transocéaniques) vont briser les mâts de leurs tentacules et le tirer au fond. Et peut-être même des pirates tenteront de le prendre à l’abordage ou bien tireront un coup foudroyant de canon. Tout est possible. 


Le plus important, c’est de choisir une bonne équipe. Puisqu’on commence à larguer les amarres.


Alexandre Douguine


Agence centrale d’information de Nouvelle-Russie :
Novorus.info
Article original : LIEN

Via : Paralipomènes d'une journée ordinaire et Gaidéclin, Bertrand du Donbass

Traduction : GalCha

 

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Le syndrome Tolstoïevsky

Le Syndrôme Tolstoïevski

 

Le problème, avec l’approche occidentale de la Russie, n’est pas tant dans le manque de volonté de comprendre que dans l’excès de volonté de ne rien savoir.

 

Cette nation qui a donné Pouchkine et Guerre et Paix, Nijinsky et le Lac des Cygnes, qui a l’une des plus riches traditions picturales au monde, qui a classé les éléments de la nature, qui fut la première à envoyer un homme dans l’espace (et la dernière à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du cinéma, de la poésie, de l’architecture, de la théologie, des sciences, qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels — et de loin — de physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars, bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus longue voie de chemin de fer au monde et l’utilise encore (à la différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et langues de l’espace eurasien, qui construit des avions de combat redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain, comme un ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation !

 

 *

L’Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise, depuis Ivan le Terrible à « Putler »-Poutine, en passant par le tsar Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même l’URSS où tout succès était dit « soviétique » et tout échec dénigré comme « russe ».

Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit illimité de forfaiture et de brigandage « parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45 » n’ont pas un mot, pas une pensée de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l’hydre national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens, savants, universitaires et hommes d’affaires est suspendue au bon vouloir d’obscures commissions européennes dont les peuples qu’elles prétendent représenter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni pourquoi il y siège plutôt qu’un autre larbin des multinationales.

Mais tout cela n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses. L’Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l’infini, du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux continents voisins voire à l’espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople, apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désamorcer. (Étant entendu que la menace islamique n’est que le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l’action de services d’État occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité.)

La menace russe, elle, est d’une autre nature. Voici une civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d’elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à l’Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie. Voici des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d’Empereurs chrétiens siégeant dans l’ultime Rome, la troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons. Voici une terre aux horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l’histoire du monde, inviolables bien que diffus. Voici des gens, enfin, et surtout, aussi divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l’Asie. Ils n’ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assimilé qu’ils n’y pensent plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses : des articles pour touristes.

*

Cela ressemble tellement à l’Europe. Et c’en est tellement loin ! Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — génois, anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la composition d’un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pourraient pas l’apprendre. C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vraiment, l’esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu’ils accueillent désormais par millions et qu’ils laissent s’agglutiner en ghettos parce qu’ils ne savent comment leur parler.

J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets pour entamer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m’étonne sincèrement de voir que mes compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres grandes langues de leur pays. Comment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu’il parle ? C’est le minimum de la courtoisie. Et cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments d’anglais d’aéroport.

De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-européenne en sus de la leur propre. Où voit-on la réciproque, à l’ouest du Dniepr ? Depuis Pierre le Grand, ils se considéraient européens à part entière. Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres ? Non, bien entendu. Parler français fut deux siècles durant la règle dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont intensément crus européens, mais l’Europe s’est acharnée à leur dissiper cette illusion. Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par cœur, vous leur répondez en évoquant « Tolstoïevsky ». L’Europe de Lisbonne à Vladivostok n’aura été réelle qu’à l’Est. À l’Ouest, elle ne fut jamais que la projection livresque de quelques visionnaires.

L’Europe de Lisbonne à Vladivostok ! Imagine-t-on la puissance, la continuité, le rayonnement, les ressources d’un tel ensemble ? Non. On préfère definitely se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres outlaws mal dégrossis s’étreignant désespérément par-dessus la mer vide et refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu’un miroir ou un butin. Leurs derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à Gorbatchev. Normal : le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire sans autre contrepartie qu’une paire de santiags au ranch de Reagan. Vingt ans plus tard, les soudards de l’Otan occupaient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais toucher ! Au plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau : « Ils n’aimeront le tsar que tant qu’il détruira la Russie ! »

*

« Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je souvent dire — « Quel don pour les langues ! » Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment pour argent comptant. Puis, ayant voyagé, j’ai fini par comprendre. Ce n’est pas « nous les Slaves » qui avons de l’aisance pour les langues : c’est vous, les « Européens » qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas besoin, estimant depuis des siècles que votre package linguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde. Pourquoi s’escrimer à parler bantou ? Votre langue, étendard de votre civilisation, vous suffit amplement, puisqu’au-delà de votre civilisation, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les navires dévalent dans l’abîme infini.

Voilà pourquoi le russe, pour vous, c’est du chinois. Et le chinois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi. Vous n’avez plus même, dans votre nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement, de vous. Ah ! Frémiriez-vous, si vous pigiez l’arabe des prédicateurs de banlieue ! Ah ! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous s’il vous était donné de saisir la finesse de l’humour noir des Russes, plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil que leurs chenilles sont au bord de votre gazon.

Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quiétude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus.

Tout ceci n’est rien, disais-je, parlant du malentendu historique qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant. Vous ne leur en voulez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous ignoriez jusqu’à l’existence. Vous leur en voulez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre ! Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on vous a dressés à vomir. Vous leur en voulez de ne pas organiser pour l’amour de l’Autre la haine du Soi. Vous les enviez d’avoir résolu le dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux : Jusqu’à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres ?

Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d’être !

Ce qui impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation. Car tout la dément : et les excellentes relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l’habileté de ses stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à l’inculture spécialisée du « chercheur » universitaire parisien qui prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération. C’est que ce ramassis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir quand l’école européenne produit de l’ignorance socialisée ; croit encore en ses institutions quand celles de l’UE prêtent à rire ; croit encore en son destin quand les vieilles nations d’Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street.

Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire.

Le gouvernement d’Obama prend des sanctions contre le régime de Poutine : tout est dit !

D’un côté, Guantanamo, les assassinats par drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre. De l’autre, une puissance qui essaie pas à pas de faire le ménage à ses propres frontières, celles justement dont on s’était engagé à ne jamais s’approcher. Votre gouvernement contre leur régime…

Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux fois par siècle, de la Russie ? Du refuge ultime des vos dissidents, en premier lieu du témoin capital Snowden. Des sources d’une part considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du dernier transporteur capable d’emmener vos gens dans l’espace. Mais qu’importe, puisque vous avez soumis votre science, votre art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du rendement et de la spéculation. Et qu’être traqués et épiés à chaque pas, comme Snowden vous l’a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. A quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement tenus en laisse ? Quant à la dissidence… Elle n’est bonne que pour saper la Russie. Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n’hésitez pas à houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l’issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins…

Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la malice humaine : les nazis et les djihadistes ? Comment pouvez-vous songer à contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires ? En l’exterminant ou en le réduisant en esclavage ? (Il est vrai que « toutes les options sont sur la table », comme on dit à l’ Otan.) Destituer de l’extérieur un chef d’État plus populaire que tous vos polichinelles réunis ? Êtes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l’« Occident » puisse y cohabiter avec un État russe ?

C’est peut-être cela, tout compte fait. La Russie est l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nouveau, de la première décolonisation véritable. Celle des idées, des échanges, des monnaies, des mentalités. À moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n’y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire : mieux vaut vous y préparer.

Slobodan Despot

 

Source : Le syndrome Tolstoïevsky (blog.despot.ch, 08-09-2014)

Slobodan Despot est le directeur des Éditions Xenia.

Essayiste et romancier (Le Miel, Gallimard), il tient également un blog très suivi.

 

http://vouloir.hautetfort.com/archive/2014/02/28/le-miel-de-slobodan-despot.html

 

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Slobodan Despot

 

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Conseils de lecture donnés par l’auteur pour poursuivre votre réflexion

- Jürgen Elsässer : Comment le djihad est arrivé en Europe

- A.S. Khomiakov : L’Église latine et le Protestantisme au point de vue de l’Église dOrient

- Naomi Klein : La stratégie du choc

- Konstantin Leontiev : LEuropéen moyen, idéal et outil de la destruction universelle

- C.S. Lewis : LAbolition de lHomme

- Carroll Quigley : Tragedy and Hope [PDF]

- Steven Runciman : La chute de Constantinople

- Eric Werner : De lextermination, Lavant-guerre civile

- Alexandre Zinoviev : La Grande Rupture, LOccidentisme

18/09/2014

Maintenant il nage avec de grands requins blancs...

Strelkov nageait avec des piranhas, 

maintenant il nage avec de grands requins blancs.

 

Un article et une analyse signés du Saker, en date du 12 sept 2014. 

http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/13/strelkov-nageait-piranhas...

 

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La conférence de presse de Strelkov, hier [Ndt : 11 septembre 2014], est, je crois, un moment historique car elle marque le passage de Strelkov de la lutte armée novorossienne à une lutte de bien plus grande ampleur, et beaucoup plus dangereuse : la lutte pour l’avenir politique de la Russie. En soi, cela n’est pas nécessairement inattendu, mais la façon dont il l’a fait a créé une surprise, en tout cas pour moi. Avant de revenir sur la situation d’ensemble, il me semble utile d’essayer de résumer ici les points clés de sa présentation. Voici comment je résumerais ce qui m’a semblé être les éléments clés de sa présentation :

 

Les facteurs externes (la mise en scène), la symbolique du message :

· Il est clairement vivant et en bonne santé ;

· les raisons de son départ : des luttes intestines au sein de la direction novorossienne et le fait qu’il lui avait été dit que l’approvisionnement ne viendrait que s’il partait ;

· il y a au mur, dans son dos, la photo de Poutine ;

· devant lui, sur la table, est posé un drapeau russe monarchiste, et il a derrière lui un drapeau russe et un drapeau novorossien (aucun symbole soviétique ou communiste).

 

Strelkov-conf_b.jpg

La mise en scène de la conférence de presse.

 

Son point de vue sur l’accord de cessez-le-feu :

· Ce cessez-le-feu a créé une situation militaire pire que ce qu’elle était au printemps.

· Ce n’est pas tant le cessez-le-feu en lui-même qui est une honte, mais plutôt « les conditions actuellement en cours de discussion à Minsk ».

·  Il existe un plan visant à faire retomber sur Poutine l’accusation d’avoir trahi la Novorossia.

· De puissants intérêts veulent une guerre sans fin, afin de faire de l’Ukraine un ulcère hémorragique pour la Russie.

 

Comment il décrit la 5ème colonne :

· Les racines de cette 5ème colonne remontent aux années Eltsine.

· La libération de la Crimée a pris la 5ème colonne par surprise.

· La 5ème colonne se trouve dans l’entourage du président.

· Il y a une 5ème colonne locale au Donbass, qui a déjà négocié et continue à négocier avec les oligarques ukies.

· La 5ème colonne est composée de « libéraux ».

· Pour eux, Poutine représente une menace morale, parce qu’il bénéficie d’un soutien populaire massif.

· Ils veulent renverser Poutine.

· Ils veulent démembrer la Russie.

· Ce sera une guerre longue contre la Russie.

· Nous sommes à nouveau confrontés à une situation similaire à celles de 1905 et de 1917.

·  En sauvant la Novorossia, la Russie peut se sauver elle-même.

· Les sanctions occidentales vont nuire à la Russie, et elles seront utilisées pour discréditer Poutine.

 

Les plans de Strelkov :

·  Strelkov entend se battre en Russie pour appuyer Poutine (c’est la seule option).

· Son objectif principal est la dénonciation des véritables traîtres en Russie.

 

C’est là mon interprétation personnelle des éléments clés de la présentation de Strelkov ; il se peut bien sûr que j’aie raté ou mal compris l’une ou l’autre chose, c’est pourquoi je vous encourage tous à visionner à nouveau la vidéo.

 

RETOUR SUR LE CONTEXTE ELARGI :

 

Avant d’aller plus loin dans mon analyse des déclarations de Strelkov, je pense qu’il est essentiel de garder à l’esprit le contexte plus général dans lequel elles se situent. Ses paroles ne sont pas seulement les mots d’un homme qui parle au nom des Forces armées novorossiennes (FAN) ou ceux d’un héros de la Novorossia ; cette fois, Strelkov plonge directement dans le grand et dangereux monde de la politique de « l’État profond» de la Russie (bien que le terme d’« état profond » ne s’applique pas vraiment à la Russie). Je vais donc revenir à un sujet que j’évoque depuis de nombreuses années maintenant.

Mes lecteurs de longue date se rappelleront probablement que j’ai souvent parlé d’une lutte en coulisse entre ce que j’ai appelé les«souverainistes eurasiens » (SE) et les« intégrationnistes atlantistes » (IA). Je ne vais bien sûr pas tout répéter ici, mais je vous encourage à lire les articles suivants :

· Russia and Islam, part three: internal Russian politics, 20-02-2013

· Russia and Islam, part six: the Kremlin, 09-03-2013

· The power struggle inside the Kremlin is gradually emerging into the open, 17-04-2013

· 1993-2013: is the twenty years long « pas de deux » of Russia and the USA coming to an end?, 13-10-2013

·  A new Cold War has begun – let us embrace it with relief!, 02-04-2014

 

Les deux premiers articles font partie d’une série bien plus longue en sept parties sur l’islam, mais ils introduisent le contexte historique du développement des factions SE et IA. Quant aux deux suivants, j’aurais tendance à estimer qu’il est impératif pour vous de les lire si vous n’êtes pas familier avec le sujet. Pour ce qui est du dernier, c’est simplement une discussion plus récente du rôle de ces deux factions dans l’actuelle guerre froide n°2. Cela dit, ma thèse clé est la suivante…

La « 5ème colonne » à laquelle Strelkov fait référence, ce sont les mêmes personnes que j’appelle intégrationnistes atlantistes.

Strelkov ne donne aucun nom, mais il les décrit de manière très précise (voir ci-dessus) et il ajoute qu’ils n’accordent de valeur qu’à « l’argent et aux autres ressources matérielles ». Ils sont l’équivalent russe des 1% anglo-sionistes. Leur principal objectif politique est d’intégrer pleinement la Russie dans le système international anglo-sioniste aux plans financier, politique, économique et culturel. Ils voient la Russie comme « européenne » et ils croient que « l’Occident » (c’est à dire l’Empire anglo-sioniste) et la Russie doivent s’unir contre l’Islam, la Chine et toute autre idéologie, religion, nation ou alliance non-impériale. Ils croient dans le capitalisme et ils sont opposés à un « état social » (pour reprendre la façon dont Poutine décrit la Russie moderne) ; ils n’ont également que mépris systématique à l’égard des « masses », quoiqu’ils s’efforcent de ne pas laisser voir cet aspect de leur vision du monde. Ce sont les gens qui ont pris progressivement le pouvoir dans les années 1980 et qui ont eu, dans les années 1990, un véritable instinct de prédateur les conduisant à profiter du bon moment pour acquérir rapidement et impitoyablement une part absolument incroyable de la richesse nationale, ainsi volée au peuple russe.

Maintenant, il est vrai que suite à une opération tout à fait brillante des services de sécurité russes au cours des années 1990, et grâce au chaos dans lequel la Russie était plongé, ces IA (membres de la 5ème colonne) ont fait une erreur fatale. Leur plan était de mettre en avant un bureaucrate plutôt terne et peu apte à susciter l’intérêt de ses concitoyens, lequel aurait accédé au pouvoir en étant entouré d’hommes issus de leurs propres cercles. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que ce bureaucrate plutôt insipide et terne se transformerait en l’un des hommes d’Etat les plus redoutables de l’histoire russe – Poutine – et qu’il entreprendrait immédiatement de décapiter les couches supérieures des IA – ceux que l’on dénomme « oligarques », et les voyous qui faisaient appliquer leur domination – et leur branche armée, l’insurrection tchétchène wahhabite. Poutine a agi si vite qu’il est parvenu rapidement à pleinement contrôler ce que l’on peut appeler les « ministères du pouvoir » (la sécurité de l’Etat, la sécurité présidentielle, le ministère de l’intérieur, celui des forces armées, les services d’urgence) et, ce qui est crucial, à gagner un immense soutien populaire. En un sens, cette combinaison de pouvoir d’Etat et de soutien populaire fait de Poutine un intouchable, mais cela a également limité son pouvoir.

Alors que les IA les plus haut placés et les plus fameux ont soit quitté la Russie (Berezovski), soit été mis en prison (Khodorkovsky), ou bien sont morts, le système qu’ils avaient créé est, lui, encore en place. La banque, l’industrie des ressources naturelles, le commerce des armes, les services financiers et, bien sûr, les médias, sont encore dans une large mesure entre leurs mains. Ainsi, lorsque le plus arrogant d’entre eux, Khodorkovski, fut emprisonné, les deux factions (SE et IA) parvinrent à ce qui ressemble à un compromis, ou à un cessez-le-feu temporaire, si vous préférez. L’accord était le suivant : en premier lieu, tant qu’ils ne chercheraient pas à prendre le contrôle du Kremlin et, de manière générale, tant qu’ils se tiendraient à l’écart de la politique, les IA seraient autorisé à conserver leurs richesses et à continuer à faire des profits énormes ; deuxièmement, les premières marches du pouvoir seraient partagées entre les SE (Poutine, Rogozine, Patrouchev, etc.) et les IA (Medvedev, Koudrine, Sourkov, etc.).

Le premier grand coup que Poutine porta contre les IA fut le limogeage de Serdiukov et, « pire » encore, son remplacement par Choïgou [NdT : Sergueï Choïgou est général d'armée. Il a dirigé le ministère des Situations d'urgence de 1994 à 2012. Vladimir Poutine en a fait le ministre de la Défense de la Fédération de Russie le 6 novembre 2012.]. Le deuxième coup de massue fut, selon Strelkov (et je suis d’accord avec lui), l’opération de libération de la Crimée. A entendre Strelkov, cette opération a été un coup extrêmement dur pour les intérêts de ces membres de la 5ème colonne, parce qu’ils ont immédiatement réalisé que cela plaçait la Russie et les anglo-sionistes sur une trajectoire de collision. Ils ont donc rassemblé toutes leurs forces pour a) prévenir une intervention militaire russe dans le Donbass, et b) passer un accord avec les oligarques aujourd’hui au pouvoir à Kiev. Je partage entièrement cette analyse.

Intérêts stratégiques russes contre intérêts stratégiques novorossiens

Voici la partie la plus délicate. On lit ici et là sur de nombreux blogs un certain nombre d’hypothèses qui sont le résultat d’une erreur de logique fondamentale :

· Les intérêts russes et novorossiens se confondent ;

· tout ce qui a le soutien des IA est mauvais pour la Russie ;

· Poutine a le contrôle total et peut faire ce qu’il veut ;

· les dirigeants novorossiens sont forcément dans le vrai du fait de leur lutte héroïque ;

· être en désaccord avec les dirigeants novorossiens est une marque de stupidité, de trahison ou de malhonnêteté (y compris pour Poutine lui-même).

 

La réalité est loin d’être aussi simple que cela. D’une part, les intérêts russes et novorossiens ne sont pas une seule et même chose ; ils sont même en opposition directe sur une question cruciale, puisque la Novorossia veut l’indépendance totale vis-à-vis de Kiev (quels que soient ceux qui y sont au pouvoir) tandis que la Russie veut un changement de régime à Kiev et le maintien d’une Ukraine unitaire. Deuxièmement, malgré le fait que ce soient des oligarques russes et des oligarques ukrainiens qui tentent de mettre au point un accord afin de mettre un terme à la guerre et de maintenir une Ukraine unitaire, cela pourrait être mauvais pour la Russie comme cela pourrait tout aussi bien ne pas l’être. Si vous le permettez, avant d’être accusé de Dieu sait quoi, je m’explique…

Pendant les années 1980 et les années 1990, une étrange espèce de « fusion partielle » s’est opérée entre la mafia russe et le KGB. Je sais que cela semble fou, mais ce n’en est pas moins vrai et votre serviteur l’a personnellement vu de ses yeux, comme il a rencontré personnellement d’anciens officiers du KGB travaillant au sein de la mafia russe. Comme le disent certains, un « ex-officier du KGB », cela n’existe pas. Eh bien, en réalité, si, cela existe ; et dans la plupart des cas, des contacts ne serait-ce qu’informels sont maintenus. Voici donc comment je pourrais résumer très grossièrement cette bizarre association :

Dans les années 1980 : des agents du KGB corrompus réalisent qu’il est possible de se faire beaucoup d’argent dans le monde souterrain, et plusieurs fonctionnaires de la Direction de la sécurité intérieure du KGB (2ème Directorat principal) ont trouvé le moyen de tirer profit de certains de leurs contacts étroits avec la mafia.

Au début des années 1990 : un grand nombre d’agents du KGB jeunes et intelligents, ayant compris que leurs compétences étaient devenues inutiles au KGB, démissionnent et trouvent immédiatement de très bonnes situations dans le « Nouveau monde russe » (à l’époque composé à 100% de mafieux), où précisément ils utilisent leurs compétences (en langues, en éducation, en capacité de travail, en courage) et gagnent beaucoup d’argent.

Ce furent des années terribles pour le KGB/FSB, mais elles eurent également un impact positif: les dirigeants les plus corrompus et les moins patriotes s’en furent, laissant derrière eux de nombreux idéalistes, des idéalistes qui, avec le temps, grimperaient les échelons.

Maintenant, voici la partie vraiment intéressante :

Du milieu des années 1990 à 2000 : les successeurs du KGB, le FSB et le SVR [1] se rendirent compte de ce qu’ils disposaient d’un fantastique réseau de collaborateurs potentiels dans le monde nouvellement créé des entreprises russes, dans la finance, le commerce, le tourisme, etc. Ils se mirent à s’en servir et commencèrent à utiliser ce réseau mondial composé surtout d’« ex-mafieux revenus à la légalité » à des fins de sécurité de l’Etat et d’espionnage industriel et commercial. Même le service de renseignement militaire, le GRU, a commencé à faire la même chose avec d’ex-agents qui travaillent aujourd’hui dans l’aérospatiale, l’électronique, les communications, etc.

[Hors sujet mais aparté intéressant : il est un autre réseau des plus précieux que les SVR/FSB/GRU ont également commencé à utiliser au cours de cette période, qui n’est autre que le grand nombre de Juifs originaires de Russie et ayant émigré aux Etats-Unis ou en Israël. Gardez cela à l'esprit lorsque vous pensez aux relations russo-israéliennes]

 

De 2000 à aujourd’hui : Poutine et ses soutiens commencent, en coulisse, une guerre impitoyable contre les intégrationnistes atlantistes, lesquels fondamentalement s’opposent aux souverainistes eurasiens qui sont maintenant fermement derrière Poutine. Surtout, les services de sécurité, à présent contrôlés par des alliés de Poutine, développent un réseau de sympathisants potentiels à l’intérieur même de la base du pouvoir des intégrationnistes atlantistes. Voyez à quel point les choses deviennent complexes.

Ainsi, alors que certains analystes superficiels sont dans le vrai lorsqu’ils disent que les oligarques russes appartiennent généralement à la 5ème colonne et sont de dangereux ennemis de Poutine, ce qui leur manque, c’est que a) tous les oligarques ne sont pas à placer dans cette catégorie, et que b) Poutine a les moyens d’influencer ou même de contraindre certains oligarques anti-Poutine grâce au contrôle qu’il exerce sur les services de sécurité et sur leur réseau, interne à la base de pouvoir des oligarques.

Voici donc le point crucial : la relation entre le Kremlin et l’oligarchie russe est très complexe. Oui, dans l’ensemble, il est juste de dire qu’il y a d’un côté Poutine, les services de sécurité, l’armée et les russes ordinaires, et de l’autre les oligarques, l’intelligentsia libérale, les grandes entreprises, les banques, la finance et les agents de la CIA. Mais en réalité, il s’agit là d’un modèle trop basique, car la réalité est infiniment plus complexe. Je sais que je vais me faire encore davantage détester de dire cela, mais certains oligarques sont (quelle qu’en soit la raison) des alliés de Poutine ou des personnes qu’il contrôle. J’en ai rencontré personnellement à la fin des années 1990, et je suis sûr qu’ils sont toujours là. Pourquoi ?

Parce qu’il y a beaucoup d’argent à se faire en Russie en étant du côté de Poutine. D’une part, si vous êtes en bons termes avec le Kremlin, vous devenez intouchable pour le reste du monde plus ou moins légal « des affaires ». Vous obtenez également de juteux contrats. Et il se pourrait que les autorités fiscales ne se montrent pas aussi méticuleuses lorsque vous remplissez vos déclarations d’impôts. Encore une fois, cette vision en noir et blanc d’une lutte opposant Poutine aux oligarques, si elle est vraie de manière générale, n’est qu’une représentation schématique de la réalité.

RETOUR A LA CONFERENCE DE PRESSE DE STRELKOV

Rappelons-nous d’où Strelkov est venu. Si l’on sait sur lui assez peu de choses de façon certaine, il semble qu’il soit un ex-colonel du FSB (anti-terrorisme) qui a combattu en tant que volontaire en Yougoslavie, en Transnistrie et en Tchétchénie. C’est également un historien, quelqu’un qui écrit des articles, et il aime prendre part à des reconstitutions militaires. C’est un monarchiste, un chrétien orthodoxe et un admirateur de la lutte des Blancs pendant la guerre civile. En Novorossia, cependant, il est tout à coup passé, d’un bond gigantesque et particulièrement réussi, à un niveau totalement différent : le colonel de l’anti-terrorisme est devenu ce que l’on pourrait plus ou moins décrire comme un commandant de division ou même de corps d’armée, qui a changé une milice de volontaires en une armée plus ou moins régulière. C’est là un exploit énorme : alors qu’il n’était quasiment personne, il est devenu le héros et le commandant n°1 de l’ensemble de la résistance novorossienne. Et cependant, la Novorossia est minuscule par rapport à la Russie, et la politique novorossienne de haut niveau est chose tout à fait minime en comparaison de la politique russe de haut niveau. Et voilà pourtant qu’avec sa conférence de presse d’hier, Strelkov a fait encore un autre bond de géant : il a sauté des questions militaires novorossiennes directement dans le combat le plus complexe et dangereux qui soit : la lutte secrète pour le pouvoir qui se déroule derrière les coulisses du Kremlin. Il est beaucoup trop tôt pour dire si cette initiative sera couronnée d’autant de succès que la précédente : Strelkov cette fois ne nage plus avec des piranhas mais avec des grands requins blancs. Je suis malgré tout prudemment optimiste. Voici pourquoi :

 

Le potentiel de Strelkov dans la lutte pour le pouvoir russe

Poutine est parfaitement conscient du fait que la base de son pouvoir officiel (l’appareil d’Etat) est rempli à craquer de membres de la 5ème colonne. La meilleure preuve en est qu’il a fait deux choses très intéressantes :

a) Il a créé un front du peuple de toute la Russie (le Front Populaire Panrusse, FPP) qui, contrairement au parti officiel au pouvoir, Russie unie, n’est pas né avec une forte composante Medvedev ou intégrationniste atlantique, mais a été créé par Poutine seul. Officiellement, le FPP n’est pas un parti mais un « mouvement politico-social » censé rassembler une grande partie des organisations et des individus favorables au Kremlin en général, et fournir aux gens ordinaires un moyen de faire passer leurs préoccupations à Vladimir Poutine. En réalité, cependant, c’est également un « parti politique en attente », très grand, très bien connecté et que Poutine peut « mettre en route » à tout moment, notamment en cas de contestation à l’intérieur de Russie unie.

 

b) les services de sécurité de Poutine ont contribué à la création d’une pléthore d’« entités proches du Kremlin » (околокремлевские круги, cercles connectés au Kremlin) qui n’ont officiellement aucun lien de subordination envers le Kremlin, mais qui permettent d’obtenir beaucoup de choses sans que le gouvernement ait à intervenir ni même à être informé. Ces entités proches du Kremlin comprennent certains organes de presse, certaines structures commerciales, un certain nombre de clubs, des organisations de jeunesse, des agences de presse, etc. Il n’y a pas de liste officielle, aucune procédure d’admission, pas de leader. Mais d’une façon ou d’une autre, il y a toujours, à proximité ou à l’intérieur de ces cercles, des gens en contact avec les agences de sécurité.

C’est là ce dans quoi s’inscrit Strelkov.

Strelkov entend représenter d’abord et avant les intérêts de la population de Novorossia, mais puisqu’il a correctement identifié la 5ème colonne russe comme constituant la principale menace pesant sur la Novorossia, il devient également un allié objectif de Poutine dans une lutte commune contre les intégrationnistes atlantistes. Maintenant, soyons clairs : Strelkov et Poutine ne seront pas d’accord sur un certain nombre de questions. Strelkov l’a clairement indiqué quand il a dit :

« Peu importe à quel point je peux être critique à l’endroit de certaines décisions de politique intérieure ou extérieure du président, dans l’état de guerre où nous sommes, puisque la guerre a commencé contre nous, je considère qu’il est nécessaire de le soutenir comme le seul commandant suprême légitime, le principal garant de la liberté et de l’indépendance de l’Etat ».

Le fait qu’il ait conclu qu’il fallait soutenir Poutine n’empêche pas qu’il a clairement indiqué être très réservé quant à certaines décisions de celui-ci. Ma conjecture est que les sujets évidents de désaccord auxquels il pense sont les suivants :

a) le cessez-le-feu et les négociations ultérieures ;
b) le fait que Poutine s’accommode de certains oligarques russes ;
c) que Poutine veuille une Ukraine unie.

Ces désaccords sont normaux et ne doivent pas être interprétées comme le signe d’une certaine forme d’opposition. Encore une fois, la Novorossia et la Russie ont simplement des intérêts différents.

En revanche, là où Strelkov et Poutine sont en plein accord, c’est sur la nécessité d’écraser la 5ème colonne. Poutine a été le premier à parler d’une « 5e colonne russe » (quand il s’est adressé à l’Assemblée fédérale) et Strelkov a repris l’expression qu’il avait utilisée. Cette 5ème colonne de souverainistes atlantistes constitue un danger mortel aussi bien pour Poutine que pour Strelkov et, comme ce dernier le souligne à juste titre, Poutine constitue un danger mortel pour eux. Lorsque Strelkov parle d’une « révolution Poutine » et d’un « printemps russe », il se réfère à la même lutte que j’ai dans le passé décrite comme une lutte entre les intégrationnistes atlantistes et les souverainistes eurasiens. Les dénominations qu’il choisit sont différentes, mais le processus qu’il décrit est le même.

Dans ce contexte, Strelkov pourrait devenir un allié très puissant pour Poutine. En prenant la parole pour la Novorossia, Strelkov promeut lui aussi très clairement la même idéologie, la même vision du monde que Poutine. De fait, je vous recommande à tous à prendre le temps d’écouter (ou de lire) :

·  l’allocution de Poutine à l’Assemblée fédérale (18 mars),

· la conférence de presse d’Alexander V. Zakharchenko (26 août),

· la conférence de presse de Strelkov hier (11 septembre).

 

Poutine, Zakharchenko et Strelkov réalisent tous les trois pleinement que ce qui se passe n’est rien de moins qu’une guerre contre la Russie, mais menée, en tout cas pour le moment, avec des moyens non-militaires. Tous les trois savent que la plus grande menace qui pèse sur la Russie est une menace interne. Tous les trois sont en position de proclamer qu’aucun des deux autres ne parle pour lui. Après tout, l’un est le président de la Russie, le second est le plus haut représentant de Donetsk et de la Novorossia, tandis que le troisième n’est, techniquement parlant, qu’un officier en retraite et un simple particulier. Et pourtant, à eux trois, ils encerclent politiquement la 5ème colonne russe à l’intérieur d’un « chaudron politique », chaudron dans lequel chacun se trouve en situation d’avoir à soutenir Poutine ou de passer pour un traître. Une technique potentiellement très efficace.

Le second rôle que joue Strelkov, c’est de dénoncer et de discréditer les détracteurs de Poutine, ceux qui passent leur temps à rabâcher que « Poutine poignarde la Novorossia dans le dos, ou qu’il la trahit ». Je prédis que dans un proche avenir, les mêmes cercles qui jusqu’à présent avaient fait le choix de proclamer que si Poutine est le méchant, Strelkov, lui, est le héros, se mettront à déclarer que Strelkov est lui aussi un méchant et un traître. Certains de ces gars-là sont manipulés par des spécialistes PSYOP de l’occident, d’autres sont tout simplement payés par les occidentaux, mais leur but en tout cas est de convaincre le monde de ce que Poutine est l’affreux jojo, et de ce qu’il faut absolument qu’un « vrai » patriote le remplace. En d’autres termes, de ce que la Russie ne peut être sauvée que si elle permet au rêve anglo-sioniste d’un changement de régime dans le pays de devenir réalité. Ce sont là les mêmes personnes qui disaient vouloir sauver la Novorossia en réalisant l’autre rêve anglo-sioniste, celui d’amener les Russes à intervenir militairement de façon ouverte dans le Donbass. Mon conseil est simple en ce qui concerne ces « patriotes du chagrin », ainsi qu’on les appelle en Russie : méfiez-vous de ceux qui prétendent sauver la Russie en permettant aux rêves anglo-sionistes de se réaliser. En gardant cela à l’esprit, vous ne devriez pas avoir trop de mal à repérer les ennemis de la Russie.  

 

CONCLUSION

 

J’ai été stupéfié et fantastiquement encouragé par la manière extrêmement sophistiquée dont Strelkov a présenté hier sa position. Bien qu’il soit sans doute trop tôt pour tirer une quelconque conclusion, et même si je pourrais à ce sujet faire preuve d’un optimisme inhabituel, je crois que Strelkov a réellement le potentiel pour devenir ce leader de la Novorossia que j’espérais voir émerger un jour. Si cela advient, alors c’est avec joie que je plaiderai coupable de l’avoir sous-estimé. Je dois pourtant vous avouer aussi que je suis très inquiet pour lui. Le fait qu’apparemment, les médias de Russie n’aient accordé à sa petite conférence de presse que peu voire pas d’attention du tout, combiné avec le bruit qui a couru au sujet de son suicide, c’est là un message fort que lui envoie la 5ème colonne pour bien lui montrer à quel point elle reste puissante. Et j’interprète en particulier cette rumeur de suicide comme une menace de mort particulièrement grave. Pire encore, mais peut-être sont-ce mes inclinations paranoïaques qui s’expriment ici, il y a beaucoup de gens des deux côtés pour qui la mort de Strelkov serait la bienvenue. Les intégrationnistes atlantistes et leur 5ème colonne aimeraient le voir mort parce qu’il ose les dénoncer aussi ouvertement, mais ne vous méprenez pas, il se pourrait également qu’il y ait des souverainistes eurasiens pour vouloir sa mort, afin qu’il leur serve de martyr et de symbole de l’héroïsme russe. Est-ce cynique et moche ? Oui. Il en est ainsi de la lutte pour le pouvoir en Russie. A quel point cette lutte peut être impitoyable, la plupart des gens de l’Ouest n’en ont aucune idée. Contrairement à Poutine, Strelkov n’est pas protégé par un dispositif de sécurité de l’Etat extrêmement puissant. Alors si l’on considère qu’un coup pourrait lui venir de n’importe lequel des deux camps, il vaudrait mieux pour lui qu’il se montre très *très* prudent.

Ne serait-ce que pour avoir accepté de jouer le rôle qu’il joue maintenant (et lui, étant un ex-colonel du FSB, connaît parfaitement les risques), je le considère comme un héros ; il a mon admiration sincère. « Ils » vont essayer de l’utiliser, de le menacer, de le manipuler, de le discréditer et d’utiliser tous les coups tordus possibles pour le contrôler ou pour l’écraser. En vérité, son sort est déjà un sort tragique, et son courage est remarquable. La lutte contre les nazis ukies, les wahhabites tchétchènes ou les oustachis croates, c’était comme des vacances relaxantes par rapport au genre de « guerre » qui a cours dans la lutte pour le contrôle de la Russie. Et comme la Russie est le leader de facto à la fois des BRICS et de l’OCS, la lutte pour la Russie est véritablement une lutte pour l’avenir de la planète. Je crois que Strelkov le comprend.

Le Saker
Traduit par Goklayeh pour vineyardsaker.fr

Source : Strelkov: from swimming with Piranhas to swimming with Great White sharks, anglais, 12-09-2014

 

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[1] Ndt : Le SVR, Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie, est depuis 1991 le successeur officiel de la Première direction générale du KGB de l’URSS ; le FSB, Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie, principal successeur du KGB soviétique dissous en novembre 1991 après le putsch de Moscou, est un service secret de la Russie chargé des affaires de sécurité intérieure. Il est responsable de la sécurité intérieure de la Russie, du contre-espionnage, et de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et le trafic de drogue. Le FSB est engagé principalement dans les affaires intérieures ; les fonctions de renseignement à l’étranger sont assurées par le SVR (ancien Premier directorat). Cependant, le FSB inclut également le Service fédéral des communications et informations gouvernementales (FAPSI), impliqué dans la surveillance électronique à l’étranger. En outre, le FSB est compétent pour agir dans les territoires des anciennes républiques soviétiques, et il peut conduire des opérations militaires anti-terroristes n’importe où dans le monde sur ordre du président, à la suite de l’adoption des nouvelles lois antiterrorisme. Tous les services d’ordre et de renseignement en Russie travaillent si nécessaire sous le contrôle du FSB : à titre d’exemple, le service de renseignement militaire (GRU), les forces spéciales militaires (Spetsnaz) et les détachements de troupes du Ministère de l’Intérieur russe (sorte de gendarmerie) ont travaillé sous la direction du FSB en Tchétchénie

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17/09/2014

Marine le Pen : rompre les relations avec le Qatar

 

Marine Le Pen, la présidente du Front National, s’est exprimée aujourd’hui sur Europe 1, sur la décision de François Hollande de soutenir la coalition anti-Etat islamique, alors qu’il a tout fait, avec Barack Obama, pour contribuer au développement de cette gangrène. 

Elle a demandé de rompre les relations diplomatiques et économiques avec le Qatar, qui a une part de responsabilité énorme dans le développement de l’Etat islamique en Irak et en Syrie.

(Source : NationsPresse.info

Alexander Mercouris : une analyse du cessez-le-feu.

CESSEZ-LE-FEU,

 

Une analyse du cessez-le-feu et du protocole d’accord de Minsk par Alexander Mercouris

(écrite le 6 septembre 2014)

 

Via : http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/14/cessez-feu-analyse-dalexander-mercouris...

http://www.vineyardsaker.fr/

 

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L’accord de cessez-le-feu est le sujet d’intenses discussions et a clairement laissé de nombreuses personnes insatisfaites. Je vais présenter ici quelques observations rapides avec l’objectif de traiter ce sujet en profondeur plus tard, lorsque j’aurais un peu plus de temps libre qu’actuellement.

 

1. Le cessez-le-feu a été imposé à Porochenko et la junte (de Kiev. NDT) suite à (1) la situation militaire désastreuse dans laquelle la junte se trouver actuellement, et (2) le refus des OTAN/UE d’intervenir militairement en sa faveur pour restaurer sa situation. Ce dernier point a été à nouveau clairement établi par Obama au sommet de l’OTAN hier, lorsqu’il a refusé publiquement de seulement fournir la junte en armes (NB : bien sûr cette affirmation n’est pas à prendre au sérieux ; des armes ont déjà été fournies à la junte en grand nombre, cependant, il est clair que même la plus simple apparence d’implication à travers le geste symbolique de transmettre des armes publiquement est exclu). Par ailleurs, l’objectif des paroles d’Obama à propos de l’importance de l’Article 5 de la Charte de l’OTAN était de souligner ce dernier point. Obama n’a pas cité l’Article 5 pour « rassurer les pays Baltes » – qui ne sont pas menacés, et n’ont donc pas besoin d’être rassurés – mais pour bien faire comprendre à Kiev que, comme l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN, elle ne peut attendre d’aide militaire de la part de l’OTAN.

 

2. L’accord de cessez-le-feu annoncé hier n’a pas encore été publié, mais il donne l’impression de n’être qu’un document technique et temporaire pour une cessation immédiate des hostilités. Il est peu probable qu’il tienne très longtemps. Soit il sera remplacé par un accord plus permanent, soit les combats recommenceront.

 

3. Le point le plus important de cet accord n’est pas dans ses termes, mais dans le fait que, suite au refus de Poutine d’ « accepter » un cessez-le-feu, Porochenko ait été forcé de le négocier avec les FAN (Forces armées novorussiennes, NdT). Voir plus loin dans l’article à ce sujet. C’est quelque chose que Porochenko, la junte et le mouvement Maidan avaient catégoriquement refusé jusqu’à ce jour. En négociant avec les FAN et en arrivant à un accord avec eux à propos d’un sujet d’envergure, en l’état, un cessez-le-feu, la junte a été forcée de reconnaitre que les FAN ne sont pas de simples « terroristes », mais une partie d’un conflit et donc des gens avec qui la junte doit négocier.

 

4. La RPD (République populaire de Donetsk NDT) et la RPL (République populaire de Lougansk NDT) ont remporté une victoire militaire majeure, et leur survie n’est dorénavant plus en jeu. Ceux qui craignent que la junte n’utilise le cessez-le-feu pour reconstruire son armée dans le but de reprendre l’offensive ne prennent pas en compte :

 

a) Le fait que les tentatives de la junte de remporter une victoire militaire ont fini en échecs désastreux, alors que la balance militaire était en leur faveur de façon écrasante. Les FAN sont maintenant une force incroyablement plus forte et mieux organisée qu’elles ne l’étaient en Avril lorsque l’ « opération anti-terroristes » a commencé, ou en Juillet, lorsque la junte a lancé sa grande offensive dans le but de les détruire. C’est une belle illustration du fameux dicton de Nietzsche « Ce qui ne te tue pas te rends plus fort ». Si la junte n’a pu vaincre les FAN durant la période d’Avril à Juillet, elle ne peut le faire maintenant.

b) La junte ne sera pas en position de relancer une offensive de l’envergure de celle de Juillet avant longtemps. Non seulement les forces armées de la junte ne sont pas en mesure de reprendre l’offensive, mais la situation économique catastrophique et l’approche de l’hiver l’empêchent absolument. Si le cessez le feu tient, il y a de fortes chances que ce soient les FAN qui rassemblent leurs forces, en gagnant de nouvelles recrues, en ayant plus de temps pour les entrainer, et en pouvant réparer et absorber dans leurs arsenaux la corne d’abondance que représente les armes capturées.

c) La Russie ne permettra pas que les RPD/RPL soient détruites. Les accusations de la junte et de l’OTAN, qui assurent que les forces armées ukrainiennes ont été vaincues par l’armée Russe plutôt que par les FAN, sont fausses, mais bénéficient en fait aux FAN, car elles donnent l’impression que la Russie interviendra pour les sauver quel que soit le coût. En politique, la perception représente 90% de la bataille, et la perception que la Russie ne permettra pas que les FAN soient défaites ou que les RPD/LPD soient détruites, va influer sur les prises de décisions à Washington, Bruxelles ou Kiev à partir de maintenant.

5. Puisqu’il est maintenant impossible que les RPD/RPL soient détruites, l’initiative politique repose entre leurs mains. Elles ont présenté leurs objectifs de façon absolument clairs ; (1) retrait complet de toutes les troupes ukrainiennes de l’ensemble de leur territoire et (2) indépendance totale par rapport à Kiev. Comme je l’ai dit précédemment, Poutine est en faveur du point (1) et en vient lentement à supporter le point (2). Bien sûr, Porochenko est opposé à ces deux points. Mais il y a quelques jours, il était également opposé à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu et au démarrage de négociations avec les FAN, et pourtant, il a maintenant été forcé de faire ces deux choses. Il n’est désormais plus en son pouvoir de refuser les futures demandes des FAN, et le fait qu’il se soit senti obligé de proclamer en public son refus de ces demandes, montre qu’il en est conscient.

 

6. Bien sûr, tout ceci ne permet pas de déduire que la junte ne va pas tenter de profiter du cessez-le-feu pour améliorer sa situation sur le terrain. Le fait que Porochenko ait dû se résoudre au dialogue ne signifie pas qu’il est prêt à agir suivant la réalité du terrain. S’il acceptait cette défaite, le peu d’autorité qu’il a encore à Kiev disparaitrait. C’est précisément parce que Porochenko ne peut se permettre d’accepter la défaite que je suis sûr qu’il va tenter de faire tout son possible pour renforcer sa position en violant le cessez-le-feu volontairement. C’est pourquoi je m’attends à ce que ce traité soit seulement temporaire, et soit suivi d’une nouvelle offensive des FAN d’ici peu de temps.

 

7. Je suppose que ce qui déçoit la plupart des gens dans ce traité (par exemple voir les commentaires de Gleb Bazov ou Colonel Cassad), est qu’il semble rejeter l’idée d’une avancée des FAN jusqu’à Kiev pour renverser la junte. Cependant, cette option a en réalité été refusée de façon claire par Zakharchenko lors d’une conférence de presse il y a deux semaines. L’ensemble des commentaires et communications de Zakharchenko depuis qu’il a été confirmé comme de dirigeant de la RPD est que les FAN sont en train de mener une guerre purement défensive afin de protéger leurs ressortissants et leurs territoires. Je comprends que cela puisse en décevoir beaucoup, mais les choses sont ainsi.

 

8. Enfin, et en guise de post-scriptum, je voudrais ajouter que :

 

a) La décision de ne pas marcher jusqu’à Kiev est surement la raison principale de la démission de Strelkov qui avait exprimé clairement son intention de le faire. L’opinion suivant laquelle la démission de Strelkov a été machinée par Moscou en tant que part de sa stratégie politique concernant l’Ukraine, est maintenant devenue universelle. Bien que cela soit sans doute vrai, je soupçonne que cette opinion sous-estime la force des sentiments de la population du Donbass à ce sujet, avec beaucoup (la plupart ?) de gens se battant pour défendre leurs familles et leurs maisons, et ne désirant pas marcher sur une Kiev avec laquelle ils ne veulent plus avoir aucun rapport. Je souhaite ajouter en passant que l’extraordinaire publicité dont bénéficiait Strelkov a sans doute agacé d’autres commandants qui ont dû en arriver à penser que leur propre contribution était sous-estimée. Je suppose que la réaction paniquée de Strelkov le 9 aout 2014, lorsque la junte a attaqué Krasny Luch, ainsi que ses critiques injustifiées à l’encontre des défenseurs de la ville ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour ces personnes.

b) La sécession du Donbass est maintenant certaine, mais il ne s’agit pas de la fin de la crise ukrainienne. Celle-ci n’est encore que dans ses phases préliminaires et devrait encore durer longtemps. Au mieux, nous sommes à la fin du début de cette crise. Il s’agit là d’une problématique importante, sur laquelle je m’attarderais lorsque j’aurais plus de temps.

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QUELQUES REFLEXIONS CONCERNANT LE CESSEZ-LE-FEU

Depuis que le cessez-le-feu a été annoncé, de nombreuses critiques ont émergé, notamment de la part de personnes comme Goubarev. Je comprends certaines de ces critiques, mais je pense qu’il est nécessaire d’expliquer quelques points spécifiques.

Les critiques se concentrent maintenant sur deux sujets.

(1) Des critiques concernant le protocole du traité de cessez-le-feu, qui n’est disponible qu’en russe (PDF).

Et (2) Des plaintes selon lesquelles ce cessez-le-feu est plus bénéfique à la junte qu’aux FAN, et qu’il est, au mieux, beaucoup trop tôt pour mettre en œuvre une telle procédure.

À mon sens, le point (1) est tout simplement injustifié. Le point (2) est sans doute beaucoup plus justifié. Cependant, il y a également de nombreuses choses à rappeler à propos de ce point.

Le protocole

Avant d’examiner le protocole en détail, je veux rappeler qu’il s’agit, à mon sens, d’une discussion essentiellement académique. La manière dont le protocole est rédigé ne mérite pas l’importance qui lui est accordée par beaucoup de gens, ne serait-ce que parce que les différentes parties impliquées dans le conflit vont chacune l’interpréter à leur manière. Je ne m’attarderais pas sur ce sujet qui est déjà traité par d’autres.

1. La première chose à prendre en compte à propos de ce protocole, est qu’il émane d’un forum, le Groupe de Contact Tripartite, qui a été établi en théorie pour « implémenter » le plan de (non) paix de Porochenko. Les FAN ne sont pas un membre formel de ce Groupe de Contact. Ses membres sont l’OSCE, la Russie et l’Ukraine. Le Groupe de Contact a « invité » les représentants des FAN à assister aux délibérations, et a donc procuré un moyen de discussion entre la junte et les FAN, ce qui est plutôt utile pour établir un cessez-le-feu. Cependant, le Protocole n’est en rien un accord finalisé. Celui-ci a été reporté après le « dialogue national » auquel se réfère le Protocole.

 

2. Le Protocole est un document technique. Si l’on ignore le langage utilisé par celui-ci (qui dérive de l’origine du Groupe de Contact, une entité initialement chargée d’« implémenter » le plan de (non) paix de Porochenko), et si l’on se concentre à la place sur son contenu, il est clair que ce sont les FAN qui y ont le plus gagné. En particulier :

 

a) Les FAN ont obtenu un « cessez-le-feu bilatéral », quelque chose qu’ils recherchaient depuis avril. Notez que le mot-clé ici est « bilatéral ». Le cessez-le-feu précédent de Porochenko était unilatéral, ce qui veut dire que Porochenko pouvait y mettre fin à tout moment, et qu’il ne reconnaissait pas les FAN en le proclament. « Bilatéral » montre donc que l’Ukraine admet maintenant les FAN en tant que partie du conflit, et négocie avec elles. Comme je l’ai dit précédemment, Porochenko a fait tout ce qu’il a pu pour éviter ceci, et a d’abord essayé d’établir ce cessez-le-feu avec Poutine plutôt qu’avec les FAN. Poutine a refusé. Le mot « bilatéral » montre par ailleurs que la question du statut de Kuchma ne se pose plus. La junte avait d’abord prétendu que celui-ci n’était pas son envoyé. Puisque Kuchma a négocié ce cessez-le-feu, qui est « bilatéral », et puisque la junte se sent liée par ce qu’il a accepté, la fiction suivant laquelle Kuchma ne représente pas la junte n’existe plus, et il est confirmé en tant que représentant de la junte dans les négociations avec les FAN.

b) Le Protocole engage la junte à une amnistie complète et un échange de prisonniers. Quelles que soient les évidentes considérations humaines, par définition, ce fait confirme le statut des FAN en tant que partie du conflit, puisque les personnes ainsi amnistiées ne peuvent plus être considérées comme des criminels ou des « terroristes »

c) Le protocole utilise des éléments de langage tirés du Communiqué de Genève du 17 avril 2014, à propos de la dissolution des « groupes illégaux ». Notez cependant que suivant les points (1) et (2), puisque la junte reconnait maintenant les FAN comme une partie du conflit, elle ne peut en toute logique déclarer, suivant la loi internationale, que les FAN sont un « groupe illégal ». Le commandement des FAN utilise d’ores et déjà cette partie du Protocole pour se référer aux divers groupes paramilitaires contrôlés par des gens comme Kolomoisky et Secteur Droit.

d) La Russie est signataire de ce protocole. Ce point est crucial. Les USA et l’UE, au contraire, ne sont pas signataires du protocole. Ces entités ont été complètement coupées de la négociation. Le fait que le Protocole ne soit rédigé qu’en russe, et qu’il n’y ait pas de traduction officielle de celui-ci, en aucune autre langue (apparemment, pas même en ukrainien), est un fait significatif par lui-même. Les longues semaines de février à juillet durant lesquelles les russes ont négocié inutilement avec les USA et l’UE sont maintenant terminées. Puisque la Russie a signé ce Protocole, elle est une partie de celui-ci. Puisque les USA et l’UE ne l’ont pas signé, ils n’en sont pas une partie. Sa signature donne à la Russie un prétexte pour agir si les termes du Protocole sont rompus. Jusqu’à maintenant, la Russie n’avait pas de motifs suffisant pour agir. En tant que partie du Protocole, la Russie est, de fait, garante de celui-ci, et elle possède maintenant un tel motif.

3. Les parties du Protocole qui soulèvent le plus de critiques sont les sections se référant à une « décentralisation » et à des élections locales se déroulant sous une loi ukrainienne de « décentralisation ».

 

a) Pour traiter de ces sections, il est nécessaire de comprendre que le Protocole n’est pas une solution politique finale à ce conflit. Celle-ci dépend en théorie du « dialogue national inclusif » auquel se réfère le Protocole (un choix de mot qui dérive également du Communiqué de Genève du 17 avril 2014). Juste après leur signature du protocole, Zakharshenko et Plotnitsky ont clairement établi que leur objectif final reste l’indépendance totale. Zakharshenko l’a à nouveau affirmé aujourd’hui (8 septembre 2014).

b) Le fait que Zakharchenko et Plotnitsky ont réalisé leurs annonces immédiatement après que le Protocole soit signé (mais avant que celui-ci soit publié) contredit les personnes comme Goubarev, qui affirment qu’ils ne savaient pas ce qu’ils signaient lorsqu’ils ont signé le Protocole, et qu’ils ont simplement ce qui leur a été placé sous le nez. Au contraire, il est clair que Zakharchenko et Plotnitsky souhaitaient établir leur position sans ambiguïté, précisément parce qu’ils ne voulaient pas que leurs intentions soient déformées par le langage du Protocole.

c) Ce qu’il faut comprendre ici, est que le Protocole évoque des élections pour des pouvoirs locaux élus en accord avec une loi ukrainienne, et donc que l’Ukraine serait légalement obligée de reconnaitre. On peut prédire à l’avance que ces élections, si elles ont lieu, seront gagnées par les FAN. Si c’est le cas, puisque l’Ukraine serait légalement obligée de reconnaitre ces élections, elle serait également obligée de reconnaitre leur résultat (tout comme la « communauté internationale »).

d) Cette section du Protocole implique donc non seulement que l’Ukraine reconnait les FAN comme une partie du conflit, mais, une fois les élections passées, que l’Ukraine sera légalement obligée de reconnaitre les FAN comme dirigeants politiques du Donbass.

4. Ayant établi ces points, laissez-moi maintenant arriver au point clé : ce Protocole est, à mon sens, un chiffon rouge. Ce n’est pas un contrat, ni un traité. Aucune cour ou tribunal ne va arbitrer le sens des mots qu’il contient. Toutes les parties vont l’interpréter suivant leurs désirs. Bien sûr, la junte ne va pas l’interpréter comme je l’ai fait, pas plus que ses promoteurs à l’ouest, bien que mon interprétation du texte soit sans aucun doute la bonne. La junte va continuer à traiter les FAN de « terroristes » et va continuer à nier qu’ils sont les représentants du Donbass, qu’ils gagnent une élection ou non. Il est certain que la junte ne reconnaitrait pas une élection gagnée par les FAN, ou toute déclaration d’indépendance émise par les FAN. Pour ce que cela vaut, dans mon opinion, il y a peu de chance qu’un accord soit trouvé sur le mode de mise en place d’une telle élection, ou qu’une telle élection ait lieu tant que le Donbass reste une partie de l’Ukraine.

 

5. J’ai exploré les sujets attachés au sens des mots du Protocole, bien que je n’y attache aucune importance, mais parce que d’autre y attachent de l’importance, et parce qu’il est suggéré que Zakharchenko et Plotnitsky ont d’une manière ou d’une autre affaibli les FAN lorsqu’ils ont signé ce protocole. Si l’on suit les termes inscrits dans le Protocole, ce n’est tout simplement pas le cas. Une fois ceci établi, je pense que ce Protocole sera avant longtemps un document oublié laissé à prendre la poussière dans quelque archive oubliée, tandis que les évènements le dépassent.

 

Le cessez-le-feu bénéficie à la junte

Cette critique me semble bien plus justifiée. Cependant, je voudrais établir les points suivants :

1. Il me faut d’abord admettre que cette critique a ses mérites. Les FAN seraient surement dans une meilleure position si Marioupol et Debraltsevo avaient été reprises. La situation actuelle va entrainer de nombreuses disputes durant les prochaines semaines et mois, en particulier au sujet du statut de Marioupol.

 

2. Je ne peux croire que les dirigeants des FAN n’en étaient pas conscients lorsqu’ils ont accepté le cessez-le-feu. Cependant, puisqu’ils demandaient un cessez-le-feu depuis des mois, ils ont évidemment pensé qu’ils n’avaient d’autre option qu’accepter, une fois celui-ci offert par la junte. Je préfèrerais qu’ils aient refusé, et que les choses se soient passées différemment, but je ne suis pas en position de repenser leur décision ou de savoir pourquoi ils ont pris celle-ci. Il ne fait aucun doute que les pressions de la Russie ont participé à cette décision, mais il ne faut pas non plus ignorer le facteur de la lassitude dans le Donbass. Il est possible que les dirigeants des FAN aient redouté que la population du Donbass, ou certains des combattants des FAN puissent ne pas comprendre ou se réjouir si la guerre était prolongée alors qu’un cessez-le-feu était offert par la partie adverse. Je souhaite rappeler qu’il n’y a pas eu de protestations de masse de la part du peuple du Donbass pour s’opposer au cessez-le-feu, depuis qu’il a été déclaré, et les troupes des FAN (hormis certains commandants) semblent l’accepter. La seule possibilité que j’exclue set que Zakharchenko et Plotnitsky soient des fous ou des traitres. J’ai observé Zakharchenko et je suis sûr qu’il n’est ni l’un ni l’autre.

 

3. Il est cependant important de ne pas dramatiser les problèmes que la fin prématurée des combats peut amener. Il y a seulement trois semaines, l’existence même des FAN et des DPR/LPR était compromise. Lougansk et Donetsk étaient menacés d’encerclement, tandis que Lougansk souffrait d’une crise humanitaire.

 

4. Ce danger n’existe plus. Plutôt que d’obtenir une victoire militaire, la junte a souffert une défaite décisive. L’OTAN a refusé d’aider la junte. Malgré les efforts désespérés de la junte pour obtenir ne serait-ce qu’un support symbolique de l’OTAN, à travers des livraisons d’armes publiquement admises (plutôt que des livraisons non-officielles), même cette demande a été repoussée. Les USA/UE ont échoué a fournir une aide économique additionnelle. Malgré toutes les belles paroles aux récents sommets de l’UE et de l’OTAN, en réalité, l’OTAN comme l’UE ont abandonné la junte. En conséquence, l’économie ukrainienne est en chute libre, avec l’impossibilité d’accès au gaz russe et au charbon du Donbass, la production s’effondrant, la monnaie s’écroulant et les réserves de change se vidant. Le nœud se resserre. Les tout derniers rapports indiquent que les russes sont en train de faire comprendre discrètement aux États européens, qui réfléchissent à envoyer du gaz en Ukraine grâce à leurs plans de pipelines (bidons et illégaux) à « flux inversé », que ceux-ci pourraient bien voir leur propres fournitures en gaz réduites s’ils s’engageaient sur cette voie.

 

5. Si on se réfère à ces différents points, toute opinion suivant laquelle les derniers redéploiements de troupes vont changer la situation de façon décisive en faveur de la junte semble franchement alarmiste. En vérité, ces déploiements me semblent illustrer la tendance continuelle de la junte à aggraver un échec en envoyant des troupes à des endroits qui ne sont plus défendables, comme Marioupol et Debratselvo.

 

6. Aujourd’hui, les FAN ont à nouveau établi sans équivoque leur volonté de voir toutes les unités militaires de la junte évacuer leur territoire. Comme je l’ai précédemment dit sur ce site, Poutine soutient maintenant leur demande. Si la junte ne rappelle pas ses troupes, une nouvelle offensive des FAN pour les repousser semble inévitable. C’est ce qu’on fait savoir les FAN aujourd’hui.

 

7. Je souhaite réitérer ce que j’ai dit précédemment. À mon sens, d’un point de vue militaire, une pause prolongée va renforcer la puissance militaire des FAN bien plus que celle de la junte. Je comprends que beaucoup d’autres aient un point de vue différent. Cependant les FAN ont maintenant plus de temps pour consolider leurs gains (certaines personnes s’inquiétaient il n’y a pas si longtemps de l’étirement du front engendré par leur avance), pour engranger de nouvelles recrues (plus facile à faire maintenant qu’elles sont en train de gagner) et pour absorber la grande quantité d’armes lourdes capturées à l’ennemi. La prochaine offensive des FAN, si elle doit avoir lieu, sera plus puissante que celle à laquelle nous avons assisté en aout. Dans leur état affaibli, les forces militaires de la junte auront du mal à résister. Suite à leur défaite, avec les conséquences de la crise économique et avec l’arrivée de l’hiver, les capacités de la junte à relancer une offensive de l’ampleur de celle que nous avons vue en juillet est sans doute impossible pour le moment.

 

Conclusion

 

Les points clés à retenir des dernières semaines sont que les FAN ne peuvent plus être défaits. Que la Russie est maintenant impliquée, que les USA/UE ne le sont plus d’aucune façon significative, et que la junte ayant été défaite et affrontant une crise économique, et laissée seule face aux FAN et à la Russie. En Ukraine, il est peu sage de faire confiance aux apparences, mais la balance de ce conflit a maintenant changé de façon décisive. Je ne vois pas comment cela pourrait changer à nouveau. Pour ce que cela vaut, c’est également ce qui est ressenti en Grande-Bretagne. L’humeur des médias y est imprégnée d’humiliation et d’échec.

 

Alexander Mercouris

 

Source : Analysis of the ceasefire by Alexander Mercouris (vienyardsaker, anglais, 09-09-2014)

 

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15/09/2014

Novorossia : SITREP des combats du 8 au 14.09.2014

Ukraine/Novorossia :

SITREP des combats du 8 au 14.09.2014

 

Le 14 septembre, intenses combats sur l'aéroport de Donetsk

Une bataille féroce se déroule le long de la route entre Donetsk et Gorlovka. 

Les Forces ukrainiennes situées à l'aéroport ont tiré des salves de Grad contre les quartiers de Donetsk Oktyabrsky, Kievsky et Azotny. Les habitants auraient fui dans la panique. Beaucoup de résidences privées sont en feu. Le nombre de victimes est inconnu. Les FAN auraient répondu avec un contre-feu de Grads contre les forces ukrainiennes retranchées à l'aéroport.

"Depuis ce matin, Donetsk a subi une quarantaine de tirs. Pour le moment, on compte près de 20 morts parmi les civils, tandis que six personnes ont été grièvement blessées", a indiqué Mr. Zakhartchenko dans une interview accordée à la chaîne de télévision russe LifeNews. 
(Info : André Chanclu) 

 

ukraine,novorossia,donbass,porc'ochenko,ihor kolomoïsky,igor kolomoïsky,obama,fabius,les ignobles,france sous commandement américain,monde en perdition  (18+) Bombardements à Donetsk (S/T Ang.) : Attention, images très dures !

 

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Banlieue de Donetsk, 14 septembre 2014.

 

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Que s'est-il passé la semaine dernière ?

 

Marioupol - Les Ukrainiens ont créé au moins deux anneaux défensifs autour de la ville. 

Ils ont également fait sauter au moins un pont menant à la ville et minés plusieurs autres avec des explosifs. Des échanges de territoires se déroulent dans la banlieue de Marioupol, les FAN semblent abandonner la banlieue nord-est de Talakivka, mais occupent toujours la banlieue est de Sakanka.

Il y a eu un rapport, il y a près d'une semaine, concernant une colonne de blindés ukrainiens prise en embuscade à l'extérieur de Marioupol, dans laquelle jusqu'à 18 T-64, 2 APC et 10 camions auraient été détruits. Quelques jours plus tard, un nouveau rapport faisait éat d'une autre colonne prise dans une ambuscade, avec, cette fois, 2 APC et quatre autres véhicules détruits ainsi que 6 chars capturés. 

 

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Telmanovo, un important carrefour routier à 45 kms au nord-est de Marioupol.

Les forces ukrainiennes ont tenté de s'emparer de la ville il y a une semaine. La tentative a été déjouée, et les troupes gouvernementales auraient abandonné une grande quantité de matériel - incluant un certain nombre de 4X4 blindés KRAZ Cougar (9 selon un rapport, 3 selon une autre). Selon le décompte officiel le plus récent, les forces ukrainiennes en possédaient seulement 10.

 

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KRAZ "Cougar" passés aux mains des FAN

 

Dans la région de Donetsk, la banlieue sud-ouest de Marinka a apparemment changé de mains à plusieurs reprises. Rapports de bombardements ukrainiens sur les villes de Yelenovka et Pétrovskoïé. Les forces ukrainiennes ont fortemet poussé vers Yasinavata, dans la banlieue nord de Donetsk. Il y a toujours des duels sporadiques d'artillerie et de roquettes à l'aéroport de Donetsk, où quelque 200 soldats / mercenaires ukrainiens sont restés terrés.  Il y a eu plusieurs tentatives des FAN pour les déloger - sans succès.

 

BwuVBVSCIAAoQtu.jpg large.jpgTank d'Igor "Demon" Bezler qui commande la brigade de Gorlovka ...

... et affiche ses gouts musicaux !

 

Dans le secteur de Gorlovka, on observe encore des bombardements sporadiques de la ville. Le commandant Mozgovoï des FAN de la RPL a annoncé il y a quelques jours que ses forces étaient entrées dans Svetlodarsk et qu'ainsi entre 1500 et 2000 soldats ukrainiens et une grande quantité de matériel sont maintenant encerclés dans la zone de Debaltsevo. Cependant, il me semble peu probable que cet encerclement soit suffisamment solide pour résister à un assaut ukrainien ferme et déterminé.

 

Dans la région de Lougansk, il y a encore des éléments ukrainiens encerclés au sud et au sud-ouest de la ville. On a rapporté une tentative de la part des forces ukrainiennes d'établir une position proche de Shchastay, au N de Lougansk, mais ils ont été repoussés par les troupes de la RPL.

 

Du coté des partisans, les maquisards de Zaporojie ont affirmé avoir attaqué un convoi militaire en route vers Marioupol il y a une semaine, mais le décompte des pertes ukrainiennes n'a pas été révélé. Les partisans de Kharkov ont affirmé avoir intercepté un convoi de nouvelles recrues en route vers le front. Sur les 84 recrues, 9 auraient rejoint les partisans, 20 ont déclaré vouloir demander l'asile en Russie et le reste a décidé de rentrer à la maison. Ils affirment également avoir fait sauter un train acheminant du carburant aux forces ukrainiennes.

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Drapeau de Kharkov

 

Alors que les forces ukrainiennes continuent à envoyer des renforts et des équipements en première ligne, les FAN et les milices de la RPD n'ont pas manqué de construire des défenses à Makeïevka, Marinka, Peski, Karlovka, Kharzysk et Stepano-Krynka, y compris des fortifications et des tranchées antichars.

Les Forces Armées de Novorossia (FAN) ont également mis en place un certain nombre de centres de formation, avec entraînement au déminage des ponts et des bâtiments, entraînement au sauvetage d’otages et manœuvres de contre-attaques rapides. 

Quelque 200 véhicules militaires sont en cours de réparation - environ 50 devraient être livrés au service actif dans la semaine.

 

Du coté ukrainien on rapporte que le bataillon de "volontaires" Shakhtyarsk aurait été dissous, tandis que le bataillon de 400 hommes Tcherkassy a lui, purement et simplement déserté. Par ailleurs 200 soldats de la 55eme brigade aéromobile ont refusé de servir dans l'OAT.

 

 

 

Motorola au travail 

 

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Une SITREP signée « Bertrand du Donbass », avec l’aide de « Goblin »

 

Source : http://gaideclin.blogspot.fr/2014/09/ukrainenovorossia-sitrep-des-combats-de.html#comment-form

 

http://gaideclin.blogspot.fr/

 

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Lire / Voir également :

Sur http://www.nationspresse.info/

 

Ukraine / Donbass :

Des troupes de l’OTAN dans l’Ouest,

Donetsk sous les tirs...

 

Ceux qui parlent encore de trêve dans le Donbass sont soit des imbéciles, soit des menteurs. Les événements de ces dernières 24 heures montrent, s’il en était besoin, que la trêve en question n’est qu’une illusion médiatique, alors que l’OTAN est sur le point de débuter des manœuvres sur le territoire ukrainien. Nous assistons ces dernières heures aux prémisses de la contre-offensive que tous les observateurs avisés annonçaient depuis plusieurs jours. Elle sera en tous les cas meurtrière, destructrice et n’aura pas forcément les effets escomptés par Kiev, parce que du côté des forces armées de Nouvelle Russie, les troupes de la junte sont attendues de pied ferme.

L’échange de prisonniers dans le cadre des accords de Minsk est au point mort en raison du fait qu’un grand nombre de personnes figurant sur les listes présentées par les autorités de Nouvelle Russie n’ont pas été retrouvées. Ces prisonniers manquants étaient censés être détenus par le SBU ou par les « bataillons » spéciaux du ministère de l’Intérieur d’Arsen Avakov ; ce qui signifie qu’elles sont vraisemblablement décédées à l’heure qu’il est, exécutées froidement ou mortes sous la torture. Il pourrait s’agir d’au moins 200 combattants et civils kidnappés par les unités chargées des basses œuvres du régime kievien.

 

(…)

 

Les manœuvres atlantistes sous le dénominatif de Rapid Trident 2014 commencent ce lundi dans l’Ouest de l’Ukraine près de la frontière polonaise. De plus, du 24 septembre au 3 octobre se déroulera en Pologne Anakonda, un exercice d’entraînement de commandement opérationnel interarmes destiné à validé la possibilité d’intervention rapide d’une Task Force en Europe centrale. Le but de l’exercice sera d’harmoniser les forces destinées à mener des opérations « défensives » (sic) et de créer les conditions pour la réception de contingents alliés en renfort.

Déjà, des manœuvres navales de l’Alliance atlantique avec la flotte ukrainienne se déroulent en mer Noire. Elles ont déjà démontré que ce qui reste des forces navales de Kiev semble totalement inapte à mener la moindre opération militaire, même limitée.

Rapid Trident 2014 rassemblera quelque 1.300 soldats de l’Ukraine (non adhérente de l’OTAN !), d’Azerbaïdjan (non adhérente de l’OTAN !), de Bulgarie, du Canada, de Géorgie (non adhérent de l’OTAN !), d’Allemagne, de Grande-Bretagne , de Lettonie, de Lituanie, de Moldavie (non adhérente de l’OTAN !), de Norvège, de Pologne, de Roumanie, d’Espagne et bien entendu des États-Unis avec, entre autres, au moins une compagnie de la 173rd Airborne Brigade basée en Italie.
Il s’agit en fait d’une série d’essais de procédures de déploiement de l’OTAN sur une petite échelle. Il s’agit aussi d’une opération d’intimidation destinée à faire croître la tension en Ukraine alors que les combats recommencent très sérieusement dans le Donbass entre forces fidèles à la junte et troupes indépendantistes.

Il y a sans doute pas mal de travail à réaliser sur ces questions d’intervention planifiée du côté de l’OTAN puisqu’on apprend que deux hélicoptères Black Hawk de la « force de réaction rapide » de l’Alliance se sont perdus en Pologne à environ 220 kilomètres au nord de Varsovie… et ont dû demander leur chemin aux paysans polonais (source) !

Et comme par grand hasard, juste au moment où l’OTAN engage un exercice majeur près de Lviv, Kiev lance sa contre-offensive sur Donetsk…

 

Lire la suite de l'article :

http://www.nationspresse.info/mondialisme/atlantisme/ukraine-donbass-des-troupes-de-lotan-dans-louest-donetsk-sous-les-tirs

 

 

 

Reportage sur le secteur Sud de Donetsk, vers Elenivka – Andrivka – Starobesheve, tenu par la brigade « Oplot » des FAN, après les affrontements de fin août. Les matériels et véhicules détruits ou saisis appartenaient vraisemblablement à la 51e brigade mécanisée de l’armée ukrainienne (région de Volyn), à la 11e brigade d’artillerie de Ternopil et au « bataillon Dnepr-1 ». On notera l’automoteur d’artillerie de 152 mm 2S19 MTSA-S saisi intact. 

 

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13/09/2014

Vous l'aurez voulu !

Vous l'aurez voulu !

(par Andréï Nikitine)

 

2014-09-02

 

Sputnik & Pogrom est l'une des voix parmi les plus remarquable de la blogosphère russe. Le cynisme de ce pamphlet est à prendre avec un grain de sel. Il n’exprime évidemment pas une intention belliqueuse, mais l’écœurement ô combien justifié d’une grande majorité de Russes face au mépris que leur témoigne l’Occident. 

 

Via : http://blog.despot.ch/vous-laurez-voulu-par-andrei-nikitine

 

et : http://www.nujna.com/accueil/nouvelles/index.php

 

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La crise ukrainienne a donné lieu à un phénomène singulier. Un sentiment de supériorité morale absolue est né au sein du peuple russe, sentiment d’ailleurs tout à fait justifié. Ceci alors que toute la propagande ennemie vise à soustraire aux Russes ce sentiment d’être dans le juste, de défendre la vérité.

 

Notre belle opposition humaniste

 

Les premiers à se mettre dans l’ornière ont été les membres de « l’opposition » russe, autoproclamés « démocrates », « combattants de la liberté » et autres expressions grandiloquentes. « La marche de la Paix » sous les drapeaux ukrainiens (qui s’est déroulée à Moscou librement et sans aucun incident) a été encore tolérée par la population, qui leur cherchait des excuses : ce n’est pas si simple, ces gars-là ne veulent tout simplement pas la guerre, ils aiment tout le monde, etc. etc.

Cependant, ces gars-là n’ont pas eu le bon sens de s’arrêter là et de regarder autour d’eux. Ils ont continué de chanter leur ritournelle sur le thème « Honte d’être Russe », « Russie - pays agresseur » et « Touche pas à la Grande-Ukraine » après les événements d’Odessa du 2 mai [1], puis après les attaques aériennes des villes et villages paisibles est-ukrainiens, et aussi après les bombardements de ces cités par l’artillerie lourde, et même après la chute des obus sur le territoire russe. Ils n’ont été interpellés ni par la mort des civils, ni par la réaction de l’opinion publique ukrainienne à la mort de leurs compatriotes à Odessa [2], et lorsqu’a surgi l’info (qui s’est plus tard révélée fausse) selon laquelle les brûlés de la Chambre des syndicats d’Odessa étaient pour la plupart des citoyens russes, ils ont justifié sans aucun scrupule les opérations de l’armée ukrainienne.

 

La diversion israélienne

 

Enfin, pendant que l’armée ukrainienne s’activait, Israël lançait une énième opération antiterroriste contre les Palestiniens. Même Israël a reconnu que des civils meurent, y compris des enfants. Comment ont réagi nos amis pacifistes ? Admirez : « Au diable tous les principes moraux et pleurnichards ! Vous allez à Gaza. Tuez l’ennemi ! Revenez en vie ! Sauvez-vous vous-mêmes. Pour la vie future, pour vos parents, pour vos femmes (ou maris), vos enfants et petits-enfants. Ne pensez pas à la morale. Ne vous laissez pas tuer, tuez-les avant ! Oubliez les conneries bien-pensantes dont on vous a farcis à l’école : la paix, l’humanisme, la démocratie, la tolérance, la coexistence pacifique etc. Dans le monde, on peut vivre seulement avec ceux qui veulent la paix, nous ne pouvons pas être tolérants envers des bandits, les assassins d’enfants ne méritent pas d’être traités avec humanité, la guerre n’est pas un lieu pour la démocratie et la tolérance. » C’est-y pas beau ? Le groupe musical d’opposition Rabfak ricane avec sagacité sur les questions politiques en Russie et, bien sûr, sur les alcooliques russes et les « vatniks » [3], auxquels il faut encore enseigner les valeurs européennes. Leur nouveau tube impressionne par son niveau de réflexion et par sa position politique : « En avant, Israël, n’abandonne pas ! »

Bref: en gros, c’est de la propagande militaire israélienne. Il n’y a rien à ajouter, sinon à critiquer le masque pacifiste et démocratique fort déplacé dans ce contexte. Avec ces gens, tout est clair, et il est peu probable qu’ils puissent encore tromper la populace russe avec les scies sur la démocratie et la tolérance dont ils nous abreuvent. Ils ne sont même pas l’intelligentsia d’hier (soviétique, multiethnique, post-soviétique, mais c’était tout de même l’intelligentsia). Ils se font tout bonnement les agents et les propagandistes de l’adversaire. Et je crois que le peuple russe est beaucoup plus démocrate et tolérant que tous ses Rabfaks et toutes ces Akhedzhakovas. [4]

 

Dégrisement

 

Mais il y a autre chose, d’encore plus important : les Russes ont commencé à regarder les pays occidentaux avec un mépris froid et cynique. Cette humeur se propage massivement, y compris parmi les personnes qui dans d’autres circonstances préféreraient Londres à Moscou et la province italienne à une datcha en région moscovite. L’Occident, peut-être pour la première fois dans l’histoire, est perçu en Russie comme un ramassis de scélérats habiles et perfides, de canailles et de vauriens. On n’avait vu ça ni au temps de l’Empire russe, ni en URSS, où la grossière propagande soviétique contre les « pays capitalistes », souvent éloignée de la réalité, se révélait contreproductive.

L’antiaméricanisme a atteint des sommets, et à juste titre. Premièrement, les porte-parole des États-Unis affichent une stupidité et une dégénérescence qui feraient passer le Politburo de l’époque Brejnev pour un cercle d’aristocrates. Deuxièmement, en se donnant pour mission de porter au monde « la seule vraie doctrine », l’Amérique ne la porte en réalité nulle part. Un peu de sérieux : même guidé par des intérêts purement économiques, l’État doit justifier ses actions. La Russie marchait sur Constantinople parce que cela lui ouvrait le commerce mondial, tout en invoquant la croix sur la basilique de Sainte-Sophie et la protection de la foi orthodoxe. On avait élaboré à cette fin une structure et une idéologie et, en cas de victoire, on aurait certainement revu la croix sur Sainte-Sophie. L’URSS se présentait comme un empire socialiste, et elle a effectivement implanté le socialisme dans beaucoup de pays. L’Amérique en revanche, au lieu de la « démocratie » annoncée, sème sur son passage la dévastation, la guerre civile, le dépeçage des États et le chaos politique. Tout en refusant d’en endosser la responsabilité. Heureusement qu’il y a l’Europe pour tout nettoyer. Afghanistan, Irak, Libye, Yougoslavie... Cela ne se fait pas !
En conséquence de quoi, les Russes ne croient plus que, si la Russie se comporte bien, respecte toutes les règles de la démocratie occidentale, sourit et aime tout le monde en luttant pour la justice et l’humanisme, une place au premier rang du concert des Nations lui sera réservée. Non, on ne l’y attend pas. Les Russes inspirent la peur et la haine, on s’efforce toujours de les calomnier, de les diffamer et de les présenter comme des brutes sanguinaires.


Désensibilisation

 

Et voilà que l’Occidental moyen, pendant sa pause-café du matin, lit distraitement des titres de journaux du genre « Poutine a tué mon fils ! » ou « Les missiles russes détruisent l’humanité ! » Et il ne se soucie absolument pas de la mort d’innocents à Odessa, Lougansk, Slaviansk, Kramatorsk et dans des dizaines d’autres villes de la Nouvelle-Russie [5]. On s’en fout. Ce n’est pas si simple ! Disent-ils Pourquoi s’alarmer ? Bon, il y a eu un raid aérien. Bon, des gens ont étés brûlés vifs. Bon, des villes ont été bombardées. Ce n’est pas à moi d’en juger.

La plus zélée de tous les russophobes est l’Ukraine, qui accuse les Russes de tous les péchés de l’humanité et supplie la communauté internationale de lâcher un tapis de bombes nucléaires sur ces maudits Moscoutaires tout en essayant de bricoler parallèlement ses propres armes nucléaires.

En Russie, le slogan extrémiste « Mort aux traîtres ukrainiens » risque bientôt de ne plus choquer et la chute du Boeing n’est pas loin de laisser indifférent. Un avion est tombé, et alors ? Quelqu’un l’a abattu. Comme l’a dit Makarevitch [6à propos des missiles ukrainiens échoués sur territoire russe, « c’est par négligence ». Formidable alibi passe-partout. Le Boeing aussi, il a été abattu par négligence : fallait pas passer par là. Qui l’a abattu ? On l’ignore. Ce n’est pas intéressant. Occupez-vous de vos problèmes internes. Renversez votre premier ministre ou la reine d’Angleterre. Pourquoi nous harcelez-vous ? Un Boeing est tombé ? Ça arrive ! En passant, combien ils étaient, les passagers australiens, dites-vous ? Vingt-deux ? C’est bien, mais pas assez. En Nouvelle-Russie, on compte beaucoup plus de victimes. Rien qu’à Odessa, il y a eu davantage de morts. Un seul citoyen de votre société australienne démocratique et humaniste a-t-il dit quelque chose à ce sujet ? Non, personne n’a dit quoi que ce soit. Par contre, l’establishment politique a beaucoup parlé des sanctions contre notre pays en criant « Touche pas à l’Ukraine », et cinq minutes après l’accident du Boeing, pour une raison obscure, il a déclaré la Russie responsable. On comprend bien que d’Australie on voit mieux le ciel du Donbass, mais arrêtez l’hystérie : 22 morts, c’est rien du tout! Vous en accoucherez d’autres.

 

Et si cela arrivait près de chez vous ?

 

Où était-ce déjà, me disiez-vous, qu’on pleurait les victimes du crash causé par « l’agression russe » ? Aux Pays-Bas ? Condoléances. Mais on aimerait bien voir à Amsterdam, aux alentours de l’hôtel de ville, ramper une femme avec les deux jambes arrachées suite à un raide aérien des Belges. C’est arrivé à Lougansk sans qu’aucun Hollandais ne s’émeuve. Quoi ? Ça vous choque ? Impossible ? Horreur ? Noon! Pourquoi vous mettre dans tous vos états, les gars? C’est assez normal, c’est le prix à payer pour un développement européen, ne vous inquiétez pas. Ou alors la vieille dame anglaise dans sa confortable banlieue de Londres ne veut-elle pas ramasser les morceaux de son mari après le raid aérien écossais ? Ce serait une expérience très profitable. Pour notre part, nous déclarerons que la vieille dame s’est fait exploser elle-même et vous regarderons hurler. Après quoi, on vous sommera de respecter le code de la route et de ne pas vous laisser aller à l’hystérie antibelge et antiécossaise.

 

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Et quand en Amérique il y aura un prochain Onze-Septembre, personne ne le remarquera.

« Trois mille morts à New York !

- Oui, et alors ? Ça ne nous regarde pas.

- Des avions détournés par les terroristes arabes ont percuté deux gratte-ciel !

- Qu’est-ce que vous me chantez-là ?

- Voici une vidéo !

- C’est un fake. A Hollywood, vous pouvez tourner des milliers de vidéos de ce genre.

- Voici les déclarations des témoins oculaires.

- Bah, des acteurs, des agents de la CIA.

- Il y a les données des radars.

- Ah bon? Moi, je peux vous présenter les révélations de l’hebdomadaire Ricains débiles - 500 000 abonnés ! - montrant avec autorité que les avions ont été détournés par des ploucs du Texas. »

 

En réalité, c’est ce genre de conversation que la « communauté internationale » et les « combattants pour la liberté » proposent aux Russes. Cela fait vingt-trois ans que les Russes essaient de dialoguer avec le monde de façon amicale et raisonnée, mais on leur sert invariablement en retour des mines revêches. On nous rejette dédaigneusement et on nous regarde de travers :

- Je suis Russe.

- Dégage, fasciste russe !

- Je soutiens l’idée que les questions doivent être traitées de façon équitable.

- Dégage, fasciste russe!

- Il faut protéger les Russes en Tchétchénie !

- Dégage, fasciste russe!

- Arrêtez de bombarder Belgrade !

- Dégage, fasciste russe!

- Je suis orthodoxe.

- Dégage, fasciste russe!

- La Crimée et Sébastopol, c’est la Russie, ils nous ont été volés en 1954.

- Dégage, fasciste russe!

- Nous avons la preuve que nous n’avons pas abattu le Boeing, pas plus que les milices populaires de la Nouvelle-Russie.

- Dégage, fasciste russe!

- Arrêtez de bombarder les villages et villes paisibles du Donbass et de brûler les gens à Odessa !

- Dégage, fasciste russe!

Et ainsi de suite à l’infini. Nous écrivions récemment que la meilleure propagande prorusse / antiukrainienne, c’était la simple vérité. Cela est vrai, mais uniquement pour un usage interne. Tous les autres, des Ukrainiens aux Australiens, ne veulent pas entendre la vérité ni écouter les arguments rationnels.

 

La vérité est au bout du fusil

 

Je pense par conséquent que la meilleure arme de propagande dans une telle situation n’est pas la vérité mais une mitrailleuse. Parce que la situation a atteint un stade où celui qui a le fusil détient la vérité. Lorsque la Russie arrêtera de fournir des arguments rationnels pour appuyer sa position, mais inondera le monde d’actualités de ce genre :

 

• « Un groupe de 1500 militaires ukrainiens détruit au nord d’Odessa. La province d’Odessa, libérée des troupes punitives ukrainiennes, se prépare à un référendum sur l’adhésion à la Fédération de Russie »

• « La dernière unité militaire de Poltava passe du côté russe »

• « Le dernier carré des forces antiterroristes de Kherson encerclé. Supériorité absolue des Russes dans l’espace aérien »

• « Prise de Kiev: la capitale de l’Ukraine transférée à Lviv. Un char russe a détruit le monument de l’indépendance de l’Ukraine (voir la vidéo) »

• « Les criminels de guerre Porochenko, Kolomoïsky, Avakov et Iatseniouk ont été arrêtés au cours d’une opération spéciale. Ils ont été accusés de massacre de civils et placés à la prison de Sébastopol, en attendant la cour martiale »

• « A Moscou, des inconnus ont brûlé les bureaux de la radio Échos de Moscou» [7]

• « Le patron d’une usine dans la région de Lipetsk destitué pour avoir soutenu l’opération antiterroriste en Ukraine et pour avoir fait de l’agit-prop parmi des réfugiés. Il sera interné pour la durée des combats. Tous ses biens ont été confisqués par l’État »

• « Tous les officiers et les soldats de la Nouvelle-Russie reçoivent des terres dans les zones nettoyées des séparatistes ukrainiens à Nikolaev, Kherson et Zaporojié. Des prisonniers de guerre ukrainiens seront employés pour la construction des habitations »

• « La moitié des milliards volés par Mikhaïl Prokhorov sera distribuée aux soldats du bataillon « Zaria », qui a brillamment mené l’opération spéciale visant à éliminer l’oligarque »

• « Exercices militaires russes dans l’océan Pacifique »

 

C’est alors seulement qu’on nous écoutera. Il n’y a que cela qui soit en mesure de produire de l’effet sur des gens. Tout le reste est depuis longtemps ridiculisé, rejeté et ignoré. Même après le Traité de Versailles, on n’avait pas vu pareille situation : les Allemands avaient certes été dépouillés, mais pas méprisés à ce point dans le monde entier. Comme on est parti, les créatures issues du Traité de Versailles - Hitler et les SA - paraîtront bientôt des modèles de tolérance.

 

En un sens, le passage au langage de la force est un échec : les Russes sont encore trop démocrates, respectueux et pacifiques. Ils n’ont jamais déclaré qu’ils voulaient tuer quelqu’un (par exemple, la solution la plus populaire a la question caucasienne reste un référendum sur l’indépendance). En outre, la tangente du « national-socialisme » touchera inévitablement les Russes eux-mêmes. Mais dans l’ensemble, ce sera tout à fait logique. On ne nous laisse pas d’autre choix. Voici plus de vingt ans qu’on nous traite de « nazis russes » dirigés par un « Hitler-Putler ».

Ce n’est vraiment pas le cas aujourd’hui. Mais ça le sera bientôt.

 

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[1] Le 2 mai 2014, à Odessa, 46 personnes ont trouvé la mort, enfermées et brûlées vives dans le bâtiment de la Chambre des syndicats d’Odessa, incendié par des ultranationalistes ukrainiens.

[2] Les « patriotes » ukrainiens se réjouissaient de la mort des « séparatistes », les appelant « les barbecues d’Odessa ».

[3] « Veste matelassée », appellation péjorative du paysan russe.

[4] Actrice russe qui a soutenu le coup d’État à Kiev et toutes les actions de l’armée ukrainienne contre les civils du sud-est.

[5] Fédération de deux États indépendants autoproclamés au sud-est de l’Ukraine (la République Populaire de Donetsk et la République Populaire de Lougansk), qui ont refusé l’autorité du gouvernement illégal issu du putsch de Kiev, et qui se battent contre les assauts de l’armée ukrainienne.

[6] Chanteur connu qui a soutenu le coup d’État à Kiev et toutes les actions de l’armée ukrainienne contre les civils du sud-est.

[7] Radio FM très connue, dite « alternative », et qui en réalité représente le plus souvent le point de vue atlantiste. 

 

Source:
http://sputnikipogrom.com/society/16664/you-asked-for-it/
Andreï Nikitine, © sputnikipogrom.com.Traduit par Olessia Tourkevitch.

 

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Via : http://blog.despot.ch/vous-laurez-voulu-par-andrei-nikitine

 

et : http://www.nujna.com/accueil/nouvelles/index.php

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 "L'offensive Russe en Ukraine ... guerre contre l'Europe" !?

Qui, à part les plus abjects pantins aux ordres de la Bête immonde,

pouvait oser une couv' comme celle-ci  !?!

12/09/2014

Igor Strelkov : briefing du 11.09.2014

Un article originellement paru sur l’EXCELLENT blog Gaidéclin, Bertrand du Donbass.

 

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Conférence de presse d'Igor Strelkov

 

Chaine "Constantinople TV", 11 septembre 2014

 

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1ère partie (S/T Fra.)

(N. de K : la plus importante ! En fin de briefing/conférence le colonel Strelkov ne fait que répondre aux questions des journalistes, et elles ne sont pas toujours très… enfin, vous voyez).

 

 

Seconde partie

 

 

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Intrégrale (S/T Ang.)

 

 

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Vidéo en français : Thalie pour Novorossia News 

(Un grand merci à eux pour ce formidable travail !)

Vidéo en Anglais : Kazzura

 

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M.a.j du 17 septembre 2014 :  

Texte de la conférence, via Le Courrier de Russie.

http://www.lecourrierderussie.com/2014/09/igor-strelkov-officier/

 

Il s’est passé un mois exactement depuis que j’ai dû quitter mon poste de ministre de la défense de la RPD [République populaire de Donetsk, ndlr] et de commandant des milices populaires. Je ne peux pas dire que cette décision ait été facile à prendre. Et les circonstances dans lesquelles elle a été prise n’étaient pas simples non plus. Donetsk et tout le groupe des forces armées de la RDP étaient encerclés et repoussaient à grand-peine les attaques incessantes des membres de l’expédition punitive, venant de tous côtés. Et seuls quelques rares individus au sein de la direction de la république savaient que de sérieux changements devaient survenir littéralement quelques jours plus tard, et que l’ennemi se verrait infliger un coup décisif. J’étais au nombre de ceux-là, mais je ne pouvais pas même laisser entendre à mes subordonnés que, rapidement, nous commencerions d’attaquer et de reconquérir les positions prises par l’ennemi.

 

Il fut plus difficile encore d’admettre que ce ne serait déjà plus moi qui dirigerais la libération des villes et villages du Donbass cédés à l’ennemi (notamment sur mes propres ordres). Il était moralement difficile d’abandonner mes camarades à l’heure, disons, « d’avant l’aube », à un moment où la perte de notre cause semblait à beaucoup inévitable. Je ne m’arrêterai pas sur les circonstances qui m’ont contraint au départ. Je dirai seulement que cette décision s’est trouvée justifiée, en ce qu’elle a permis, à la veille de l’attaque, de réunir la direction des forces armées de la RPD en des mains uniques et d’éviter de nombreux conflits, véritables lèpres rongeant la république, ainsi que de garantir à nos sections un ravitaillement fiable et l’accès à tout le nécessaire.

 

Au cours des quelques semaines passées, la situation sur les fronts de Novorossia a changé de façon cardinale. Les punisseurs ont été repoussés sur la plupart des directions, ils ont subi des pertes énormes et sont passés à la défense. Les conditions ont été établies pour une libération totale du territoire du Donbass de l’emprise des troupes punitives et des détachements du pouvoir de Kiev. Sous les coups de la RPD, l’ennemi, montrant les dents, a reculé vers l’ouest, la panique s’est emparée de ses troupes et de sa direction.

 

Mais que s’est-il donc passé ensuite ? Sous nos yeux, ces forces qui, plus tôt déjà, avaient failli faire succomber le « printemps russe » et n’ont pas manqué une tentative, depuis lors, d’anéantir le mouvement de libération populaire du peuple russe du Donbass, se sont de nouveau mêlées de l’affaire. Il n’est pas une bassesse à laquelle ne soient prêtes à s’adonner ces forces qui ont plus d’une fois fait parler d’elles dans l’histoire contemporaine de la Patrie, et sous le jour le plus funeste. Ce sont eux précisément qui, dirigés de l’étranger, ont joué un rôle décisif dans la destruction de l’URSS en 1991 puis, tout au long des années 90, ont bafoué les peuples de Russie en organisant des bacchanales de pillage de l’immense héritage économique et culturel soviétique. Ils ont conduit sur les restes de notre Pays natal des expérimentations libérales monstrueuses en termes de conséquences, sans se soucier le moins du monde des répercussions sur le pays qu’ils ne nommaient (et ils continuent aujourd’hui) qu’en utilisant la méprisante épithète « ce ».

 

Ces bacchanales de débâcle se sont accompagnées de guerres sanguinaires par eux provoquées, d’un déchaînement sauvage de criminalité, d’immoralité, de décadence, d’une propagande de tous les vices les plus abjects que l’on puisse imaginer et de l’anéantissement de l’indépendance économique et de la souveraineté de politique extérieure. Même après avoir échoué dans leurs tentatives d’achever définitivement la Russie dans les années 2000, ces forces n’ont pas disparu – elles ont poursuivi, à couvert, leur œuvre destructrice, dans l’espoir que leur heure viendrait de nouveau et que, leur temps arrivé, elles termineraient le travail commencé.

 

Cependant, quand l’aube du « printemps russe » a brillé à l’horizon, à peine notre pays a-t-il commencé – non en mots, mais réellement – de relever la tête, de tenter de modifier la lecture des bilans de la capitulation gorbatchévienne et de reprendre les droits et territoires qui lui appartenaient depuis des temps immémoriaux, d’atteindre l’indépendance réelle, que la « Cinquième colonne », sans tarder, a mobilisé toutes les forces dont elle dispose.

 

Le retour de la Crimée dans le giron de la Russie non seulement a provoqué chez elle un choc – et le soulèvement de la Novorossia, une véritable panique – mais il l’a aussi contrainte à montrer de nouveau son vrai visage. Les nombreux réseaux d’agents qui s’étaient, de nombreuses années durant et avec succès, affublés de vêtements de « patriotes » et de « gens d’État » et avaient pénétré, sous cette couverture, les échelons supérieurs du pouvoir et même l’entourage du président de Russie, ont été « soulevés par l’alerte » et lancés au combat. Agissant contre les intérêts du pays et du peuple, ces traîtres continuent pourtant d’assurer qu’ils sont les « amis » du président et de faire passer leurs agissements ouvertement subversifs et de sabotage pour les seules mesures à même de renforcer la structure de l’État russe. Mais d’où leur viennent, demanderez-vous, tant d’arrogance et de certitude de leur invulnérabilité ? L’explication est des plus simples : tout ce qui a de la valeur pour les représentants de la « Cinquième colonne » (c’est-à-dire leur argent et autres ressources matérielles ainsi que leurs familles et rejetons) a été depuis très longtemps sorti du pays, et leur protection dépend exclusivement des bonnes grâces de maîtres étrangers.

 

En cinq mois de combat, les Russes de Novorossia ont pleinement ressenti dans leur chair les « fruits » de ce genre d’agissements subversifs. Au moment où une aide militaire russe était vitalement indispensable aux insurgés pratiquement désarmés et quand elle aurait pu conduire pratiquement sans effusion de sang à la libération de toutes les régions russophones, les agents d’influence ont, dans un seul élan, hurlé à l’impossibilité et l’inadmissibilité d’un soutien militaire direct au soulèvement. Les punisseurs ont brûlé vifs les gens à Odessa, mitraillé Slaviansk à l’artillerie lourde et formé en urgence une armée apte au combat, alors que leurs complices, entrés dans la direction de la politique extérieure en Russie, non seulement sabotaient toute aide politique et militaire aux insurgés mais, en accord total avec Porochenko, Tourtchinov, Akhmetov, Tarouta et les autres représentants de l’oligarchie ukrainienne, semaient la scission dans les rangs de la direction des milices populaires, empêchaient la création d’un commandement unifié et, conjuguant leurs forces, tentaient de pousser le président russe dans des pièges par eux tendus.

 

La fermeté et l’abnégation des milices populaires ont empêché les punisseurs d’écraser le soulèvement jusqu’à ce que l’aide réelle en provenance de Russie atteigne finalement ses destinataires. Les milices populaires sont alors passées à l’offensive. Mais là aussi, les félons se sont manifestés pleinement. À l’armée punitive qui se trouvait au bord de la débâcle, ils on tendu la « main de l’aide », organisant une trêve et s’efforçant, au cours des négociations, de « donner » littéralement toutes les conquêtes des insurgés en les remettant au bon vouloir de la junte de Kiev. On ne peut même imaginer d’accords plus honteux que ceux qui sont en ce moment même débattus à Minsk. Et pendant ce temps, Kiev, à la hâte, finit d’équiper et entraîne son armée, se préparant à poursuivre le génocide des Russes de Novorossia. En résultat, nous avons exactement la même situation qu’au tout début du mouvement, seulement avec des positions initiales bien plus difficiles.

 

Si en avril-mai, Kiev n’avait ni d’armée apte au combat ni le soutien de la population, aujourd’hui, en revanche, les punisseurs sont mobilisés et armés « jusqu’aux dents », et la population de l’Ukraine, sous l’influence massive d’une propagande utilisant largement les méthodes de la programmation neurolinguistique, est à un degré significatif « zombifiée » et a cessé de distinguer la vérité du mensonge. Au cours de ces mêmes quelques mois, des paquets de sanctions économiques ont été introduits contre la Russie, on a entendu résonner dans la bouche des officiers supérieurs et hauts diplomates des pays de l’Occident des prétentions – oubliées – relatives à l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et des menaces non dissimulées parviennent également de la part des combattants islamistes sous contrôle de l’Amérique. On se prépare à combattre la Russie longtemps et sérieusement ; l’Occident et la « Cinquième colonne » ne dissimulent pratiquement pas leurs plans de renversement du président Poutine et du total démontage de la Russie qui suivra, et leurs « agents d’influence » persuadent de toutes leurs forces la direction du pays qu’une trêve est non seulement possible, mais la seule chose nécessaire. Le fait qu’en réalité, rien d’autre qu’une capitulation totale ne conviendra aux ennemis de la Russie est soigneusement caché à la société russe et même, je veux bien l’admettre, au président.

 

Ainsi, toutes les possibilités exclusivement favorables dont la Russie disposait au printemps sont restées non réalisées et, à l’inverse, nous nous trouvons aujourd’hui face à une menace militaire qui ne cesse de croître. Et le mérite de la « Cinquième colonne » dans ce résultat est indiscutable.

Comment est-il possible que nos libéraux aient agi de façon si implacable – et peut-être même de façon suicidaire – contre le président et son orientation ? Comment se sont-ils enhardis au point de lancer ce défi à sa personne et à sa politique ? À mon sens, nous avons ici deux facteurs principaux, et le premier est que la « Cinquième colonne » n’a pas d’autre voie possible que la rébellion (encore dissimulée pour l’heure, mais c’est pour l’heure). La « révolution d’en-haut » entamée par Vladimir Vladimirovitch Poutine ne leur laisse pas de chances de survie politique, et les maîtres extérieurs ne les laisseraient pas simplement quitter le pays pour leurs domaines étrangers  « gagnés à la sueur de leur front ».

 

Mais le deuxième facteur est encore plus évident : jouissant de sérieuses positions au sein du pouvoir et de significatives ressources financières, les traîtres ont l’intention de prendre eux-mêmes le pouvoir et de poursuivre avec ivresse, à une nouvelle étape, le processus de découpe des restes de ce qui fut un temps un grand pays et de « recyclage » des peuples qui l’habitent. Mais pour la réalisation de ce dessein, il leur reste encore beaucoup à accomplir. Et, en premier lieu, priver le président Poutine du très large soutien populaire que lui ont valu ses choix de politique extérieure et intérieure des dernières années.

 

Et que peut-il y avoir de plus avantageux, dans ce plan, que de « larguer » les Russes de Novorossia en en faisant, par la suite, porter l’entière responsabilité sur le président personnellement ? Parce que les représentants de la « Cinquième colonne », eux, tels des hyènes, se tiennent soigneusement dans son ombre, évitant toute publicité.

 

La voie qu’envisagent déjà nos ennemis est pour nous absolument et précisément claire. Faire traîner au maximum la guerre, accompagnée de victimes et de privations maximales pour la population russe des deux côtés de la frontière – voici leur mission. Priver les milices populaires de la possibilité même de vaincre, créer aux frontières de la Russie une plaie de plus en plus sanguinolente où le pays, goutte à goutte, va verser ses ressources et où, par la politique du « un pas en avant – deux pas en arrière », aucun succès décisif ne sera jamais obtenu.

 

Dans le même temps, la Fédération de Russie sera soumise à un fardeau de plus en plus lourd, constitué par les centaines de milliers d’abord, puis de millions de réfugiés, alors que les sanctions de l’Occident mineront peu à peu la santé financière et économique du pays – d’autant que les oligarques grossiers et parvenus s’efforceront d’en rejeter le coût précisément sur de larges couches de la population. En résultat, les félons espèrent mener la situation jusqu’à la conclusion de la paix la plus honteuse et la plus humiliante, accompagnée de la trahison de la population russe d’Ukraine, pour provoquer une vague d’indignation en Russie même. Et ensuite – en totale conformité avec des technologies élaborées déjà au début du XXème siècle –, un « Maïdan » moscovite, où se rejoindront dans une prétendue « juste colère » droite et gauche, patriotes et libéraux. Le scénario approuvé des années 1905 et 1917, selon le schéma « défaite honteuse-crise économique-discréditation du pouvoir-coup d’État de palais », est de nouveau en marche.

 

En lien avec cela, la défense de la Novorossia et le soutien à sa population sont d’une importance critique pour la conservation de la Grande Russie elle-même, pour contrer les plans de la « Cinquième colonne ». Si nous parvenons à emporter la victoire là-bas – nous conserverons la Russie. Perdons – et nous perdrons en conséquence les restes de la Patrie. Dans ce combat, il ne peut plus y avoir de compromis, et celui qui affirme le contraire, consciemment ou non, verse de l’eau au moulin de l’ennemi. « Soit-soit » – soit la Russie rétablit sa souveraineté réelle dans sa pleine mesure, soit elle sera détruite par la coalition des clans oligarchiques extérieurs et intérieurs.

 

En évaluant ma propre place dans le combat contre les plans des forces subversives, je veux dire que j’ai fait mon choix. Le principal front de lutte pour la Russie, aujourd’hui, se tient ici-même. J’espère que précisément en Russie, je pourrai apporter la plus grande utilité. En outre, je souligne encore une fois que ceux qui espéraient ou espèrent se servir de moi ou de mon nom à des fins destructrices devront être fortement déçus. Quelque critique que je puisse être à l’égard de beaucoup de décisions de politique intérieures actuelles et passées du président russe, je considère totalement nécessaire, dans les conditions de la guerre qui a été déclenchée contre nous, de le soutenir inconditionnellement dans mes actes, en sa qualité d’unique commandant en chef légitime, de premier garant de la liberté et de l’indépendance du pays. À mon sens, défendre réellement la Novorossia soumise à un génocide nazi passe en premier lieu par le dévoilement et l’écartement des affaires de ceux qui prétendent lui « vouloir du bien », ceux-là qui nous ont conduits au bord de la défaite militaire.

 

Quant à ceux qui se sont soigneusement appliqués à modeler dans les médias une image du « colonel Strelkov – leader de la protestation populaire », je déclare : qu’ils ne songent même pas à tenter de m’acheter au moyen de fausses louanges et promesses. L’essence du devoir d’un officier est de servir son pays et son peuple. Échanger un service souvent ingrat, mais loyal, contre une gloire et une popularité mensongères pour complaire à l’ennemi de la Patrie constitue, pour moi, le déshonneur suprême. Qu’ils comprennent, à la fin des fins, qu’il y a encore en Russie des gens (et je ne parle pas que de moi) qui placent le Devoir et la probité au-dessus du profit personnel et de la vanité. Et de ces gens, comme l’ont montré les événements de Novorossia, il y en a encore beaucoup ! Et nous ne laisserons pas de nouveau déchirer et saccager la Russie de la même façon que l’on a anéanti, en 1917, l’Empire de Russie et, en 1991 – l’URSS.

 

Igor Strelkov

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11/09/2014

Novorussie : 2 visions différentes, concernant le cessez-le-feu.

Novorussie :

2 visions différentes, concernant le cessez-le-feu.  

 

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1. Alexandre Douguine

 

Poutine, Strelkov et la sixième colonne


Igor Strelkov est vivant et en bonne santé. Il a été forcé de quitter la République Populaire de Donetsk et les charges qu'il y occupait. En tant qu'homme fidèle au seul Monde Russe, il ne pouvait accepter de jouer selon les règles dictées par le parti qui veut liquider la Novorossia et qui a commencé à reprendre l'initiative à Moscou à la mi-mai. Strelkov était devenu un danger mortel pour la « sixième colonne ». Au moyen de basses intrigues, cette dernière parvint à convaincre la direction russe de rappeler Strelkov. 


Dès le début du conflit, j'ai pronostiqué une lutte cruelle entre les patriotes et la sixième colonne au sujet de la bataille pour la Novorossia. Sourkov, de retour au pouvoir incarnait le personnage opposé à Strelkov. Il incarnait le clan oligarque, les réseaux d'influence, la bourgeoisie compradore et les restes ratés de la famille Eltsine, c'est-à-dire le pôle du parti de la liquidation.


Mais Strelkov n'allait pas partir dans n'importe quelles circonstances, si ce n'était un ultimatum : tu sors de la République Populaire de Donetsk, et on fournit une aide suffisante pour créer un revirement des forces sur le terrain. Strelkov est devenu le nom du Printemps Russe, une figure du mythe russe. Si l'aide lui avait été fournie, il aurait pris la tête de la Grande Offensive, et le réveil populaire aurait été irréversible, non seulement en Novorossia, mais en Russie même. Avons-nous bien accordé attention au revirement, au sens militaire, à la fin juillet, à peu près au moment du départ de Strelkov ? Avons nous bien compris la déclaration de Zakharchenko au sujet du renforcement de 1200 hommes ? Nous souvenons-nous du moment où les médias de la junte ont commencé à glapir au sujet des « soldats russes » ? Quand donc fut rompu le siège de Donetsk et de Lougansk et commença la marche vers Marioupol ? 


De sombres intrigues politiques se nouaient, en parallèle aux succès militaires. A Moscou, d'un côté, on se chargeait de l'aide concrète ; d'un autre on s'occupait de technologie politique. Les récits des uns et des autres diffèrent. Le départ de Strelkov priva la RPD d'un centre politico-militaire. Alors débutèrent les processus destructifs dans la direction des deux républiques du Donbass. Le parti de la liquidation se vit face à un système plus malléable. S'en suivirent des déclarations contradictoires, du type de celles de Minsk, et puis vinrent les démarches très ambiguës d'Antioufeev, qui contribuèrent à ce que commencent à s'effondrer les forces qui était à la source même de la RPD. 

 

Là où se trouve Sourkov, là sévissent le mensonge, l'intrigue, la vilenie, le gâchis, le simulacre, les manigances de Kourganine, et l'échec. Dans un tel milieu, semblable à l'acide sulfurique, un personnage héroïque tel Strelkov ne peut subsister. 


Mais il ne faut pas accuser Sourkov seulement. Il est intégré au réseau ramifié de l'oligarchie pro-américaine de la Russie des années '90, oligarchie réformatrice libérale et s'appuyant sur des réseaux d'influence. Il a des alliés à tous les étages du pouvoir russe, depuis l'administration présidentielle jusqu'au sein du gouvernement. De telles coteries existent chez les militaires et dans les services spéciaux. A la fin des années '80 et pendant les années '90, c'est à peine si on n'encourageait pas la collaboration de nos services spéciaux avec ceux des Américains et des Européens. Pendant longtemps, Primakov, partisan de Gorbachev et de la perestroïka, a dirigé le Service des Renseignements Extérieurs et a promu plus d'un personnage douteux dans les hautes sphères du pouvoir.

 

Après la Crimée, tout ce réseau a été mis sur le pied de guerre. Une série de personnes (très) proches de Poutine sont intervenues directement et ouvertement contre son attitude décidée envers l'Ukraine et envers la Crimée. Mais lorsque commença l'insurrection en Novorossia, la sixième colonne s'insurgea véritablement contre Poutine. Jusqu'ici, il s'agit d'une insurrection matérielle, d'un sabotage actif. Mais les agents de la sixième colonne, stimulés par l'Occident vont clairement passer à une nouvelle étape, et pousseront les choses jusqu'à susciter un maïdan russe. Dans de telles circonstances, le patriote Igor Strelkov, fidèle à Poutine et incarnant l'éveil populaire, ne pouvait être qu'une pierre d'achoppement. Voilà la raison de son péremptoire rappel hors de la RPD. Pour Strelkov, une aide à la RPD, suffisante pour créer un revirement militaire, c'est fondamental, et Poutine , c'est le chef suprême. Voilà les deux motifs de son départ. L'aide est arrivée, de même que l'ordre de partir. Mais pour autant que je comprenne, il n'est pas résigné à demeurer inactif et veut poursuivre son combat pour la Russie et le Monde Russe, combat entamé il y a longtemps, mené sur les fronts de Bosnie, de Transnistrie, de Tchétchénie, de Crimée et du Donbass, de même qu'au sein du FSB de la République de Russie, où il a servi 16 ans en tant que colonel. 


Il y en a qui servent sous l'effet de la peur. D'autres sont mus par leur conscience. Strelkov sert en conscience, une conscience combative. Il sert la Russie en tant qu'Idée, en tant qu'Histoire, en tant que Peuple, en tant qu'Empire. 


Depuis son départ, on observe deux tendances en Novorossia : 


1. l'arrivée de l'aide en contrepartie de son départ (le début de l'offensive). 


2. le parti des liquidateurs se conduit en Novorossia comme chez lui, ne rencontrant plus l'opposition de l'inflexible patriote Strelkov et des révolutionnaires de la première vague, qui s'appuyaient sur lui. 


Voilà les circonstances dans lesquelles les négociations de paix furent entamées. Porochenko est hanté par l'effroi face à l'effondrement de son opération militaire et à un quasi effondrement. Mais le parti russe des liquidateurs, en échange de la promesse de levée des sanctions, ou encore du retrait d'une nouvelle série de celles-ci, accourt à l'aide de la junte, acculée au bord du gouffre par les succès militaires de la Novorossia. En Finlande des oiseaux de la nichée de Primakov ont mené des entretiens secrets avec le Council of Foreign Relations, tentant de concrétiser le lâchage de la Novorossia. Il s'agit, fondamentalement, du sabotage des décisions patriotiques de Poutine. 


En Russie même, les réseaux libéraux ont repris la chasse aux patriotes. Ceux-ci sont démonisés, noircis, calomniés, salis, accusés de « fascisme » et de tous les péchés mortels. Bien entendu, Igor Strelkov est une des cibles principales. 


Nous entrons dans une période extrêmement difficile, la sixième colonne liquide la Novorossia, mais elle prépare aussi le renversement de Poutine. Bien sûr, il est fort et décidé. Mais l'élite russe formée dans les années '80 et '90 consiste presqu'exclusivement en libéraux, en partisans de l'Occident et fondamentalement en traîtres à la cause nationale. Ce milieu corrompu a transformé, lavé, et corrompu jusqu'aux militaires et forces de sécurité arrivés au pouvoir avec Poutine. Comment ? On le constate avec l'exemple de la Novorossia : on fait entrer dans l'affaire des technologues de la politique, les intrigues démarrent, et puis les affrontements, la corruption, la tromperie, et la liquidation. 


Si on laisse échapper la Novorossia, on perdra la Crimée, quelles qu'aient pu être les promesses que nous aurait faites l'Occident à travers ses réseaux d'influence. Et surtout : nous laisserons échapper l'Idée Russe, trompant les attentes du peuple russe qui commence à s'éveiller, à s'unir et retrouver confiance en lui-même. On en reviendra à un point critique, semblable à celui de la Période des Troubles (au début du 17e siècle), à celui des révoltes en 1917. Et de nouveau, comme si souvent au cours de l'histoire russe, le Guide est arraché et isolé du peuple, et entouré d'une élite traîtresse qui le hait et hait le peuple et joue lâchement à les opposer.


Toutes les conversations concernant un « plan astucieux » ne sont que rêveries naïves. Aujourd'hui, la situation est très difficile pour Poutine. Il n' a pu se décider à miser sur le peuple et à mener jusqu'à la victoire (si proche!) la guerre dans laquelle l'Occident l'a fait entrer. Mais son élite (la sixième colonne), l'a trompé ouvertement. Derrière leur dévouement personnel se cache le réseau d'influence, au service du seul capital, ceux qui espionnent Poutine. Dans la Bible, il est écrit : « Là où est ton trésor, là est ton cœur ». Leur trésor se trouve dans les banques étrangères et offshore, leurs familles et leurs villas sont en Occident. C'est pourquoi leur loyauté est mensongère et intéressée. Ils servent un autre dieu : mammon, leviathan. Dans les situations critiques, seul le peuple peut être un soutien réel pour le Guide, le peuple et son avant-garde patriotique. Le nom de cette avant-garde est Igor Strelkov. 


Nous n'avons pas besoin d'un cessez-le-feu. Nous avons besoin de la libération de toute la Novorossia. Nous avons besoin qu'il soit mis un terme au déchaînement de la junte. Il est fini, le temps du faux patriotisme sur commande, dans l'esprit du Seliger et des « nachis ». Nous avons besoin d'une réelle révolution conservatrice, et si elle vient d'en haut, elle ne sera que molle et apprêtée.


Alexandre Douguine, le 06 septembre 2014.


(Trad. SP-BDD) /
Source

Via : Gaidéclin / Bertrand du Donbass

> http://gaideclin.blogspot.fr/2014/09/poutine-strelkov-et-la-sixieme-colonne.html

 

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 Alexandre Douguine

 

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2. Yuri Baranchik

 

Reddition ou victoire ?

 

Alors, que s’est-il passé à Minsk ? Était-ce une reddition ou une victoire ? C’est le genre de question que se pose non seulement le citoyen lambda de notre immense territoire, mais malheureusement aussi une importante partie de la communauté des experts. Il n’y a pas de réponse simple à cette question à propos des sommets de l’Union européenne (UE) et de l’Otan les 4 et 5 septembre à Newport, au Pays de Galles, sans que l’on tienne compte de la réunion de Bruxelles la semaine d’avant.

 

La Russie a remporté une victoire politique à Bruxelles : l’Union européenne (l’Allemagne et les pays de la vieille Europe)a refusé d’imposer de nouvelles sanctions contre la Russie en dépit des pressions des États-Unis et de leurs loyaux États vassaux (la Grande-Bretagne, la Pologne, les États baltes et l’Ukraine). L’Union européenne, à la veille de l’hiver, a choisi de ne pas aggraver le conflit avec la Russie. De surcroît l’UE a même suggéré une issue au problème de « South Stream » en le retirant des sanctions du Troisième paquet énergétique : à savoir, d’appliquer les mêmes règles que celles s’appliquant aux projets offshore de l’UE ; comme par exemple en Bulgarie, permettre à Gazprom de les acheter et de les connecter à « South Stream ».

 

Malgré les nombreuses intimidations et menaces venant des caniches des étasuniens à la veille du sommet des pays membres de l’Otan (comme nous l’avons discuté en détail dans l’article « Le sort de la Novorussie : les États-Unis font monter les enjeux », à savoir :

 

a) une menace de déploiement d’un système européen de défense antimissile contre la Russie ;

 

b) la création de cinq bases de l’Otan en Pologne, en Roumanie et dans les pays baltes ;

 

c) la rupture des termes de l’acte fondateur « Russie – Otan »),

le sommet s’est conclu seulement par une déclaration officielle, reflétant l’opinion de l’alliance Atlantique nord à propos des événements en cours sur le territoire d’une Ukraine en voie de désintégration.

 

Comme il était à prévoir, l’Otan a condamné l’invasion militaire russe de l’Ukraine, invité la Russie à retirer ses forces armées, à mettre un terme à son assistance aux milices et à n’intervenir en Ukraine sous aucun prétexte. Il n’était question de rien d’autre : rien sur la violation des termes de l’acte fondateur « Russie – Otan », rien sur le déploiement de la défense antimissile européenne de l’Otan ou sur les bases dans les cinq pays mentionnés ci-dessus. Selon Rasmussen, il a pris en considération (on ne peut pas dire mieux) le désir des Polonais, des Baltes et des Roumains de placer des « points de transit » de l’Otan sur leur territoire.

 

Qu’est-ce que cela nous dit ? L’Union européenne, en dépit de toutes les menaces, des cris des États-Unis et du « franc parler » de leurs complaisants caniches, n’est pas prête à aller au-delà du niveau actuel de confrontation avec la Russie. L’Allemagne et les pays, non seulement de la vieille Europe (la Grèce, l’Italie), mais aussi ceux de la nouvelle Europe (la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie) se sont opposés à l’exacerbation de la rhétorique antirusse, à la mise en place de nouvelles sanctions, et en particulier, à l’inclusion de mécanismes et d’instruments de pression par l’OTAN.

 

En outre, les récents sommets à Bruxelles et à Newport ont montré que l’Europe souhaite mettre fin aussi rapidement que possible à l’actuelle tension dans ses relations avec la Russie, et revenir au niveau de coopération précédent, en dépit – je tiens à le souligner – des événements actuels en Ukraine. En fait, l’Europe est d’accord avec le retour à la Russie des territoires historiques (la Crimée et les régions de l’Ukraine qui lui avaient été données par les bolcheviks) en échange d’un approvisionnement ininterrompu de gaz et du maintien d’un commerce mutuellement bénéfique dans une relation de coopération économique.

 

La raison en est que l’Europe n’est pas du tout emballée par la forme de l’État ukrainien issu de la révolution de février. Ce régime dangereux, source d’instabilité, doit prendre fin. De la façon manière à laquelle il a été fait allusion aux pourparlers de Minsk, avant le début de l’hiver.

Par conséquent, la réalisation de l’accord de cessez-le entre la junte et les représentants de la Novorussie à Minsk est une victoire majeure pour la Russie, car elle a déjoué la tentative des États-Unis de briser les relations entre la Russie et l’Europe, et de cette manière fourni les arguments nécessaires pour rejeter et bloquer, aussi bien à Bruxelles qu’à Newport, les décisions que les États-Unis étaient prêts à lancer contre la Russie. C’est aujourd’hui, une grande victoire commune pour la Russie et l’UE.

 

Revenons maintenant à la Novorussie, qui souffre depuis longtemps. Beaucoup, même des experts aussi éminents que Boris Rozhin, considèrent que ce qui s’est passé était une trahison à l’égard de la Novorussie. Voyons cela plus en détail. Tout d’abord, il est apparent que Porochenko et la junte ne respecteront pas les termes de la trêve – les bombardements de Donetsk, de Lougansk et de Gorlovka ainsi que les combats dans le district de Marioupol, continuent de la part des troupes de la junte. Par conséquent, les mains des forces de la résistance ne sont désormais plus liées.

 

Deuxièmement, si les attaques des troupes de la junte s’arrêtaient et si le processus de paix et les ennuyeuses négociations reprenaient, sur quoi les habitants de l’Ukraine, maintenant sous l’autorité d’une junte fasciste néo-banderite, reporteraient-ils principalement leur attention ? Justement, leur attention se reporterait sur les problèmes internes : les prix de la nourriture, de l’essence, l’inflation, le chômage, la chute du taux de change de la hryvnia, le gangstérisme etc. Porochenko se donnera l’air de prendre des décisions parce qu’il a besoin de gagner les élections législatives.

 

Que feront les Kolomoïski, les Lyashko, les bataillons de la garde nationale et tous ceux qui ont intérêt à attiser les feux de la guerre ? Que sont-ils censés faire ? Il n’y a rien qu’ils puissent faire dans de telles circonstances. En conséquence, les tensions au sein de la junte s’aggraveront. Même si la Russie et l’Allemagne arrivent à empêcher Porochenko d’utiliser la force dans l’est, tôt ou tard, l’abcès interne à la junte éclatera.

 

Concernant la « nouvelle Transnistrie ». Le fait est que le phénomène de la Transnistrie n’en est devenu un qu’en raison de l’absence d’une frontière commune avec la Russie. Il n’y a aucune autre raison, ce qui n’a pas été le cas avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Oui, techniquement, ce sont tous des États non reconnus. Mais en réalité, et je le souligne, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, à la différence de la Transnistrie, sont sous la protection de l’armée russe, et nulle personne de bon sens n’oserait y mettre son nez.

 

Par conséquent, en ce qui concerne la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lugansk, le scénario d’une « nouvelle Transnistrie » est hors de question – la frontière commune avec la Russie exclut un tel scénario. Oui, ces régions auraient un statut incertain pour un certain temps. Toutefois, après l’éclatement de l’abcès à Kiev ou un autre scénario, les deux régions de Novorussie seront rejointes par les cinq autres qui avaient été remises à l’Ukraine par les Bolcheviks. Et ce sera la fin de l’Ukraine dans sa forme actuelle.

 

En conclusion, sur la question principale: Pourquoi la Russie aurait-elle choisi de ne pas accélérer le cours des événements en Novorussie ? La première raison a déjà été évoquée: Il était nécessaire de donner à l’Allemagne et à l’Europe les arguments requis pour ne pas laisser les États-Unis réussir à mettre en œuvre leurs propositions lors des sommets de Bruxelles et Newport.

 

Deuxièmement, il est nécessaire pour l’Europe de s’assurer un hiver calme et de ne pas laisser geler les pays d’Europe orientale qui dépendent des livraisons de gaz provenant de l’Ukraine. Parce que si le chaos s’installe sur le territoire de l’ouest de l’Ukraine et que les gazoducs commencent à sauter, l’Europe de l’Est gèlera, et les États-Unis auront alors de très solides arguments pour faire pression sur l’UE, ce qui affectera négativement la position de la Russie dans cette crise.

 

Par conséquent, une des questions les plus importantes pour l’Europe est l’approvisionnement ininterrompu de gaz pendant l’hiver. C’est une raison suffisante en elle seule pour l’accord de cessez-le-feu, sans parler du bien-être des habitants pacifiques de Novorussie.

 

Au demeurant, un hiver passé à avoir froid et à être affamé se chargera de ramener à la raison les Ukrainiens qui sont pour le moment sous le contrôle de la junte. Junte qui sera de toute façon éjectée après l’hiver.

 

Troisièmement, la capture rapide des sept régions de Novorussie donnerait aux États-Unis un prétexte pour ériger un nouveau rideau de fer. Non pas quelque part en Allemagne, mais juste à la frontière avec la Russie et sous la forme de ces fameuses bases de l’Otan dans les États baltes, la Pologne et la Roumanie. En même temps, nous perdrions de manière permanente le reste de l’Ukraine, ce qui est inacceptable. Voilà pourquoi tout partage immédiat de l’Ukraine nous donnerait une victoire tactique limitée, nous permettant seulement de nous vanter « d’avoir tant capturé et si rapidement ». Alors que du point de vue stratégique et à long terme, une telle situation serait en fin de compte une défaite, parce que nous perdrions le reste de l’Ukraine, et que de surcroît cela permettrait aux États-Unis de prendre pleinement et entièrement le contrôle de l’Europe.

 

* * *

 

Voilà pourquoi nous avons besoin de toute l’Ukraine, une Ukraine qui, comme la Biélorussie, sera amicale avec la Russie et rejoindra (à l’exception peut-être des trois régions de l’Ukraine occidentale) l’Union économique eurasienne. Ensemble, nous formerons une zone de commerce avec l’UE qui unira l’ensemble du continent eurasiatique, de la France et de la Hollande à la Chine, l’Iran et l’Inde, en une seule zone économique et commerciale.

 

Yuri Baranchik / 10 septembre 2014 / The French Saker

 

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http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/10/novorussie-reddition-victoire/

Traduit par Alexandre Moumbaris pour vineyardsaker.fr

Corrigé par Marie José Moumbaris

Source : Novorussia – Surrender or victory? (vineyardsaker, anglais, 08-09-2014)

 

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Voir aussi : http://www.strategic-culture.org/authors/yuri-baranchik.html

 

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Drapeau de l'Union Eurasiatique 

05/09/2014

Giulietto Chiesa sur l'Ukraine : la désinformation est totale

http://www.voltairenet.org/article185189.html